« Sometimes I'm not so sure just who I am either. »
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La vérité est une illusion et l'illusion est une vérité. || Chiyo
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La vérité est une illusion et l'illusion est une vérité. || Chiyo
Chiyo
Messages : 26
Date d'inscription : 07/03/2021
Feat : Shuten-douji [Fate/Grand Order]
Féminin
Lieu d'habitation : Arbre du Monde
Métier/Etudes : Cheffe des Oni + Gérante d'un bar à hôtesses
Chiyo
Admin ▬ Cheffe des Oni + Gérante d'un bar à hôtesses



Dim 7 Mar 2021 - 23:00
La vérité est une illusion et l'illusion est une vérité. || Chiyo 3a5r

Chiyo


Identité

Nom : Otsuka [Utilisé uniquement dans le monde des Humains]
Prénom : Chiyo
Surnom : L'enfant des Dragons - Chydyssoltavnema - L'enfant souriant - La maîtresse des flammes - La Mère - Diable rouge - Démon Ensanglanté - L'Oni vengeur - ...

Sexe : Féminin
Age physique : 14/15 ans
Age réel : 10 104 ans
Race : Oni
Groupe : Être Surnaturel

Nationalité : Japonaise
Origines : Sang pur – Parents Oni & Incube
Métier/Etudes : Chef des Oni - Gérante d'un bar à hôtesses dans le monde des Humains
Situation financière : Aisée
Autres : Ici [Si vous voulez ajouter autre chose]

Feat : Shuten-douji de Fate/Grand Order

Physique

La vérité est une illusion et l'illusion est une vérité. || Chiyo 1ah1
Du haut de ton mètre cinquante, on dirait une enfant. Ta peau au teint pâle, telle de la porcelaine, et tes cheveux violets coupés au carré et accompagnés d'une frange, te donnent un air encore plus enfantin.

Et pourtant, personne ne te traite d'enfant. Tes yeux violet clair, éclairés par ton maquillage rouge sang, dissuadent quinconce de tenter le coup. Après tout, tu as l'habitude de toiser les autres d'un regard à la fois fourbe et insensible. Et encore, s'il n'y avait que tes yeux, certains seraient assez courageux pour te faire la remarque, mais malheureusement, il y a d'autres éléments qui viennent s'ajouter au tableau...

En plus de ton regard à glacer le sang, ton visage est souvent orné d'un magnifique sourire carnassier. Il est alors facile de voir tes longs et tranchants crocs dépasser, comme si tu étais prête à dévorer ceux qui t'adressent la parole. Évidemment, la chair n'étant pas assez bonne, tu ne le ferais pas. Mais peu importe, cela effraie les autres et tu en es amusée.

Ce qui t'amuse également, c'est de voir les surnaturels fixer tes longues cornes qui trônent sur ta tête. Les bouts de tes deux appendices sont d'un magnifique rouge sang et tu peux sans peine imager les pensées des personnes qui regardent tes cornes. "Est-ce vraiment du sang ?" Tu trouves ça mignon... À en croquer...

Les Humains, eux, t'imagent comme une créature à l'allure enfantine qui porterait sur son front, entre ses deux cornes, un ornement doré doté d’une magnifique pierre précieuse bleue-verte. Selon les légendes, ce bijou est ce qui permettrait de te reconnaître parmi les Humains. Parce qu’après tout, selon ces dits contes, tu serais dotée de pouvoir de transformation.

Et il est vrai que tu possèdes un tel bijou, mais tu ne le portes que dans le monde des surnaturels. Dans le monde humain, tu apparais comme une adolescente en pleine rébellion. Ton visage et ton corps restent inchangés en dehors de la disparition de tes caractères surnaturels. Piercings, boucles d'oreilles et accessoires en tout genre ornent des oreilles arrondies et le reste de ton corps. Tu adores porter des vêtements que les dames âgées trouvent provocateurs. Tu n'aimes pas porter de vêtements, cela t’alourdit et te compresse.

Il faut dire que dans l'Arbre, tu n'es pas loin d'être nue... Ta tenue se compose d'un étrange tissu noir qui couvre tes caractères féminins et d'un long kimono violet et rouge que tu laisses, cependant, ouvert. Chez les surnaturels, la nudité n'est pas quelque chose de tabou. Par ailleurs, à tes chevilles, tu portes de grands nœuds de papillon rouges et finalement, tu n'oublies jamais de mettre au niveau de ton front, ton magnifique bijou doré.
 

Caractère


On dit qu’un louveteau devient toujours un loup, qu’il soit élevé parmi les hommes ou non. Chiyo est une louve élevée par les hommes. Pourtant, ils n’ont pas su la dompter.

La jeune femme est une personne fière. Elle a confiance en elle et en ses capacités. L’Oni sait ce qu’elle vaut et ne s’abaissera jamais au niveau de quelqu’un d’autre. Elle préféra mourir plutôt que de devoir faire des courbettes.

La violette est une combattante. Patiente et persévérante, elle se battra aussi longtemps qu’il le faudra pour remporter la victoire. Le mot « défaite » ne fait pas parti de son vocabulaire. Depuis son enfance, Chiyo n’a jamais rien perdu. Son incroyable intelligence, mélangée a son sens inouï de l’observation et son esprit malicieux, on fait que la jeune femme n’a jamais connu la défaite. C’est une grande calculatrice qui possède un grand esprit prévoyant. Ses actions sont toujours calculées. La violette n’enverra jamais ses hommes se battre sans avoir pesé le pour et le contre.

C’est d’ailleurs pour cela que les surnaturels disent que Chiyo est une manipulatrice. S’il n’y avait que ça, la demoiselle ne ferait pas si peur. Cependant, la violette est également une personne fourbe et vicieuse. On dit qu’elle est une personne cruelle et sans pitié avec ses ennemis, prenant plaisir à les voir souffrir. L’Oni est une personne sadique et machiavélique. Étant extrêmement rancunière, elle se montre glaciale face à ses ennemis et n’éprouve pas le moindre remord à les massacrer.

Et si Chiyo apparaît comme une personne mauvaise, ce n’est pas totalement vrai. La jeune femme est surtout extrêmement loyale. Elle fera n’importe quoi pour aider ses amis, même si cela implique un bain de sang. Pour autant, il ne faut pas croire qu’elle sera prête à se sacrifier pour quelqu’un d’autre. Si quelqu’un commet un acte impardonnable, elle ne prendra pas sa place pour le sauver. Chiyo n’est pas une idéaliste. Elle sait que se sacrifier pour sauver les autres ne rendra pas le monde meilleur.

Ainsi, aussi amicale et à l’écoute qu’elle peut être envers vous, la violette ne sera pas votre bon samaritain. Au contraire même. Chiyo est une personne assez cynique. Elle n’a pas peur de dire ce qu’elle pense et de faire des choses que certains trouvent choquantes. On la trouve alors culottée ou au contraire, courageuse.

Mais peu importe ce que vous direz d’elle, la demoiselle se contentera de vous sourire, détendue. Chiyo n’est pas du genre à s’énerver pour un rien. Calme, méticuleuse et automne, la violette apparaît plutôt comme une personne énigmatique. Mais cette aura de mystère possède un certain charme, conférant ainsi à l’Oni une élégance qui lui est propre.

Il ne faut pas se fier à cette grâce apparente. Chiyo n’est pas quelqu’un de fragile. Ambitieuse, audacieuse et terriblement efficace, la jeune femme est quelqu’un d’influent. Il ne lui a fallu que peu de temps pour asseoir son autorité parmi les Oni. Pour autant, la violette n’est pas une despote. Bienveillante envers le peuple de son espèce et coopérative avec les autres races quand il le faut, la demoiselle est une bonne dirigeante.

Et cela fait presque oublier que derrière, Chiyo est une exploratrice un peu trop curieuse. Elle aime se cultiver et apprendre de nouveaux choses, oubliant parfois ses limites. Mais pour compenser, la violette possède une chance incroyable, qui ne va d’ailleurs pas avec sa grande possessivité. Elle déteste devoir partager ce qu’elle trouve.



Histoire

D’aussi loin que Chiyo se souvienne, elle a toujours été avec son oncle et sa tante. Ils étaient calmes et patients avec elle, peu importe le nombre de bêtises qu’elle faisait. Et des bêtises, la jeune demoiselle en a fait…

Lorsqu’elle avait 3 ans, la violette a été retrouvée en train de jouer avec les sculptures et autres objets sacrés dans le bâtiment central du village. Cela n’avait pas beaucoup plu aux villageois, mais la petite ne comprenait pas. Ils étaient là, à la portée de tous. Pourquoi ne devait-elle pas y toucher ? Son oncle s’était excusé et depuis, Chiyo n’avait plus le droit d’aller dans le bâtiment central.

Alors qu’elle avait 5 ans, Chiyo a presque failli mourir à cause d’un groupe animaux sauvages. Malgré les interdictions de son oncle, l’enfant avait suivi le groupe de chasseurs. Malgré son jeune âge, elle n’avait pas de mal à suivre les adultes. Chiyo avait d’excellentes capacités physiques, certains disaient même qu’elles étaient inhumaines. Quoi qu’il en soit, alors qu’elle suivait la piste des chasseurs, la petite fille s’est retrouvée nez à nez avec une meute de loup. La violette crut qu’elle allait mourir en voyant l’un des canidés bondir sur elle, mais heureusement, les chasseurs n’étaient pas loin.

Les villageois commencèrent à parler à voix basse. La petite Chiyo était bien malchanceuse. Était-elle née sous une mauvaise étoile ? On l’avait abandonnée à la naissance, elle n’avait pas peur du courroux des Dieux et des anciens et aujourd’hui, elle venait d’échapper de justesse à la mort… Cela faisait beaucoup pour une enfant de 5 ans.

Après avoir réfléchi, l’oncle de Chiyo décida de lui interdire toutes sorties en dehors du village. La violette ne comprit pas, mais ne contesta pas le choix de son oncle. Ce qu’il disait était presque toujours des choses vraies alors il devait avoir raison de lui interdire l’extérieur.

Chiyo resta donc à l’intérieur du village pendant les années qui suivirent. Elle sculptait, elle faisait de la poterie et elle polissait même la pierre. Mais malgré tout, elle s’ennuyait… Elle avait maintenant 14 ans. Cela faisait 9 ans qu’elle n’était pas sortie. Cependant, son oncle vieillissait et il avait de plus en plus de mal à la chasse. Chiyo était grande à présent, elle pouvait l’aider.

Étant persuadée qu’elle pouvait aider son oncle, la petite le suivit. Elle marcha dans les pas des chasseurs pendant de longues heures. Jusqu’à ce que le groupe tombe sur un ours. Ce dernier semblait affamé, à moins qu’il ne protégeait quelque chose, et chargea en direction du groupe. Les lances, les arcs et les couteaux furent sortis immédiatement, mais furent inutiles contre la bête enragée. Elle ne semblait pas ressentir la douleur.

L’ours frappa un chasseur. Du sang vola. La petite était effrayée, mais en même temps, elle ressentait un drôle de sentiment en elle. Le prédateur se rapprocha d’un autre homme, crocs découverts. L’homme parvint à dévier légèrement l’attaque de l’ours avec son arme, mais fut projeté plus loin. La seconde victime n’était autre que l’oncle de la petite. Cette dernière, dans un élan de colère envers le prédateur, se précipita vers lui alors qu’il s’approchait de sa troisième victime.

Chiyo bondit sur le dos de l’ours avant d’enfoncer plus profondément la pointe d’une lance qui était plantée dans l’épaule du mammifère. Celui-ci grogna de douleur et se mit à se ruer pour se débarrasser de l’enfant. La violette fut projetée un peu plus loin, atterrissant contre un tronc d’arbre. Cependant, elle se releva tout de suite, comme si elle n’avait reçu qu’une égratignure, récupéra un couteau qui traînait là puis revint à la charge.

Elle s’acharna encore et encore, jusqu’à ce que la bête s’écroule au sol. Ce n’était qu’à ce moment-là que Chiyo avait compris que quelque chose n’allait pas. Pourquoi les autres chasseurs ne l’avaient pas aidée ? En se retournant, la jeune fille vit que les trois chausseurs encore intacts la regardaient avec peur. Elle ne comprenait pas pourquoi ils étaient si effrayés. Les trois hommes reculèrent, et l’un d’eux réussi à crier avant de s’enfuir.

« … Monstre ! »

Chiyo était perdue. Mais elle avait plus important à faire que de se préoccuper des paroles d’un peureux. Elle se dirigea vers son oncle, qui était mal en point. L’homme, qui n’avait pas plus de 40 ans, regarda d’un air triste la jeune enfant. Il lui sourit avant de tendre sa main et de caresser les cheveux de la petite.

« Ne leur en veux pas, d’accord, Chiyo ? »

Il enleva sa main et ferma les yeux tout en gardant son sourire. La violette savait qu’il avait quitté ce monde. Elle souleva le corps de celui qui l’avait élevé durant toutes ses années avant de descendre vers le village. Cependant, quand elle arriva enfin en bas, ce ne fut que des flèches et des lances qui l’attendirent. On lui tira dessus et Chiyo esquiva de justesse. Elle ne comprenait pas pourquoi les villageois lui tiraient dessus. Est-ce parce qu’elle s’était battue contre l’ours ? Elle était désolée pour ça, mais elle devait sauver son oncle !

« Sale monstre ! Fiche le camp ! » Hurla l’un des villageois.

La violette fit un pas en avant, mais recula tout de suite, une autre flèche venant d’être lancée en sa direction. Elle regarda les villageois, le regard rempli d’incompréhension. Elle les regarda tour à tour puis déposa le corps de son oncle au sol avant de tourner les talons. Chiyo était suffisamment intelligente pour comprendre que rester plus longtemps serait trop dangereux pour elle.

La petite s’enfonça dans la forêt qu’elle venait de quitter. Elle courut longtemps, jusqu’à ce qu’elle entende un bruit d’eau. Elle venait de marcher dans une flaque. Chiyo regarda la petite étendue avec hésitation pour finalement se décider à s’en approcher. Elle se pencha au-dessus de l’eau et ses yeux s’écarquillèrent. Comment était-ce possible ?

Deux cornes se trouvaient sur le haut de son crâne, ses oreilles étaient devenues pointues, ses canines s’étaient allongées devenant des sortes de crocs et ses ongles avaient poussé comme s’il s’agissait de griffes. La jeune demoiselle eut un mouvement de recul. Pourquoi ? Comment ? Chiyo s’éloigna de la flaque d’eau. Elle était vraiment un monstre ! Les villageois avaient raison. Comment était-ce arrivé ? Était à cause de l’ours ? Oui, il devait en être la cause.

La jeune fille réfléchit encore et encore, puis au bout d’un moment, elle s’approcha de nouveau du point d’eau. Ses cornes, et tout le reste, étaient encore là. La violette posa une main sur l’une de ses cornes. Elles étaient bien réelles… Chiyo devait se faire une raison, elle était devenue un monstre… Tandis qu’elle pensait à ça, la petite remarqua quelque chose. Elle avait perdu son collier ! Quand son oncle l’avait trouvée, elle portait un collier avec une pierre bleue/verte polie autour du cou. Il devait avoir appartenu à la mère de Chiyo et la demoiselle ne s’en était jamais séparée. Si elle ne l’avait pas, c’est qu’il avait dû tomber lorsqu’elle était tombée de l’ours.

Elle devait aller le chercher ! Elle y tenait trop pour laisser les villageois le prendre. Elle était peut-être devenue un monstre physiquement, mais elle n’avait pas perdu ses sentiments. La violette se releva et fit demi-tour. Elle ne connaissait pas cette forêt, mais étrangement, elle savait où elle devait aller. En peu de temps, Chiyo finit par apercevoir le cadavre de l’ours. Celui du chasseur était également toujours là. Cela voulait dire que les villageois n’étaient toujours pas revenus. L’enfant se mit alors à chercher son pendentif et après un bon moment de recherche, elle le trouva enfin. Elle fit un nœud là où la corde avait cassé puis le remit autour de son cou.

Chiyo s’enfonça ensuite dans la forêt. La nuit commençait à tomber. La violette n’avait pas d’endroit où dormir, elle était perdue et avait peur. Cependant, elle savait qu’elle devait faire une chose : vérifier que sa tante allait bien. Elle ne voulait pas que le village s’en prenne à elle. Elle n’avait rien fait. Tout était de la faute de Chiyo. C’est en pensant à cela que la violette passa sa première nuit dans la forêt.

Quand l’enfant alla vérifier le lendemain que sa tante allait bien, elle tomba sur une scène cruelle. La pauvre femme qui venait de prendre son mari et l’enfant qu’elle avait élevée, était maltraitée par les autres villageois. Chiyo n’avait pas besoin d’entendre ce qu’ils disaient pour comprendre que le village faisait tout porter à la pauvre femme. Elle avait hébergé un monstre, elle avait apporté le malheur sur le village et maintenant, il y avait des morts. La petite était sûre qu’il devait s’agir de quelque chose de ce genre.

Les heures passèrent, mais la pauvre femme souffrait toujours. La jeune demoiselle était horrifiée par le comportement des villageois. Comment pouvaient-ils traiter ainsi une personne ? Chiyo était en colère. Elle était en colère contre elle-même, car elle ne pouvait pas sauver sa tante, mais elle était également en colère contre le village qui passait sa haine sur une innocente.

Pourquoi tant d’acharnement ? Pour avoir de nouveau la clémence des Dieux ? Foutaise. Les Dieux n’existaient pas. Sinon ils n’auraient pas laissé le village s’acharner autant sur sa tante au point de la tuer. Chiyo était en colère, énormément en colère. Elle en voulait aux villageois. Ce n’était pas de sa faute si elle était devenue ainsi. Pourquoi ne l’avaient-ils pas écouté ? Elle était encore elle. Ils ne lui avaient jamais fait confiance en fait. Depuis le début, elle était une étrangère et le serait restée jusqu’à sa mort. En comprenant cela, Chiyo se mit à haïr son village. Elle haïssait ces gens qui étaient prêts à tout pour avoir les faveurs de Dieux imaginaires.

Finalement, avant de disparaître dans la forêt, l’enfant se promit une chose : elle ferait souffrir ce village autant qu’il avait fait souffrir sa tante.

[…]

Depuis quelques mois, il y avait une rumeur qui se propageait dans les villages entourant les forêts d’Hokkaido. On parlait d’un monstre qui se faisait passer pour une jeune fille. Cependant, ce monstre était fort mystérieux ; décidant un jour d’aider les Humains tandis que le jour suivant, il les tuait sans le moindre remord. Les Hommes évitaient donc les forêts, ne souhaitant pas énerver un monstre capable de tuer un ours à mains nues comme s’il s’agissait d’une brindille.

Le monstre en question appréciait cette décision. Chiyo en avait marre que les Hommes prennent peur à chaque fois qu’ils la voyaient. Quand un Homme l’a croisait sous sa forme naturelle, les rumeurs se déformaient, dans le mauvais sens évidemment. Cela arrivait tout le temps. Et pourtant, la violette ne se trouvait pas si effrayante… Elle n’était pas si différente de sa forme « humaine »…

Ses deux formes, la jeune fille les avait découvertes peu de temps après avoir quitté le village. Sa forme naturelle était celle qui possédait les cornes et toutes les autres caractéristiques étranges. Sa forme « humaine » était donnée par la pierre de sa mère et faisait disparaître toutes ses caractéristiques suspectes.

Il avait fallu quelques mois à Chiyo pour comprendre comment fonctionnait la pierre, mais maintenant, elle pouvait facilement activer ou désactiver l’effet de la pierre. C’était un grand avantage pour la demoiselle. Elle pouvait tromper les curieux qui souhaitaient la rencontrer. Mais elle aurait aimé savoir le faire plus tôt… Cela aurait évité des morts inutiles.

Enfin, ce n’était pas totalement de sa faute non plus. La violette n’avait pas oublié. Elle n’avait pas oublié sa haine envers son village. Ils allaient payer ! En maltraitant et en tuant sa tante, ils avaient fait leur choix et devaient désormais l’assumer. Chiyo aurait sa vengeance, peu importe le temps que ça prendrait.

Ce fut dans ce but que la violette commença à s’entraîner. Elle avait très vite compris que pour une raison obscure, elle attirait les proies et les prédateurs. Trouver des adversaires n’était donc pas difficile. Cependant, au début, Chiyo préféra augmenter sa force, son endurance, sa vitesse et ses réflexes. Aller affronter un loup directement était trop dangereux. Si elle était blessée, elle risquait de mourir.

Le premier affrontement n’eut lieu qu’après plusieurs mois d’entraînement. Son adversaire était un loup, mais, étonnement, elle n’eut aucun mal à le vaincre. Chiyo avait presque eu pitié de la bête à la fin du combat. Le loup avait peur d’elle, tremblant de tout son corps. Elle avait eu envie de l’épargner, mais résista. Elle ne devait pas céder. Si elle gagnait le combat, alors elle tuait l’ennemi. Le monde fonctionnait ainsi. Le plus fort vivait et le plus faible mourrait.

Pour son deuxième combat, la demoiselle affronta un ours. Pour être exact, elle tomba sur lui sans le vouloir et ce fut ce dernier qui initia le combat. Ce fut plus difficile qu’avec le loup, mais Chiyo finit par vaincre l’ursidé. Mais ce que la violette n’avait pas prévu, c’était qu’un petit Homme avait vu le combat et qu’il s’était enfui pour aller raconter ce qu’il venait de voir…

Par la suite, ce furent des dizaines d’Hommes qui vinrent traquer Chiyo. Heureusement pour elle, ils venaient chercher un monstre capable de tuer un ours à mains nues, pas une petite fille pas plus haute que trois pommes. Elle n’eut donc aucun mal à échapper aux premiers chasseurs. Puis, lorsqu’elle tomba sur un second groupe, clairement hostile envers elle, la fillette en profita pour tester sa force.

Elle n’eut pas grand mal à tuer les plus expérimentés, compensant son manque d’expérience par sa force et sa vitesse hors norme. Elle laissa filée, plus ou moins volontairement, les plus jeunes. Il fallait que les Humains comprennent qu’il ne fallait pas s’en prendre à elle. Si on l’attaquait, elle répondait. Si on l’ignorait, elle ignorait également. La demoiselle n’était un monstre assoiffé de sang, elle avait juste des principes. Elle s’était promis de ne plus se laisser marcher sur les pieds et elle tiendra cette promesse.

Après ce massacre, les groupes cessèrent de venir et Chiyo put tranquillement revenir près de son village d’origine. Cela faisait presque 4 ans maintenant qu’elle était partie. Vivre dans la forêt fut difficile au début, mais elle s’était rapidement faite à cette vie. À présent, il était l’heure de se venger ! La violette avait préparé son plan. Elle observerait le village pendant quelques jours. Puis, lorsqu’elle aurait mémorisé toutes les maisons, elle les tuerait tous les uns après les autres. Vieux comme jeunes, ils y passeraient tous ! Ils étaient tous coupables.

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Fallait-il se venger lentement et prendre plaisir à la panique des proies ou fallait-il les tuer toutes dans la même soirée en les laissant agoniser lentement ? Chiyo s’était posé plusieurs fois la question pendant ses jours d’observation. Au final, le plus sécuritaire était de ne pas trop laisser traîner l’affaire. Si des renforts arrivaient, elle serait bien embêtée… Ainsi, cette nuit, tous les monstres de ce village disparaîtront.

Ce fut dans cet état d’esprit que la jeune demoiselle descendit des hauteurs et se faufila dans le village. Tuer les deux gardes ne fut pas bien difficile. Les loups et les ours étaient bien plus farouches. Les trancher était bien plus complexe et ardu que les Hommes. Il ne fallut, en effet, que deux coups de « griffes » à la petite pour trancher la gorge des deux veilleurs du village. Se pensaient-ils réellement en sécurité avec des tels guets ? Cela fit sourire Chiyo. C’était tellement affligeant… Elle aurait apprécié un peu plus de résistance de la part de « combattants ».

Enfin, elle n’allait pas se plaindre d’une infiltration facile. Tout en pensant à cela, la fillette se naviguait tranquillement vers la maison du dirigeant du hameau, sautillant joyeusement et laissant derrière elle quelques gouttes de sang de ses premières victimes. Puis, arrivée devant la bâtisse, elle se glissa doucement dedans. Les maisons étaient toutes pareilles, il ne fut donc point difficile pour l’Oni de trouver la chambre des hôtes.

Elle regarda le couple dormir paisiblement pendant quelques minutes avant de passer à l’action. D’un geste précis, la gamine trancha les cordes vocales des deux Humains, les empêchant de crier à l’aide. Les pauvres furent réveillés par la douleur et regardèrent avec incompréhension la violette qui souriait d’un air narquois. Le vieil homme comprit assez vite qui était l’inconnu qui venait de les blesser et tenta d’attraper son arme. Cependant, d’un geste habile, Chiyo enfonça ses ongles dans le bras du chef.

Ce dernier tenta alors de l’attraper, mais la fillette recula, amenant le mortel à se lever. Avec un sourire mauvais, l’Oni trancha alors les tendons d’Achille de sa victime qui s’écroula au sol. Chiyo sauta alors en direction de la pauvre femme qui tentait discrètement de fuir. Atterrissant brutalement sur le dos de la dame, elle força cette dernière à s’écrouler au sol. Aussi entraînée qu’était la bonne femme, elle ne pouvait rien contre la surnaturelle. Le rapport de force était bien trop déséquilibré.

Et ce fut avec un plaisir non dissimulé que la demoiselle tortura lentement l’humaine sous les yeux de son mari. Celui-ci tenta de la sauver plusieurs fois, mais après que l’Oni lui ait brisé les quatre membres, il devint bien plus docile. Finalement, après un petit moment, Chiyo se lassa de ce petit jeu et finit par tuer les deux Humains. Couverte de sang, elle abandonna les deux cadavres et sortit de la maison avec un grand sourire carnassier. Il était temps de passer aux prochaines victimes !

Cependant, il eut un petit imprévu dans le plan de Chiyo. Effectivement, alors qu’elle se dirigeait paisiblement vers la demeure de ces prochains jouets, un hurlement retentit dans le village. C’était une voix d’enfant. Cela alerta aussi la violette qui jeta de rapides coups d’œil autour d’elle. Elle finit par repérer le petit garçon qui la fixait avec effroi. Il était suffisamment proche d’elle pour voir et sentir le sang qui dégoulinait lentement le long de ses membres. Avec un sourire prédateur, l’enfant se dirigea vers son homologue.

Le pauvre petit était terrifié. Il ne bougeait même pas lorsque Chiyo lui tournait autour. Un réflexe de proie peut-être ? Ce petit moment de tension fut brisé par la sortie de plusieurs villageois. Ils repérèrent rapidement l’intruse et celle-ci, avec un sadisme certain, s’approcha du gamin et posa ses griffes contre sa gorge. Les femmes hurlèrent de panique tandis que les hommes baragouinèrent des paroles peu glorieuses. La jeune demoiselle sourit, dévoilant ses crocs et trancha le cou de l’enfant, séparant la tête du corps. La mère du petit s’écroula au sol pendant que le reste du village se précipitait vers l’Oni pour la tuer. Celle-ci rigola avant de s’élancer vers les mortels.

[…]

Quand les hommes du village des plaines arrivèrent au niveau du village des montagnes, l’odeur du sang flottait intensément dans l’air. Il était encore tôt, le soleil se levait à peine, mais le hameau était bien trop silencieux. Les combattants sortirent leurs armes et s’avancèrent prudemment vers l’entrée du bourg. Ce qu’ils découvrirent leur glaça le sang. Sur la place centrale, se tenait une jeune enfant qui ne devait pas avoir plus de 13 ans. Et autour d’elle, gisaient les cadavres des villageois des montagnes.

Certains hommes vomirent à cause de la brutalité de la scène. Les corps des habitants étaient déchiquetés, les membres étaient tordus ou éparpillés ici et là et ce qui restait de la carcasse principale était lacéré de partout. Et au milieu de tout ça, assise tranquillement sur plusieurs cadavres, une fillette qui chantonnait tranquillement, recouverte de sang. Mais pouvait-on la qualifier de fillette ? Elle avait deux cornes sur sa tête, ses yeux étaient similaires à ceux des serpents, ses dents n’étaient rien d’autres que des crocs et ses ongles étaient de puissantes griffes acérées. Ce n’était pas une enfant, c’était un monstre !

Le chef de l’expédition reprit le contrôle de lui-même en pensant à cela. Il était dangereux de rester ici, ils devaient fuir ! Il donna alors le signal de retrait, alertant le monstre de leur présence puisqu’il tourna alors la tête vers eux. La dernière chose que l’homme vit avant de fuir, ce fut un grand sourire carnassier qui apparaissait sur le visage de l’abomination.

[…]

Après s’être vengée, Chiyo resta quelques heures de plus dans le village afin de prendre quelques affaires ; vêtements, outils pratiques, nourriture. Ce n’était peut-être pas la chose la plus morale, mais c’était nécessaire pour la survie de la jeune femme. Elle avait vécu pendant si longtemps comme un animal, il était maintenant temps qu’elle redevienne un être humain. Et pour cela, il fallait qu’elle soit un minimum présentable.

L’Oni avait une idée pour survivre. Elle allait intégrer un petit village, plus loin dans les plaines, prétextant que son groupe avait été attaqué par le Monstre. Bien sûr, pour que cela fonctionne, elle devait attendre une ou deux semaines, le temps que la rumeur se propage. Mais ce n’était pas bien long pour elle… Chiyo avait acquis la patience au fil des années et savait maintenant qu’attendre était parfois la meilleure solution.

Sa patience fut récompensée. En effet, bien que méfiants, les Hommes du village qu’elle aborda finirent par l’accueillir. L’Oni fit tout son possible pour être rapidement appréciée par les habitants des plaines, les laissant croire qu’elle était une jeune femme naïve et amicale avec tout le monde. Elle cacha sa force et son véritable caractère pour mieux se fondre dans la masse. Heureusement pour elle, les rumeurs du Monstre ne donnaient pas trop de détails physiques. Elle pouvait donc se balader tranquillement sans craindre d’être reconnue.

Pendant une année, elle trompa ainsi les villageois. Avec le temps, elle se détendait, se disant qu’elle ne reverrait pas le groupe d’Humains qui l’avaient vu. Cependant, ils finirent par se présenter au village qui l’hébergeait et tout finit par se compliquer. L’un des membres du groupe finit par la reconnaître et elle dut user de son don de charme pour empêcher l’homme de parler. Mais Chiyo n’était pas idiote, elle savait que si l’un d’entre eux l’avait reconnu, les autres ne tarderaient pas à la démasquer. Elle devait donc partir.

La petite violette commença donc à faire ses bagages dans la nuit, ne prenant que l’essentiel. Cependant, le leader du groupe remarqua son étrange comportement et finit par s’approcher d’elle. Il ne lui fallut que quelques minutes pour reconnaître l’Oni et hurler au Monstre. Ce fut alors la panique. Les hommes sortirent leurs armes et se jetèrent sur la demoiselle. Toutefois, la demoiselle n’avait pas envie de se battre avec eux. Elle voulait simplement partir.

Chiyo utilisa alors son deuxième don qu’elle avait découvert quelques mois plus tôt. Elle dirigea sa paume de main vers les hommes et des flammes bleutées jaillir, allant s’écraser sur le sol à quelques centimètres des orteils des Humains. Ils reculèrent tout en poussant des cris de surprise et la surnaturelle en profita pour disparaître dans la nuit.

[…]

Les semaines qui survirent, Chiyo fut traquée par les Hommes. Peu importe où elle allait, on l’attaquait et on la poursuivait. Ah… Elle aurait dû tuer le groupe… Cela lui aurait évité des problèmes. Elle regrettait, mais ne pouvait plus rien y faire. Maintenant, elle ne pouvait plus que fuir entre les arbres, comme elle le faisait actuellement. Se cacher était devenu inutile alors l’Oni gardait sa forme originelle. Peut-être qu’en montrant sa véritable nature, des êtres comme elle l’aideraient ? Bien qu’elle pensait à cela, la violette n’en était pas convaincue. Elle avait toujours été seule, même quand elle pensait le contraire, pourquoi quelqu’un viendrait l’aider maintenant ?

Cependant, alors qu’elle courait en zigzag parmi les arbres, tentant de semer ses poursuivants du jour, la demoiselle sentit des forces étranges. Il y avait quelque chose dans les bois qui n’était pas humain. C’était peut-être sa chance. Elle ne savait pas ce que c’était, mais cela pourrait faire diversion. Oh oui, ce n’était sûrement pas moral, mais Chiyo ne pensait qu’à sa survie. Dans son monde, c’était ça ; marcher ou crever, peu importe les moyens utilisés.

De ce fait, l’Oni bifurqua discrètement vers l’étrange énergie, menant les Humains vers la diversion. Ils étaient si absorbés par la traque, qu’ils ne remarquèrent même pas le manège. Ils n’étaient pas très futés, vraiment… Tandis qu’elle pensait à cela, ses yeux captèrent un vif mouvement passant à côté d’elle et elle s’arrêta brusquement. Devant elle se tenait un être à la chevelure verte et aux cornes de la même couleur. Bien qu’il lui ressemblait, Chiyo était étrangement sûre qu’ils n’étaient pas la même chose. L’être avait une grande présence, ce qui eut pour effet de stopper les bipèdes. Ils s’inclinèrent même.

Pour Chiyo, c'était une scène étrange. Elle, on la poursuivait, mais lui, on le saluait comme s’il était un Dieu. La petite ne comprenait pas. L’incompréhension se mua en colère quand l’un des Hommes la présenta comme étant “le Monstre”. Il parlait comme s’il savait, alors qu’il ne la connaissait qu’à travers des histoires tronquées. C’était pour cela que Chiyo détestait les Humains.

La créature, elle, se contenta de leur répondre que cela n’était plus de leur ressort. Les hommes furent ahuris d’entendre cela. Pour la jeune femme, c'était assez amusant de voir leur réaction. Ils voulaient se venger, mais n’en auraient pas l’occasion. Dommage. Malgré tout, l’Oni ne savait pas franchement si elle était hors de danger. Elle sentait derrière elle une grande puissance qui ne semblait pas être d’accord avec la décision prise par l’autre surnaturel.

Chiyo tourna la tête pour voir la source de cette puissance et elle découvrit un autre surnaturel qui ressemblait au premier, bien que sa couleur était différente. Elle laissa son regard traîner une minute avant de revenir sur les bipèdes. Ces derniers partaient. C’était une bonne chose. Maintenant, elle allait savoir si on la laissait en vie ou non. Les deux créatures discutèrent entre eux, mais la petite n’écouta pas. À quoi bon. S’ils décidaient de la tuer, alors elle mourrait. S’ils la gardaient en vie, alors elle vivrait. Il était inutile de résister, la différence de force était trop grande, elle le savait.

L’être vert revient vers elle et changea de forme. Il était énorme maintenant. Chiyo paraissait réellement minuscule à présent. Pour autant, il n’y avait pas de surprise sur son visage. Elle se contentait de fixer les deux majestueuses créatures d’un air indifférent. Leur puissance, elle la connaissait déjà. Un si petit corps d’humain ne pouvait pas cacher autant de puissance, alors l’Oni n’était pas surprise. Elle attendait juste de voir ce qu’ils allaient faire.

Quand le vert lui demanda de monter, elle tiqua légèrement, mais ne prononça pas un mot. Une minute passa avant qu’elle ne saute. Ce n’était clairement pas un saut humain et il était même déconcertant qu’un si petit corps puisse contenir autant de puissance. D’un premier bond, la violette atterrit sur l’épaule du lézard et d’un second saut, elle parvient jusqu’à sa soyeuse crinière. Elle s’assit alors avec élégance et attendit tranquillement.

Avec ce qu’elle venait de montrer, il y avait à réfléchir. Chiyo était puissante, très puissante. Elle aurait pu tuer les Humains qui la poursuivaient, cela n’aurait pas été très compliqué, mais elle ne l’avait pas fait. Il devait bien avoir une raison derrière tout ça… Mais bon, les deux créatures n’y avaient peut-être pas réfléchi, trop occupées. La petite ne savait pas ce qu’elles pensaient après tout.

[…]

Le voyage ne dura pas très longtemps et assez rapidement Chiyo put apercevoir un arbre gigantesque. De partout, des Dragons volaient et discutaient autour du végétal millénaire. La demoiselle n’était pas spécialement impressionnée par tous ces géants. Elle en avait déjà vu deux. Tout ce qui changeait d’un individu à un autre, c’était la couleur et la forme du corps. Il n’y avait vraiment pas de quoi être subjugué.

Quand ils s’approchèrent de l’arbre, des murmures se créèrent. L’Oni n’avait nullement besoin de les regarder pour savoir qu’ils parlaient d’elle. Leurs regards brûlants étaient amplement suffisants. Retenant un soupir d’agacement, la petite surnaturelle ne bougea point, attendant de savoir ce que ces mastodontes allaient faire d’elle. Le premier parla avant de s’éloigner et le deuxième bougea également, s’écartant du reste de ses congénères.

Soudainement, le sol se déroba sous les pieds de la violette, l’obligeant à quitter du regard le groupe qui se formait au loin. Le lézard vert la récupéra tranquillement entre ses bras avant de la poser au sol. Il était facile de deviner qu’il était inquiet. On lisait en lui comme les lignes d’un livre ouvert. Chiyo se demandait vraiment pourquoi il l’avait sauvé s’il était maintenant si inquiet du sort de l’autre Dragon. Elle ne comprenait pas. Son attention se tourna de nouveau sur l’assemblée qui ne semblait pas très amicale envers elle.

On finit par l’amener jusqu’au milieu du cercle de Dragons. Franchement, il y avait mieux pour mettre en confiance un enfant. Heureusement, la demoiselle avait vécu suffisamment d’épreuves pour ne pas être terrifiée. En plus, le Dragon vert lui avait donné quelques informations avant qu’on ne l’emmène. D’un air neutre, ses pupilles passèrent d’un individu à un autre. Elles finirent par s’arrêter sur un être humanoïde à la crinière de Jade. Ce dernier, prit alors la parole.

“Oni, l’un des nôtres ici présent t’as protégé des humains. Ces mêmes humains t’ayant baptisé de “monstre”. Qu’as-tu à y répondre ?”

Oni ? Chiyo n’avait jamais entendu ce mot. Et pourtant, cela semblait logique pour tous les êtres présents ici d’utiliser ce mot pour la décrire… C’était donc ce qu’elle était. Elle était une Oni. Soit. Sans paraître étonnée ou troublée par les paroles de l’Ancien, la violette continua à fixer le rassemblement d’un air calme. Puis finalement, au bout de quelques minutes, elle finit par prendre la parole. Son ton était calme mais puissant. Elle n’était pas effrayée par ce qui arrivait, elle était au contraire déterminée à faire éclater au grand jour la cruauté des Hommes.

▬ Je vais répondre à votre question mais s'il vous plaît, messieurs-dames, j'aimerais que vous ne m'interrompiez point le temps de mon explication. Prononça-t-elle.

On cria tout de suite à l’insolence, mais cela ne fit point réagir l’enfant. Le respect est mutuel. Chiyo se montrait polie avec les créatures volantes, elle exigeait la même chose de leur part. Ce n’était pas parce qu’elles avaient vécu des centaines d’années de plus qu’elle, qu’elles pouvaient se permettre de penser qu’elles étaient supérieures à elle.

“Tu peux poursuivre.”

L’Oni fit un petit signe de tête au vénérable pour le remercier avant de rependre son histoire. Il était l’heure de mettre les points sur les i. Les humains avaient cru pouvoir se débarrasser d’elle en allant pleurer auprès de créatures millénaires, disant qu’elle était dangereuse. Maintenant qu’elle était face à leurs protecteurs, elle allait leur montrer qu’ils étaient bien plus dangereux qu’elle. Ses iris montrant une certaine froideur, elle commença.

▬ Les Humains m'appellent "monstre", je dirais que je n'en suis qu'un parmi tant d'autres. Voyez-vous, je n'ai que 18 ans et pendant les 14 premières années de ma vie, j'ai vécu parmi les Humains me pensant moi-même Humaine. Pendant 14 années, un couple d'Humains m'a élevé dans un village près des montagnes. Ils m'avaient trouvé dans la montagne, seule dans un berceau. Pas un seul instant ce couple pensait que j'étais une Oni. Après tout, mes parents avaient pris soin de cacher ma véritable nature avec cette pierre magique.

Elle en profita pour sortir la pierre qui pendait toujours autour de son cou. Si l’ensemble était nullement joli, la corde étant usée et dépourvue de décorations, il était facile pour des surnaturels de remarquer que la pierre vert-bleue était enchantée. Lâchant le collier, Chiyo continua son récit.

▬ Je ne le savais même pas moi-même. Ma nature de Oni, je ne l'ai apprise qu’en essayant de sauver l'homme qui m'avait élevé, des griffes d'un ours. Dans le combat, la corde tenant la pierre a été coupée, révélant aux chasseurs de mon village ma nature de Oni. Cependant, je ne le savais pas et entendre un des chasseurs qui me souriait toujours en partant à la chasse, me traiter de monstre fut quelque chose de très bizarre pour moi. Ce fut encore plus incompréhensible lorsque le village tout entier me traita de monstre à mon retour, me menaçant de leurs armes. Ils m'avaient vu grandir, mais maintenant, j'étais un monstre pour eux ?

Un rire d’amertume s’échappa d’elle, révélant sans mal ses pensées. Elle trouvait la situation tristement ironique. Les Hommes sont vraiment cruels et étroits d’esprit. La moindre anomalie vaut leur méchanceté. Etait-ce si mal d’être différent ?

▬ Ma véritable nature je l'ai comprise qu'après, en voyant mon reflet. Et je me suis mise à penser que j'étais réellement un monstre. J'ai vraiment cru que c'était de ma faute. Pensez-vous réellement qu'une enfant qui se met à s'excuser d'être née comme elle est, est un monstre ? Continua-t-elle avec colère certaine.

Elle en voulait aux bipèdes, elle leur en voulait réellement. Cependant, il était inutile de s’énerver maintenant. L’enfant se calma alors et poursuivit sa narration.

▬ Peu importe. Je pensais être un monstre et je m'en voulais d'être ainsi, j'allais donc quitter la forêt, mais avant, je voulais juste m'assurer d'une chose ; que la femme qui avait donné 14 ans de sa vie pour m'élever allait bien. Mais tout ce que j'ai vu en arrivant près de mon village, ce fut les villageois qui torturaient ma tante adoptive. Ils l'ont torturé encore et encore, jusqu'à ce que le soleil se couche et qu'elle ne rende son dernier souffle. Resteriez-vous sans émotions face à une telle scène ? Si vos voisins se mettaient à torturer vos enfants et votre conjoint alors qu'ils sont innocents, réussiriez-vous à rester de marbre et à trouver ça normal ? Demanda-t-elle alors à l’assemblée avec une colère sourde.

Mais les Dragons restaient muets face à ses questions. Enfin, elle avait demandé le silence alors elle ne pouvait pas leur en vouloir de rester ainsi. Retenant un soupir, la violette ravala sa colère et reprit.

▬ Pour moi, c'était impossible et je me suis promis de venger ma tante, peu importe le temps que ça prenait. Et cette vengeance, je l'ai eu après 3 ans à errer dans les montagnes. J'ai appris à me battre pour survivre aux armes des Humains, j'ai appris à survivre toute seule pour arrêter de dépendre de quelqu'un et j'ai appris à m'aimer telle que j'étais. 3 ans, c'est le temps qu'il m'a fallu pour arrêter de culpabiliser inutilement.

Sa voix se cassa légèrement sur la fin, la tristesse l’envahissant. Pourquoi avait-il fallu si longtemps pour qu’elle comprenne que ce n’était pas de sa faute… Chiyo s’en voulait. Elle s’était fait tant de mal… Tout ça à cause des humains. Tout était de leur faute !

▬ Après ces trois longues années, je suis retournée à mon village natal et je me suis vengée. Œil pour œil, dent pour dent. Dit-elle d’un ton glacial. Elle n’avait aucun remords. Ils l’avaient mérité. J'ai torturé ceux qui avaient torturé ma tante, et cela, jusqu'à la mort. La loyauté envers la famille était-elle mauvaise ? Une personne devient-elle un monstre pour avoir tué des personnes toutes aussi monstrueuses ? Les Humains qui m'ont vu ce matin-là m'ont prise pour un monstre, cependant, les villageois eux-mêmes n'étaient-ils pas des monstres pour torturer ainsi un membre de leur village ? N'étaient-ils pas des monstres pour traiter ainsi une enfant qui ne savait même pas ce qui lui arrivait ? Finit-elle en soupirant.

Elle ne comprenait pas les humains, elle ne comprenait pas leur logique. Mais elle ne cherchait plus à comprendre.

▬ Pour moi, ils étaient tous aussi monstrueux. Je ne suis donc qu'un monstre parmi tant d'autres. Et honnêtement, je préfère être un monstre qui pense à sa famille, même si cela signifie se salir les mains pour honorer la mémoire de quelqu'un, qu'un simple être qui mord la main qui l'a nourri à la première occasion. Conclut-elle en retenant un soupir.

Son histoire étant terminée, la petite surnaturelle se tut. L’assemblée devint alors bruyante. Chacun donnait son avis, discutant avec ses voisins. Finalement, ce fut le vieux Dragon de Jade qui prit la parole.

“Nous avons entendu ton plaidoyer jeune oni. Bien que tu sois dépréciée des bipèdes, ta nature ne semble pas aller à l’encontre de la stabilité de la communauté. En conséquence, nous acceptons de te garder ici, à l’abri des humains.”

Cela ne semblait pas plaire à tout le monde, vu qu’un certain brouhaha commençait à s’installer après ses paroles. Cependant, le dirigeant de la tribu imposa le silence et continua à parler.

“Cependant, tu devras te montrer digne de cette confiance que nous te donnons et tu obéiras à ton défenseur. Tant que nous ne t’en aurons pas trouvé digne, tu as l’interdiction de te promener seule et sans sa présence.”

Ne descellant pas ses deux lèvres, la violette se contenta d’un léger hochement de tête pour montrer qu’elle avait compris les paroles du vénérable. Mais Chiyo se demandait vraiment si les géants se souciaient réellement de ce qu’elle pensait de tout ça. Auraient-ils réagi si elle n’avait donné aucune réponse ? Elle en doutait…

Ils discutaient de nouveau entre eux. L’Oni n’écoutait pas vraiment. Peu importe à qui on la donnait, elle le suivrait. Elle n’avait pas son mot à dire, elle le savait. Pour autant, elle espérait que cette personne serait un minimum aimable avec elle. Elle avait ses principes et ses valeurs et peu importe ce qui se passait, elle leur restait fidèle.

“Bien. Quant à toi, Oni. Olriaesvelgrenchixalkan t’as honoré de sa protection, reste à ses côtés et les bipèdes ne t’ennuieront guère. Nuis aux nôtres et tu mourras sur le champ. Est-ce bien clair ?”

▬ Ne vous en faites pas monsieur, je sais me tenir. Les Dragons resteront majestueux et respectés, que je sois là ou non. Répondit-elle poliment.

L’autre semblait dubitatif, mais ne répondit rien. Chiyo savait qu’avec cela, l’assemblée était terminée et que les Dragons allaient repartir. Ce fut exactement ce qui se passa quelques minutes plus tard. Elle les regardait sans aller en silence. Elle ne pensait à rien, elle se contentait d’observer la démarche de ces créatures qui lui étaient inconnues quelques heures plus tôt.

Ce fut un “Suis-moi” de la part de son « gardien » qui sortit l’enfant de sa contemplation. Elle tourna la tête vers le Dragon de jais et eut une petite moue. Aucune gentillesse, aucune politesse. Il pouvait être méfiant, mais cela n’empêchait pas qu’il pouvait être poli. Chiyo ravala un soupir et suivit, légèrement à contrecœur, la créature volante. Elle aurait préféré que son gardien soit le Dragon vert. Lui au moins, il était poli.

HRP : La suite de l'histoire est dans le post suivant.



Masque


Masque d’HumaineMasque de Chat (couleur noire)Masque de Corbeau



Don(s)

Charme (★★✩) : Chiyo a hérité de ce don par son père Incube. Ce don est assez passif, la jeune femme ne pouvant pas l'activer ou le désactiver à volonté. L'Oni attire, de ce fait, tous ceux qui sont sensibles aux phéromones qu'elle libère. Ces phéromones font disparaître toutes émotions négatives envers Chiyo et donnent envie aux victimes de faire plaisir à la jeune femme, peu importe de quelle manière. Les phéromones n'ont pas d'effet sur les autres succubes/incubes ainsi que sur les personnes ayant une résistance aux sort de charme.
Pyrokinésie avancée (★★★) : Le feu fait parti de la jeune femme. Apparaissant sous la forme des flammes bleues, elles sont extrêmement chaudes et brûlent quiconque les touchent en dehors de leur propriétaire. Chiyo peut donner toutes sortes de formes à ses flammes et peut les bouger comme elle le sent dans un rayon de 5 mètres. Ses flammes semblent avoir une "âme" et peuvent, ou non, décider de ne pas brûler quelque chose. Cependant, comme leur propriétaire, elles ont un mauvais caractère... On parle alors d'ego-flammes, ce qui est rare, d'autant plus que ces dernières ont acquis le don de parole avec le temps.
Télépathie (★✩✩) : Un don que la jeune femme a appris très tôt. Depuis sa naissance, Chiyo peut communiquer par pensée avec tous les membres de son espèce. Ce n'est que plus tard que l'Oni a apprit à communiquer avec les autres espèces surnaturelles. Son don fonctionne également avec les Humains, mais la demoiselle ne l'utilise jamais avec eux.



Et vous ?


Moi c’est Chiyo ou Rica, comme vous le souhaitez. Je vais bientôt avoir 19 ans. J’ai créé le forum après avoir regardé plusieurs fois le film qui m’a inspiré. Je suis quelqu’un de calme et gentille. Si vous voulez en savoir plus sur moi, vous pouvez aller la description du Staff. Et le code est bien évidemment validé. ~

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Chiyo
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Chiyo
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Lun 26 Avr 2021 - 14:41
La vérité est une illusion et l'illusion est une vérité. || Chiyo 3a5r

Chiyo



Histoire, partie 2


[…]

Les journées s’enchaînaient et Chiyo restait seule. Celui qui était son gardien ne prenait même pas la peine de venir la voir, se contentant de l’observer quelques mètres plus haut. Cela énervait un peu la violette. Elle était obligée de rester coller à ce vieux Dragon et ce dernier ne prenait même pas en compte ses besoins. Que croyait-il qu’elle était ? Une statue, un jouet ? Tenter de chercher était inutile, elle ne comprendrait jamais ce qu’il y avait dans la tête de ce lézard.

Heureusement, il y avait Raen. Le Dragon vert était gentil et amicale avec elle. Au début, elle ne lui parlait pas vraiment, le croyant comme l’autre reptile, mais elle finit pour s’ouvrir à lui. Il était amusant et compatissant. Il prenait le temps de répondre à ses questions et lui expliquait le fonctionnement de son espèce. L’Oni était intéressée. Elle n’avait connu que le système des Humains et ce dernier lui plaisait guère. Celui des Dragons était différent, intriguant et la demoiselle se demandait s’il était meilleur que celui des Hommes.

Cependant, Raen finit par s’absenter un jour. Ce n’était pas si étonnant. La violette savait qu’elle n’était pas le centre du monde et qu’il avait des choses à faire ailleurs. Malgré tout, elle était triste de ne pas le voir. Cela faisait maintenant quelques mois qu’il venait la voir tous les jours. Elle avait fini par oublier la sensation de d’ennui et de solitude. Mais aujourd’hui, ces deux sensations étaient présentes. Chiyo était coincée avec le lézard de jais et le silence était terriblement pesant. Et puis, il y avait une question qui trottait dans la tête de l’enfant ; pourquoi s’était-il rapproché d’elle ? Il ne l’aimait pas alors pourquoi ?

La jeune fille ne posa pas la question. Elle n’en avait pas envie. Il ne répondrait pas de toute manière, elle en était convaincue. L’Oni se contenta de suivre sa routine. Raen n’était pas présent, elle ne pouvait donc pas poser ses habituelles questions. Il ne restait plus que ses jeux. S’amuser toute seule ne dérangeait pas par la cornue. Depuis toute petite, elle jouait en solitaire alors elle n’avait pas vraiment cette notion d’aventure à plusieurs. Chiyo jouait dans son coin, imaginant ses propres compagnons et les bougeant comme elle le voulait.

C’est ainsi que son don de pyrokinésie s’éveilla. Ses flammes étaient ses compagnes de jeu. Chacune d’entre elles était un trait de caractère de Chiyo, pensant et communiquant par la pensée avec leur maîtresse. Depuis son arrivée chez les Dragons, la petite demoiselle n’avait montré ce don à personne, ne jouant avec ses flammes que lorsque tout le monde avait le dos tourné. Elle avait peur, peur qu’on la prenne pour un monstre si on la voyait créer et jouer avec du feu.

Ce jour-là, lorsque Raen était occupé ailleurs et que c’était au Dragon de jais de la surveiller, elle pensait qu’il ne remarquerait pas. Il était posé là, mais cela ne voulait pas dire qu’il la regardait. Il ne faisait qu’acte de présence, Chiyo en était persuadée. Faire voler ses flammes et les bouger en agitant les mains pour donner les directions à prendre était un jeu pour la violette. Elle trouvait ça amusant. Les mouvements maladroits des flammèches faisaient sourire l’enfant. Elle en oubliait même la présence du reptile noir. Cependant, il lui rappela bien vite sa présence.

“Depuis quand es-tu capable de faire ceci ?” Lui demanda-t-il sans crier gare.

La petite demoiselle manqua la crise cardiaque, sortant de sa transe. De quoi parlait-il ? L’Oni ne comprenait pas. Ce fut ces petites compagnes bleutées qui lui soufflèrent que le vieux Dragon pouvait les voir. Elle dirigea ses pupilles vers elles puis revient sur son « Gardien ».

▬ Elles ? Demanda Chiyo en pointant ses amies bleutées. Ça doit faire une petite année qu’elles font partie de moi. Pourquoi ?

Même si la violette ne le montrait pas, elle avait peur. Peur de ce que le géant allait dire. Allait-il avoir peur ? Allait-il la traiter de monstre ? Allait-il tuer ses amies ? Chiyo ne savait pas ce à quoi pensait le Dragon et cela l’inquiétait. Elle avait peur pour ses compagnes de jeu. Elle n’aurait pas dû jouer avec elles, pas devant lui. Malgré tout ce qu’elle pensait, l’enfant ne fit ressortir qu’un seul sentiment, qu’une seule question ; est-ce un problème ? C’était une question d’inquiétude, montrant tout de même une détermination certaine pour protéger ses flammèches, mais le Dragon sembla le prendre autrement.

“Réessaie.” Répliqua-t-il simplement d’un ton neutre et impartial.

L’inquiétude se transforma en incompréhension. Mais que voulait-il à la fin ? Pourquoi s’intéressait-il à elle maintenant ? De l’incompréhension, Chiyo passa à la colère. Elle n’avait pas besoin qu’il se comporte bien avec elle maintenant. Il n’avait qu’à l’ignorer comme il l’avait toujours fait ! Elle n’avait pas besoin de lui ! L’enfant n’avait pas envie de lui obéir. Pourquoi lui faire plaisir ? Cependant, elle s’exécuta. Trop gentille, trop bien élevée ou alors trop peureuse pour s’opposer au géant.

Elle demanda à ses amies d’aller à gauche, ce que firent toutes les flammes sauf Colère qui se mit à faire des ronds.

. Pourquoi lui obéir Chiyo ? Demanda Colère.
▬ Si on fait ce qu’on dit, il partira plus vite et on pourra recommencer à s’amuser plus vite. Répondit l’Oni.
. Tu crois vraiment qu’il va nous laisser ? C’est bien trop suspect, il nous veut quelque chose ! Répondit Colère, énervée.
▬ On ne peut pas en être certaines Colère... Lui résista la violette.
. Laisse lui une chance Colère. Dit Gentillesse. Au pire on se vengera. Ajouta Vengeance avec un air mauvais.

“Soit. Tu peux t’arrêter là.” Sortit alors le Dragon de jais.

Cela sortit Chiyo de sa conversation intérieure. Elle ne comprenait pas. Pourquoi arrêter ? Était-ce à cause de ce qu’elles venaient de dire ? Avec un mélange de peur et d’indignation, la petite répondit au serpent noir, une petite moue sur le visage.

▬ Il y a un souci avec mes flammes ? Tu ne les aimes pas ? C’est parce qu’elles n’étaient pas d’accord sur quoi faire que tu veux que je les fasse dormir ?

Elles étaient assez directes dans leurs dires, mais elles étaient gentilles. Il ne fallait pas les punir ainsi. Les faire dormir si tôt était vraiment cruel, Chiyo ne voulait pas. La gamine avait encore besoin d’elles. Elle ne demandait pas beaucoup de temps, une heure serait suffisante. Mais elle avait besoin de ses feux follets. L’Oni en avait marre de rester silencieuse. Elle avait besoin de parler avec quelqu’un. Sinon, elle finirait par redevenir ce qu’elle était dans la forêt…

“Tu sembles les considérer comme des personnes.” Prononça le géant de jais.

Ce fut l’incompréhension totale pour Chiyo. Pourquoi posait-il cette question ? C’était évident, non ? Il faisait semblant de ne pas savoir ?

▬ Évidemment que ce sont des personnes. Chacune d'elles a un nom et une personnalité. Elles me parlent par la pensée. Rétorqua la violette en montrant sa tête.

Il avait entendu la conversation de toute à l’heure, non ? C’était étrange qu’il pose cette question… Chiyo était perdue. Elle ne voulait pas où voulait en venir le Dragon. Mais elle n’aimait pas vraiment la tournure que cette conversation prenait.

“Est-ce à tes flammes d’avoir le dernier mot ou bien à toi ?”

Hein ? Que venait-il de sortir ? Comment voulait-il qu’elle traite ses flammes ? Elles n’étaient pas des esclaves, elle n’avait pas à leur donner des ordres. Chiyo trouvait la vision du reptile mauvaise. Ses flammèches étaient ses amies, ses confidentes, ses miroirs. Elles faisaient partie d’elle et la gamine n’avait aucune envie de les traiter comme des objets ou des esclaves à son service. C’était une relation de confiance. Énervée de voir que le géant ne voyait ses feux follets que comme des bêtes à soumettre, l’Oni répondit.

▬ Ce n'est pas parce que l'une d'entre elles n'a pas envie de faire des courbettes au vieux Dragon qu'elle ne m'obéit pas. Répondit-elle avec un petit rire.

Ce rire était plus ou moins destiné au Dragon. Ce qui faisait rire, c’étaient les réactions de ses flammes. Elles étaient énervées contre le Dragon et se permettaient des commentaires parfois assez violents ou uniques. La demoiselle ne pouvait pas se retenir. Cependant, elle était sincère dans ses paroles. Ses flammèches lui étaient fidèles, elles finissaient toujours par faire ce que Chiyo demandait. Le vieux reptile était juste très sérieux et impatient. Il ne voyait que le danger dans ses amies. L’Oni, elle, y voyait des centaines d’heures de jeux et des amies fidèles.

Elle partageait leur avis sur le géant et comprenait totalement que Colère n’ait pas envie de faire ce que disait le vieux dragon. Trop strict, trop énervant, trop fier. Il n’y avait rien d’amusant avec lui. Il était ennuyant à en mourir.

“Je vois, tu préfères te confondre en excuses et manquer de respect à tes sauveurs, rien de surprenant à ce que tes flammes ne t'obéissent pas.”

Une colère sourde envahie alors l’enfant. Elle en avait assez. Ce vieux était buté comme jamais ! Il ne voyait que ce qui l’intéressait, ignorant tout le reste. Pensait-il vraiment être son sauveur ? Il avait un bien grand ego dis donc. La jeune se retint de lâcher un rire jaune. Non mais vraiment, que croyait-il ? Des excuses ? Du respect ? Que croyait-il ? Elle s’était retenue, mais s’il voulait vraiment qu’elle lui dise ce que pensait réellement, elle allait lui dire. Les yeux froids comme jamais, elle lui répondit d’un ton calme et glacial.

▬ Premièrement, je ne manque pas de respect envers mes sauveurs. Deuxièmement, pourquoi devrais-je me confondre en excuses quand je partage en partie l'avis de ma flamme. Cher Dragon, vous dites que je manque de respect envers mes sauveurs, mais je ne me souviens pas avoir dit que ma flamme ne voulait pas faire de courbettes à tous les dragons. Comprenez que je ne vous considère pas comme mon sauveur. Ce n'est pas vous qui m'avez sorti des griffes des Humains et ce n'est pas vous qui vous occupez réellement de moi depuis que je suis ici. Vous vous contentez de m'observer de loin afin de faire bonne figure face aux Anciens, mais cela s'arrête là. Alors veuillez excuser ma flamme, mais après nous avoir ignoré si longtemps, il est compréhensible que nous n'ayons pas forcément envie de vous écouter.

Il était content maintenant ? La violette lui avait ce qu’elle pensait réellement de lui. Il n’était qu’un vieux serpent qui ne savait même pas ce qu’un enfant avait besoin. Alors du respect, elle n’en aurait pas et des excuses, elle n’aurait nullement besoin d’en faire. S’il avait su s’occuper d’elle, cela ne serait jamais arrivé. Tout était de sa faute.

“Ne te méprends pas, en te gardant ici nous te protégeons tous. Apprends à faire preuve de reconnaissance, toi qui sembles aimer faire des leçons à tes aînés.” Lui répliqua-t-il d’un ton froid qui contenait une puissante colère.

Chiyo devait-elle avoir peur ? Devait-elle s’excuser en l’implorant ? Que pensait-il qu’elle allait faire en entendant ça. Il avait sa fierté, elle avait la sienne également. Elle n’avait rien fait de mal alors elle n’avait pas à s’excuser. Il croyait savoir des choses sur elle alors qu’il était aussi ignorant qu’un nouveau-né. Aimer faire des leçons à ses aînés ? Qui croyait-il qu’elle était ? Que voyait-il depuis le début ? Ah… Mais pourquoi se demander ça. Ce dragon était bien trop bloqué dans ses idées pour voir la vérité. Il était inutile de discuter avec lui. Cependant, Chiyo ne pouvait pas le laisser se faire de fausses idées sur elle, même si c’était une vaine tentative de le changer.

▬ Celui qui se trompe, ce n'est pas moi. Vous dites que je ne suis pas reconnaissante, mais vous avez tort. Je le suis, à ma manière. Vous, vous comportez comme les Hommes. Vous avez établi des règles strictes que tous doivent suivre, qu'ils soient nés en ces lieux ou non. Moi, je suis les lois de la nature. Je chasse pour manger, je tue pour survivre et je n'attaque pas ceux qui viennent de m'épargner. Mon physique est celui d'un être humanoïde, mais mon cœur est celui d'un animal sauvage et ce n'est pas mes pauvres années passées parmi les Hommes qui arriveront à changer ça.

Elle était elle, il était lui. C’était son erreur. Il ne devait pas penser qu’elle était comme toutes les personnes en ces lieux. Elle avait vécu des choses qui l’avaient modifié. Il fallait apprendre à la connaître, à connaître son passé pour arriver à décrypter ses gestes et paroles. Mais le serpent noir était bloqué dans ses à priori.

▬ Vous me jugez sans me connaître vraiment et c'est ce qui vous amène à avoir tort. Conclut-elle.

Espérait-elle qu’il comprenne ? Non, pas la moindre seconde. S’il avait compris, alors cette discussion n’en serait jamais arrivée là. Elle savait que cette discussion était vaine. Elle avait déjà abandonné. Elle ne fut même pas surprise de le voir l’attraper par le cou et la soulever au-dessus du sol. Avait-elle peur ? Non. Qu’il s’énerve, cela ne changeait rien.

“Je te conseille de mesurer tes paroles.” Souffla l’ancien d’une voix rauque.

Oh là là, elle avait peur. Pensait-il que ces paroles allaient vraiment lui faire quelque chose ? Pensait-il qu’elle avait peur de la mort ? Elle l’avait déjà vu, et cela, à plusieurs reprises. L’idée de perdre la vie ne l’effrayait pas. D’autant plus qu’actuellement, le plus pitoyable était le lézard. Le voilà, à peine conscient de ce qu’il faisait, qui montrait ses crocs. Un chien qui menace plus qu’il attaque. L’enfant planta son regard dans celui du Dragon. Un regard froid, méprisant.

▬ Vas-y, attaque-moi, tu es comme les autres au final. Souffla-t-elle avec mépris.

Cette résistance sembla lui déplaire, puisqu’il raffermit sa prise. Cependant, l’expression de Chiyo ne changea pas. Elle était déterminée. Il n’arriverait pas à la faire craquer ainsi.

“Eh bien eh bien Olriaesvelgrenchixalkan, n’êtes-vous donc pas capable de vous occuper d’une jeune fille sans en arriver à ces extrémités ? Je ne m’attendais à rien et je suis quand même déçue. Il serait peut-être de bon ton que vous la relâchiez avant qu’elle n’étouffe.” Déclara alors une voix féminine sortie de nulle part.

Le vieux Dragon lâcha alors la demoiselle violette. Celle-ci se réceptionna agilement au sol. Même s’il avait diminué sa capacité à respirer pendant quelques minutes, Chiyo restait toujours vive. Elle avait vécu pire. Se massant tout de même le cou, elle regarda la Dragonne qui avait les interrompu. C’était une magnifique jeune femme à la chevelure rouge et aux cornes de la même couleur. Elle semblait connaître le reptile de jais.

“C’est mieux ainsi. Ne vous en faites guère, je m’occupe de ce petit incident, après tout, nous savons tous deux mieux que quiconque lequel ne possède pas la fibre parentale.”

Ne disant rien, l’Oni écoutait. Elle devinait un peu près le lien qui les reliait. Et ce même lien l’étonnait. Elle n’aurait jamais cru qu’il aurait pu être lié à une personne de cette manière. Cependant, Chiyo se doutait qu’ils n’étaient pas en bon terme. Après tout, elle n’était jamais venue visité le géant durant tous ces mois.

“Faites comme bon vous semble.” Répondit-il avec un regard mauvais.

Il semblait bien que les paroles de la jeune dame étaient remplies de sous-entendus. Le mâle noir disparut après ces paroles, s’enfuyant à tire-d’aile. La cornue le regarda avant de poser son regard sur la femme. Celle-ci lui offrit un sourire et l’invita à la suivre. Bien que méfiante, la petite la suivit jusqu’à ce qui semblait être sa maison.

“Nous sommes enfin seules, sois sans crainte, tu es libre de t'exprimer petite Oni.” Lui déclara alors la Dragonne rouge avec une douceur étrange.

La violette avait encore quelques doutes, mais elle lui fit tout de même part de la chose. Elle lui partagea sa vision de la chose, ignorant ce que le reptile de jais avait bien pu penser, mais se retint tout de même de parler de certaines choses. Chiyo n’était pas idiote. Elle savait que la dame était en mauvais terme avec son ancien compagnon. Et même si elle ne l’aimait pas elle non plus, elle ne voulait lui planter des couteaux dans le dos. Alors, elle fit ouvertement part de son animosité à Katei, mais elle ne dit rien qui pourrait valoir à son « gardien » une réelle punition. Des remarques, la reptile rouge aurait de quoi en faire à Kana, mais des actes pouvant entraîné la chute du noir, elle en eut vent d’aucuns.

Finalement, quand la petite Oni eut terminé son récit, la noble géante se contenta d’un hochement de tête. Puis, elle reprit la parole.

“Tu peux revenir quand tu le souhaites ma chère, je serais ravi de partager quelques-unes de nos expériences.” Elle sourit avant d’ajouter. “Maintenant, va, je suis sûre que tu as envie de te défouler.”

Chiyo la regarda pendant une ou deux minutes, indécise, mais finit par s’enfuir dehors. La première impression que l’Oni eut de Katei était que c’était une Dragonne bien étrange.

[…]

Depuis ce jour, Chiyo et le Dragon de jais s’évitaient. Cela ne dérangeait pas l’enfant. Elle avait d’autres personnes qui s’occupaient d’elle alors que le reptile soit là ou non, cela ne changeait rien. La journée, c’était Raen qui s’occupait d’elle, lui apprenant de nouvelles choses et essayant de lui apprendre des choses avec ses flammes. Le soir, elle allait voir Katei pour discuter avec elle.

La première fois que le vert avait vu ses flammes, il avait voulu lui proposer Kana comme professeur, mais Chiyo avait refusé net. Jamais elle ne reparlerait à ce vieux géant borné. Elle préférait encore s’entraîner seule ! Le Dragon vert semblait surpris par ce refus et l’Oni dut lui raconter ce qu’il s’était passé. Cela semblait inquiéter le reptile. La petite ne comprenait pas pourquoi. Il y a toujours des personnes que l’on ne peut pas supporter, c’est la vie. Pourquoi tenait-il autant à ce qu’ils s’apprécient ? Mais cette interrogation disparut bien vite quand le géant vert continua à lui enseigner des choses sans reparler du Dragon noir.

Katei, quant à elle, semblait très intéressée par les actions de son mari. Elle posait toujours des questions à la violette entre deux explications. Chiyo n’avait pas grand-chose à lui dire puisqu’elle évitait le volant de jais. Cependant, cela ne semblait pas énerver la Dragonne rouge. Elle restait très souriante avec la petite. Si au début, ce sourire semblait faux, il se fit de plus en plus sincère avec les mois. La reptile de feu s’attachait à la petite enfant. Elle s’était même mise à lui donner des astuces pour contrôler et manipuler son feu à sa guise. Pourtant, au début, elle voulait uniquement lui parler de l’attitude que Chiyo devait aborder en présence d’autres Dragons.

Au final, après quelques mois, l’Oni s’était mise à rester chez Katei la nuit. Elle partait la journée parler avec Raen et s’amuser puis elle revenait le soir pour parler manières et paroles. Et tout cela se passait sans qu’elle n’accorde un regard à l’ombre qui la suivait. Elle en avait même presque oublié l’existence. Mais à chaque fois qu’elle était sur le point de l’oublier, il revenait l’énerver.

C’était une journée comme les autres. Vers le milieu de l’après-midi, le géant olive entraînait la demoiselle. Elle obéissait tranquillement, faisant les exercices que lui demandait le jeune Dragon. Cependant, Raen mit fin au cours plus tôt que d’habitude, disant qu’il devait aller voir un Ancien. Il lui avait aussi que quelqu’un allait lui faire cours à sa place, mais Chiyo se demandait bien qui viendrait l’aider. Aucun Dragon ne lui adressait la parole en dehors de Katei et lui. Et la violette savait que la belle rouge était occupée.

Pour la gamine, le cours était fini et elle allait pouvoir jouer un peu avant de rentrer. Explorer ne la tentait pas trop, d’autant plus que ses flammes étaient encore trop excitée pour aller dormir. Explorer dans cette situation était dangereux, elle pourrait brûler quelque chose… Cependant, la jeune fille avait déjà une idée de jeu. Ses flammes avaient besoin de se défouler et elle avait envie de tester ces nouvelles capacités alors elle allait recréer un champ de bataille miniature.

Elle changea certaines flammes en Humains avec des lances, d’autres devinrent des animaux sauvages. Et quand les deux camps furent créés, Chiyo fit combattre tout le monde. Elle donnait la direction à chaque flamme, bougeant tour à tour chaque camp. Un loup prit un Homme, mais il était protégé pour son partenaire qui tua le canidé.

L’enfant était à fond dans son jeu qui imitait un champ de bataille. Ses flammes, elles, avaient remarqué le lézard, mais ne disaient rien. Elles l’ignoraient et laissaient leur maîtresse dans son univers.

“Ta maîtrise a augmenté.” Commenta Kana à un moment.

Cela apprit sa présence à la violette. Pour autant, elle ne se tourna pas vers lui et continua à jouer, demandant à une flamme-ours de manger une flamme-Homme qui s’était isolée.

▬ En effet. Finit par lancer la violette, tout en jouant.

Elle n’avait aucune envie de lui parler. Pourquoi le faire, cela allait finir comme la dernière fois. Il n’était qu’un vieux Dragon borné. Après avoir pensé à cela, l’Oni redonna toute son attention à sa simulation, ignorant de nouveau le reptile noir.

“J'irai droit au but. Tu ne m'apprécies guère, je ne t'apprécie guère. Par conséquent, je ne serais pas tendre avec toi.” Sortit-il après un moment de silence. “Mais si tu souhaites t'améliorer, je peux t'y aider. Tu as le potentiel de réussir.” Finit-il avant de se retourner.

Silence.

L’enfant ne réagissait pas. Elle n’avait pas envie de le suivre. Raen et Katei lui suffisaient. Pourquoi aller avec un despote quand on peut avoir deux crèmes ? Il n’avait qu’à partir, elle serait enfin plus tranquille pour jouer. Cependant, il s’arrêta après quelques pas et ajouta.

“Ah avant que j'oublie, tu devras m'attaquer en utilisant toute ta puissance.”

La fillette tiqua. Ses flammes crièrent vengeance. Un sourire carnassier apparut sur le visage de la jeune. S’il acceptait qu’elle y aille à fond, elle allait lui montrer. Il allait regretter tout ce qu’il avait dit ! Elle changea ses flammes en deux grosses boules de feu, les rassemblant toutes ensembles, et les jeta avec force sur le géant couleur nuit.

[…]

Kana était un bon enseignant, qui l’aurait cru. Au début, Chiyo était frustrée de ne pas le toucher, mais avec le temps, ce sentiment disparu. Le Dragon lui apprit à se battre et à faire de ses flammes des armes mortelles. Il était dur avec elle, mais cela ne fit qu’augmenter ses capacités au combat. L’Oni ne regrettait pas. Elle ne regrettait rien. S’ils s’étaient entendus dès le départ, elle ne serait jamais allée aussi loin. Cette dispute était donc une bonne chose.

Les entraînements avec l’Ancien firent venir les curieux et au fil des mois, la demoiselle créa quelques amitiés avec de jeunes Dragons. Elle leur montrait même certains mouvements que seuls le noirs pouvaient faire. Chiyo le voyait, on l’intégrait petit à petit dans la communauté. Elle savait très bien que c’était parce qu’ Olriaesvelgrenchixalkan l’avait accepté. Mais elle se fichait de savoir pourquoi les autres étaient finalement venus vers elle. On l’appréciait et c’était tout ce qui comptait pour elle.

Puis, plus le temps avançait, plus l’Oni devenait une Dragonne. Sa force était maintenant similaire à celles des Dragonnes de naissance, son feu était plus brûlant que certains reptiles et son cœur était désormais empli de la légendaire fierté des géants. Son gardien était maintenant plus sérieux durant les entraînements. L’écart entre eux se réduisaient de plus en plus. La moindre erreur de la part du noiraud pouvait signer sa défaite.

Une erreur, il en fit d’ailleurs une, un jour. Distrait par autre sûrement, il laissa une ouverture en plein combat. La violette ne manqua pas cette chance et attaqua, touchant le Dragon avec une force élégante qui était propre à l’Oni. Surprise, mais non moins fière d’elle, d’avoir touché sur rapidement le lézard de jais, elle lui lança d’un ton moqueur.

▬ Bah papa, tu te ramollis ?

Si la question était moqueuse, le terme pour désigner le géant était sincère. Cela faisait plus de deux ans qu’ils se côtoyaient et l’enfant considérait sincèrement Kana comme son père. Il était protecteur et patient avec elle. Parfois, ils se criaient dessus, mais ils finissaient toujours par se réconcilier. De ce que Chiyo connaissait des relations parentales, cela s’approchait d’une relation père-fille alors pourquoi ne pouvait-elle pas l’appeler ainsi. Elle appelait bien Katei mère.

Le Dragon semblait tout de même perturbé par ce qu’elle venait de dire. À moins qu’il n'était gêné. Peu importe ce qu’il pensait, la violette ne changerait pas. Elle avait décidé de l’appeler ainsi, elle l’appellerait ainsi. Quoi qu’il en soit, le reptile finit par sortir de sa transe quelques minutes plus tard.

“Plaît-il ?” Demanda-t-il dans un toussotement. “Hm, oui, c'est bien Chiyo.”

Cela fit rire la jeune fille qui ne pouvait pas s’empêcher de s’amuser dans la réaction de l’Ancien.

[…]

Les années passèrent. Les Dragons finirent par accepter totalement la demoiselle et lui donnèrent un nom : Chydyssoltavnema. Chiyo l’aimait bien ce nom. Elle en était fière. Kana l’était sûrement aussi, même s’il ne le disait pas. Depuis des centaines d’années maintenant, il la prenait sur son dos à chaque fois qu’ils devaient bouger. Un vrai papa poule. Cela faisait rire l’Oni, mais en même temps, elle était fière de voyager sur le dos d’un immense dragon de jais.

Elle aimait voir les regards des Humains qu’ils croisaient. Leurs yeux brillaient d’admiration. La petite demoiselle s’amusait souvent à les saluer élégamment, cachant la moitié de son visage derrière ses longues manches blanches et dorées. Souvent, cela durait une minute au plus, le temps que Kana passe devant eux. Puis, les deux créatures s’en allaient, volant avec délicatesse dans les cieux.

Ces apparitions, tant elles envoûtaient les Hommes, donnèrent lieu à une légende. Ce que la violette n’apprit que des milliers d’années plus tard.

À l’époque, Chiyo était occupée à autre chose. En effet, bien que certains la considéraient encore comme une Oni et ne souhaitaient pas sa présence, la petite était venue assistée à une naissance. Cela faisait des centaines d’années qu’elle voulait voir un Dragonneau sortir d’un œuf et enfin, on acceptait qu’elle vienne. Kana ne semblait pas très enthousiaste, mais la belle en fit abstraction. Elle allait enfin voir une naissance !

Cependant, cela ne se passa pas comme prévu. Le bébé ne vit jamais le jour, restant à tout jamais dans son œuf. C’était incompréhensible pour la violette. Alors que son père, comme tous les autres reptiles, s’en allait, elle ne put s’empêcher de poser la question.

▬ Pourquoi il n’a pas éclot ?

La seule réponse qu’elle obtint, ce fut de ne jamais évoquer ce sujet avec Raen. Chiyo était maintenant assez âgée pour comprendre cette réponse. Un enfant qui ne sort pas de sa coquille est un enfant qui ne vivra jamais… Et son oncle avait déjà vécu cette terrible expérience… Elle était triste pour lui.

[…]

Les années passèrent de nouveau. Cependant, il y avait quelque chose, ou plutôt quelqu’un, qui dérangeait la jeune femme. Chiyo le remarquait toujours. Il l’observait de loin lorsqu’elle parlait avec les autres Dragonnes, lorsqu’elle s’entraînait ou même lorsqu’elle voulait être seule. Malheureusement, à chaque fois qu’elle essayait de l’approcher pour lui dire d’arrêter, il s’enfuyait.

L’Oni n’aimait pas trop voir ce Dragon la suivre partout, d’autant plus que cela ne semblait pas plaire à Kana. Le reptile noir lançait toujours un regard assassin au jeune géant à chaque fois qu’il remarquait sa présence. Était-ce pour ça qu’il s’enfuyait quand Chiyo voulait lui parler ? Sûrement pas… Sinon, cela serait bizarre… Suivre la fille, mais craindre le père. La violette n’avait pas besoin d’un mâle lâche.

Cependant, le lézard blanc finit par gagner un peu de confiance en lui et il finit par venir parler à Chiyo. Mais la cornue ne changeait pas d’avis. Il lui avait fallu plus de cent ans pour oser lui parler, c’était trop tard. La Oni refusait à chaque fois les avances du dénommé Ryuhei, lui expliquant qu’il n’était pas assez fort et confiant pour pouvoir obtenir son amour.

L’enfant des Dragons était ainsi. Pour elle, la force était nécessaire. Un être faible ne pourrait pas survivre dans ce monde cruel. Malgré tout, la force ne faisait pas tout. Il fallait quelqu’un de confiant en ses capacités, sans être trop vaniteux. L’intelligence, la douceur et le côté paternel étaient également indispensables.

En y repensant, Chiyo est heureuse d’avoir exposé ses attentes au géant blanc. En effet, ce dernier n’abandonna jamais et continua à s’entraîner pour obtenir cette force et cette confiance qui lui faisaient défaut. Finalement, après plusieurs siècles, Ryuhei refit sa demande à Chiyo.

Cette dernière avait observé le lézard de neige pendant ses combats et le jugeait digne d’elle. D’un point de vue physique, la demoiselle aimait beaucoup le Dragon. Son caractère était également très agréable. La force était la seule chose qui lui manquait. À force de le fréquenter, l’Oni s’était mise à l’apprécier et elle était contente de voir qu’il avait tout fait pour obtenir une force suffisante pour survivre au monde extérieur. Chiyo était rassurée, il ne mourrait pas facilement.

Alors la violette accepta la demande de Ryuhei. Kana n’était pas content de cela, voyant le géant blanc comme celui qui lui volait sa fille, mais il ne fit rien. Le bonheur de sa fille était plus important, la cornue le savait et cela lui faisait chaud au cœur.

[…]

De nouveau, les années passèrent. Cependant, cette fois-ci, la demoiselle avait Ryuhei à ses côtés. La Oni ne regrettait pas sa décision. L’amour qu’elle portait au Dragon n’était pas ardent et brûlant comme certains pouvaient le ressentir, c’était plutôt un sentiment de sérénité, de plénitude. Ils se complétaient et plus les années passaient, plus Chiyo pouvaient le sentir.

Cependant, la femme se mit à ressentir d’autres choses. Des sentiments qui n’étaient pas le siens la traversaient. Peur, douleur, terreur, faim, angoisse… Ces émotions apparaissaient subitement et disparaissaient aussi rapidement. Et puis, il y avait ces endroits. L’Oni les voyait même si elle ne savait pas où ils se situaient.

Au début, la violette ignora ces étranges phénomènes, mais ils continuèrent et s’amplifièrent même. Au bout d’un moment, elle abandonna et décida de se rendre à l’un des endroits qu’elle voyait. Elle y alla seule, ne voulant pas impliquer les Dragons dans ses étranges histoires.

Ce que Chiyo trouva la surprit au plus au point. Deux jeunes Oni étaient cachées dans une cave naturelles, apeurées et affamées. La vieille demoiselle leur tendit alors sa main, leur promettant de les emmener dans un lieu sécurisé où elles pourraient dormir tranquillement et manger à leur faim. Les deux petites, découvrant certainement pour la première fois un membre de leur espèce, attrapèrent cette main et suivirent la violette.

Chiyo les ramena chez les Dragons, les hébergeant dans sa maison. Cette dernière était légèrement éloignée des autres, ce qui permit aux petites de ne pas être terrifiées par les géants volants. L’Oni se porta garante des deux membres de son espèce auprès des Dragons. Elle expliqua aux Anciens ce lien étrange qui l’unissait à tous les autres individus de sa race. Étrangement, ils comprirent ce fait et approuvèrent l’idée de la jeune “Dragonne” améthyste d’amener tous ceux qu’elle entendrait près des Dragons.

Les Oni se firent alors de plus en plus nombreux au fil des années. Chiyo, qui les avait presque tous trouvés en fuite, leur apprit à se battre. Elle les forma au combat comme Kana l’avait éduqué. Elle leur apprit à maîtriser leurs dons, leur apprit l’élégance et la fierté des Dragons. Finalement, elle leur apprit à ne pas compter sur les hommes. L’Oni avait principalement secouru des femmes et elle leur fit comprendre qu’elles étaient aussi fortes que les hommes. Elles n’avaient pas besoin de se dévaloriser. Au contraire, la violette leurs fit comprendre qu’elles étaient plus fortes que la plupart des hommes de leur espèce.

Dans le clan de la cornue, les femmes étaient celles qui dirigeaient. Les hommes n’arrivaient jamais à se rapprocher de la violette. Les deux seules exceptions étaient son mari, Ryuhei, et son fils, Akira. Cependant, ils étaient tous les deux des Dragons et étaient donc bien plus puissants que les Oni. Même le jeune Akira, qui avait à peine plus de 50 ans et qui avait l’apparence d’un enfant de 10 ans, vainquait facilement les Oni mâles du clan.

Il était la fierté de sa mère, Chiyo, et quiconque osait lui faire du mal s’attirait les foudres de l’Oni. Très populaire après des femmes du clan, le jeune dragon blanc aux cornes rouges était chouchouté par ses dames. Mais il apprenait également auprès d’elles. D’habitude, les techniques de combat étaient uniquement transmises entre femmes. Cependant, Akira était un Dragon et il pouvait donc apprendre les techniques qui étaient à l’origine celles de son grand-père, Kana. Le jeune géant était donc un monstre pour la gent masculine du clan de Chiyo.

[…]

La paix ne dure jamais. Les années de calme et d’harmonie étaient terminées. Les Humains n’écoutaient plus les Surnaturels et leur faisaient la guerre. Les Oni de Chiyo, qui pour la plupart, vivaient en bas de l’arbre géant des Dragons, étaient régulièrement attaqués par les Hommes. Le clan n’avait aucun mal à les repousser, mais cela devenait lassant. À quel moment les bipèdes étaient devenus si prétentieux ? Non… Ils l’avaient toujours été. Cette question ne se posait pas. Les Hommes avaient simplement caché leur malice, le temps de trouver un moyen de tuer ceux qui les avaient protégés pendant des milliers d’années.

Les Anciens ne voulaient pas se mêler des affaires des Oni, croyant bêtement que les Hommes les vénéraient toujours. Les Hommes leur avaient tourné le dos depuis un long moment déjà. Il était inutile de penser qu’un retour en arrière était possible. Le chien avait déjà mordu la main de son maître, il ne lui obéissait plus.

Cependant, Chiyo se fichait bien de ce que la communauté des volants pensaient. Elle avait d’autres chats à fouetter. De nouvelles créatures faisaient leur apparition ces derniers temps, énervant encore plus les Humains. Elle était bien agacée par le comportement irréfléchi de ces nouveaux venus. Il allait falloir leur dicter les règles.

Mais, même si elle avait dit cela, la violette ne pensait pas à une guerre totale. Une des nouvelles créatures avait tué l’Ancien des Dragons, attisant leur colère. Les “Vampires” décimaient des villages entiers, se mettant à dos toutes les autres races. Les querelles ici et là s’amplifiaient d’un coup et au final, deux camps se créèrent. Chiyo, ayant toujours vécu parmi les géants volants, rejoignit leur camp. Son clan avait suivi. Ils étaient terriblement loyaux envers « leur mère » et ils étaient prêts à écraser tous ceux qui se dresseraient sur leur chemin.

Juste avant la guerre, les dix Oni les plus proches de la violette lui dirent même ceci. “Cheffe, vous devriez en profiter pour prendre le pouvoir. Vous devriez les avertir en disant que s'ils ne vous rejoignent pas, ils seront tués.” Au début, la demoiselle n’était pas vraiment d’accord avec cette idée. Et puis à force de réfléchir, elle finit par se dire que ce n’était pas une si mauvaise idée.

Les guerres de pouvoir ne sont pas une bonne chose. En soit, Chiyo n’avait pas envie de diriger tous les Oni de l’île. Cependant, sa famille risquait d’être prise dans des luttes pour la domination de l’espèce si elle ne faisait rien. Attaquer maintenant était la meilleure solution. Le clan était grand et fort, les autres clans ne savaient pas leur puissance et ne connaissaient aucune de leurs techniques. Elle pouvait écraser ceux qui étaient trop attaché au pouvoir ou ceux qui ne supportaient de voir une femme à la tête d’un clan avant qu’ils ne deviennent gênants.

Ainsi, lorsque vint le moment de la bataille, le clan de Chiyo avait déjà reçu ses ordres. Elle donnerait un seul et unique avertissement au début de la bataille. Il ne fallait pas attaquer ceux qui se rendaient, cependant, il fallait se montrer sans pitié pour ceux qui résistaient. Les prisonniers étaient interdits. Après tout, ceux qu’ils affronteraient les tueraient sans le moindre remord.

Les deux camps se faisaient face. La vieille Oni voyait que d’autres individus de son espèce se tenaient dans le camp ennemi. Dans un rugissement puissant et intimidant, Chiyo avertit les Oni ennemis.

▬ Ce message s’adresse aux Oni, il sera notre seul avertissement ! Si vous vous rendez maintenant, nous épargnerons vos vies. Si vous voulez tout de même vous battre alors nous serons sans pitié !

Les guerriers du camp de Chiyo montrèrent leur détermination en poussant des cris de guerre. Ces derniers couvrirent le bruit des batailles qui faisaient déjà rage ailleurs et les Oni les plus faibles rendirent les armes. D’autres, plus âgés, décidèrent de se rendre afin de survivre. Ils voyaient bien que ce petit bout de femme était plus puissante qu’elle ne le laissait paraître.

Cependant, certains ne voulurent rien entendre. Certains n’acceptaient pas l’idée qu’une femme puisse diriger un clan. D’autres ne voulaient pas laisser leur place de « chef ». Ils se pensaient tous capable de battre l’enfant des Dragons… Mais ils se rendirent bien vite de leur erreur.

Les Oni affiliés aux Dragons s’étaient élancés, fonçant vers leurs ennemis. Un homme se jeta sur la jeune fille avec une aura meurtrière. Il était faible… Chiyo esquiva tranquillement sa charge et fit voler le haut de son corps avec un air ennuyé. Elle se dirigea vers deux autres Oni et créa deux profondes entailles dans les gorges, ne leur laissant pas le temps de réagir.

L’enfant continua son massacre, un sourire mauvais sur le visage. Elle taillait ses ennemis avec une facilité déconcertante, brûlait ceux qui voulaient la surprendre par-derrière et dirigeait ses troupes comme si on lui avait fait don à sa naissance d’un esprit stratège. Le nombre d'Oni adversaires était proche de 0 dorénavant. Plus personne ne voulait se dresser devant ce monstre, mais c’était trop tard. Chiyo avait donné son avertissement au début, maintenant, elle ne ferait pas de cadeaux.

Un sourire carnassier sur le visage, les doigts ensanglantés, des ego-flammes flottants autour d’elle en ricanant, la Cheffe marchait tranquillement vers ses dernières victimes. Celles-ci étaient paralysées par la peur et regardaient la Mort s’approcher. Elles regardaient la violette levée ses griffes en l’air avant de les abattre sur leur gorge. Et tous ceux qui virent cette scène donnèrent des surnoms à Chiyo : « L’enfant souriant » ou encore « La maîtresse des flammes » étaient les plus courant.

Une fois tous les Oni ennemis battus, la jeune femme n’avait plus besoin de se battre. Plus personne n’oserait se rebeller avant un moment. Cependant, des individus d’autres races commencèrent à l’attaquer et Chiyo dut continuer à se battre pour survivre.

La guerre s’éternisa… Seuls les plus forts pouvaient encore tenir debout. Cependant, ils étaient tous à bout. Chiyo en faisait partie. Elle tenait debout, elle ne savait pas trop comment, mais elle tenait encore. Elle esquivait de justesse les attaques de son adversaire et puisait dans ses réserves pour contre-attaquer. Cependant, était-ce nécessaire de continuer ? Pourquoi se battaient-ils ainsi ? Ils ne se connaissaient même pas…

Ce fut à ce moment qu’un étrange surnaturel fit son apparition. Il s’agissait du futur Vendeur de Masque. Il mit fin à cette guerre, raisonnant les derniers combattants, et leur montra ceux qu’ils avaient fait. Tout ce qui se trouvait autour des surnaturels était devenu un champ de ruines. L’Obake chat convaincu alors chaque race de choisir un Chef. Pour éviter une autre catastrophe de se genre, les Chefs discuteraient régulièrement des problèmes de chaque race et des solutions seraient proposées lors de ces entrevues.

Chaque espèce se mit à discuter, cherchant leur Chef. Pour les Oni, ce fut assez simple. Le clan de Chiyo désigna la violette comme leader. Les survivants de la boucherie avaient trop peur d’être tué qu’ils approuvèrent la décision. La demoiselle ne dit rien quant à cette décision. Elle était concentrée sur autre chose.

Elle venait de voir la communauté de Dragons qui l’avait élevé partir dans les airs. Il lui semblait avoir vu son père, Kana, discuter avec un autre Dragon qu’elle ne connaissait pas. Chiyo était un peu triste, ils étaient partis sans rien dire… Cependant, cette tristesse ne fut que passagère. Elle avait toute une race à gérer… Et puis, son fils et son mari était encore là alors ce n’était si triste. L’Oni savait qu’un jour ou l’autre, elle reverrait son père et sa mère.

[…]

Après la guerre, Chiyo décida de mener les Oni ailleurs. Rester au niveau de la région de Tohoku était trop dangereux. Ils risquaient d’être accusés d’avoir créé cette catastrophe, ce qui en soit, n’étant pas totalement faux… La violette mena les cornus jusqu’à ce qui se nommerait plus tard Kyoto. Ils s’installèrent non loin d’un village, se mêlant dans temps en temps aux Humains tout en évitant de se faire remarquer.

Après le carnage, un moment de paix aurait dû naître. Cependant, certains Oni conservaient une haine contre l’enfant et tentèrent de la tuer pour prendre le pouvoir. Quelques-uns, confiants ou idiots, demandèrent un duel à Chiyo. Celle-ci accepta et les battit sans le moindre mal. Elle n’avait pas usurpé son rang de Chef et les Oni qui comptaient la tuer se rendirent rapidement compte que la tuer d’une manière noble était voué à l’échec.

Les assassinats commencèrent alors. Poisons, embuscades, assassins. Il y avait de tout… Malgré tout, toutes les tentatives échouaient toujours. Et après des centaines d’années à subir ces tentatives, Chiyo en eut marre. Elle savait qui tentait de la tuer depuis longtemps, mais elle avait espéré que leur haine s’apaiserait lorsqu’ils comprendraient pourquoi elle avait fait ça… Cependant, le cœur de ces Oni semblait noirci jusqu’au bout et malheureusement, la mort était le seul moyen pour qu’ils arrêtent de s’en prendre à la Cheffe…

Un jour, elle arrêta donc tous les conspirateurs et les menèrent jusqu’à la place centrale. D’une voix ferme, elle expliqua leur cas au reste de la communauté. Cela faisait près de 500 ans que certains essayaient de tuer la vieille Oni. Elle avait espéré qu’ils changeraient et qu’ils arrêteraient ces actes ignobles, mais ils ne semblaient pas revenir à la raison et continuaient… Il était donc temps de cesser tout cela. Tous les Oni ayant conspiré contre la Mère seraient tués. Leur famille serait également tuée afin d’éviter la vengeance d’un membre des traîtres.

La cornue demanda si cela déplaisait à quelqu’un, mais sa question laissa seulement place à un silence. Personne voulait finir comme les comploteurs et se taisaient donc. Satisfaite de ce silence, la violette s’approcha des criminels et avec une peine certaine dans les yeux, elle les tua un à un. Chiyo ne prenait pas plaisir à les exécuter. Ils étaient des membres de sa famille et prendre leur vie était très douloureux pour l’Oni. Cependant, elle n’avait pas d’autres choix…

Par la suite, l’enfant mit au clair le système qui régissait les Oni. Elle était leur Cheffe, leur Mère et était la plus puissante. S’en prendre à elle était synonyme de mort. Ensuite, si elle avait un jour une fille, celle-ci serait la prochaine Mère. Tout le monde lui devrait du respect et s’en prendre à elle serait également synonyme de mort. Après, toutes les femelles étaient supérieures aux mâles. Le moindre irrespect de la gent masculine donnerait lieu à des sanctions. Parmi les femelles, le “conseil” composé des dix plus vieilles Oni devra être respecté par les autres. Les femelles s’entraideraient entre elles et élèveraient les filles de tout le monde.

Parmi les mâles, la loi du plus fort fera tout. Un tournoi annuel aurait lieu pour créer une hiérarchie. En fonction du rang dans la hiérarchie, les mâles auraient plus ou moins de privilèges. Ce système ne concernait que les Oni mâles et donc, par conséquent, Ryuhei et Akira n’étaient pas concernés.

[…]

Chiyo aurait dû se douter que ce jour arriverait à un moment ou à un autre… Son fils commençait à vieillir et ses différences avec les Oni se faisaient de plus en plus sentir. Cela s’était réellement montré quand la violette avait bien encadré le système des cornus. Et finalement, un jour, Akira était allé voir sa mère dans la demeure familiale.

- Mère ? Puis-je vous parler ? Avait-il demandé.

La Cheffe accepta la demande de son fils, n’étant pas occupée. Elle le fit entrer et le laissa s’asseoir en face d’elle. Akira semblait gêné, comme s’il ne savait pas comment aborder la chose. Alors la dragonne demanda à son fils, un doux sourire sur le visage.

▬ Qu’y a-t-il mon fils ? Tu sembles vouloir me dire quelque chose.

Le cornu hésita quelques minutes, mais finit par prendre la parole, vaincu par l’air doux et le ton mielleux de sa mère.

- … J’aimerais aller voir les autres Dragons avec père ! Avait-il lancé d’une traite.

Tout en gardant son sourire, la vieille Oni fut légèrement triste. Elle savait que cela allait arriver. Akira était un Dragon, il était normal pour lui de vouloir connaître les siens… Chiyo, comme toutes mères, aurait juste aimé qu’il le demande plus tard. Cependant, la violette avait suffisamment vécu sur cette terre pour savoir qu’aller à l’encontre des envies de son fils était mal. Alors dans un sourire légèrement triste mais rempli d’amour, la Cheffe répondit.

▬ Tu peux y aller, ne t’inquiètes pas.

Un sourire apparut sur le visage de l’enfant qui remercia sa mère. Elle le regarda quitter la pièce en souriant, attendant qu’il parte pour laisser ses émotions arriver. Elle savait que c’était le bon choix, mais elle ne pouvait pas s’empêcher d’être à la fois triste et inquiète.

Pendant les quelques jours qui précédèrent le départ des deux Dragons, Chiyo donna plusieurs fois les mêmes consignes à son mari. Il devait veiller sur Akira et le protéger du moindre danger, elle ne voulait pas le retrouver blesser, et en arrivant là-bas, il devrait demander à Kana de se charger de son éducation. Le père de la violette était un excellent enseignant, elle n’avait pas peur de laisser son fils entre ses mains.

Et même si elle répétait cela, en plus de se dire que c’était pour le bien d’Akira, le départ fut plus dur qu’elle ne le pensait. C’était la première fois qu’on la séparait de son fils et cela lui faisait quelque chose. Une part d’elle partait… Heureusement, les femmes du conseil prirent soin d’elle les quelques heures qui suivirent le départ. Chiyo leur en est très reconnaissante.

[…]

Akira et Ryuhei étaient partis. Il ne restait que son clan à Chiyo et la cornue, pour tromper sa solitude, se plongeait profondément dans la gestion et le maintenant de la communauté. Elle était très proche des jeunes Oni qui avaient tout à apprendre. Elle adorait passer des heures à leur parler pour les éduquer, leur apprenant tout ceux que Katei lui avait appris. La grâce est une arme puissante qu’il ne faut pas négliger. Cela était d’autant plus vrai que la société des Humains changeaient.

Voilà que les bipèdes avaient maintenant un Chef, qu’ils appelaient Empereur. Des tas d’Humains venaient le voir pour espérer avoir ses faveurs. Et les femelles humaines se faisaient belles, suivant les goûts du Chef, qui devenait la mode du moment, pour espérer attirer l’attention de cet « Empereur ». Chiyo trouvait tout cela stupide, mais cette situation montrait bien que la beauté et la dextérité de parole étaient essentiels pour pouvoir survivre parmi les Hommes.

Malgré tout, la vieille Oni trouvait que les Humains se faisaient maintenant trop nombreux… Heian-kyo était devenue bien trop peuplée pour que les Oni puissent continuer à vivre ici. Il leur fallait changer de ville, elle le sentait. Alors Chiyo mena sa famille ailleurs, remontant jusqu’à la future ville de Nagoya.

Les bipèdes y étaient moins présents, ce qui permettait aux cornus de ne pas se faire remarquer. Les Hommes n’appréciaient pas spécialement les surnaturels, surtout depuis quelques temps… Ce que la violette ne comprenait pas, jusqu’à ce qu’Akira revienne.

Le jeune Dragon était épuisé, choqué et blessé. La Mère, en le voyant arriver à bout de forces avec des blessures un peu partout et une corne brisée, comprit que quelque chose s’était passée parmi les Dragons. Malgré son impatience de savoir ce qui s’était passé, elle attendit que son fils soit remis.

Ce qu’elle entendit ensuite la mit terriblement en colère. Elle avait envie de tuer une seconde ce Heinrich qui avait osé embrigadé son fils tout comme elle avait envie de massacrer ces Humains qui avaient déclarés la guerre aux Dragons. La demoiselle était tellement en colère qu’elle oublia de maîtriser son aura, envoyant un certain nombre d’Oni dans les pommes.

Cependant, en dehors de la colère, c’était de l’inquiétude qui envahissait Chiyo. Ryuhei était parti se battre avec les autres Dragons, demandant à son fils de partir sans lui. La violette avait peur. Elle ne savait rien de la bataille et avait peur qu’il soit arrivé quelque chose à son mari.

[…]

Les deux années qui suivirent le retour de son fils furent les plus douloureuses pour Chiyo. Elle ne voulut jamais croire que Ryuhei était mort. Elle voyait bien que plus le temps passait, plus les autres la regardaient avec pitié. Et cela l’énervait. Cependant, elle comprit que pour continuer à rester au pouvoir, elle devait faire disparaître ses émotions.

Si les autres venaient à penser qu’elle n’était plus apte à pouvoir les diriger à cause de la perte de son mari, ils n’hésiteraient pas à l’évincer. Chiyo savait bien qu’il y avait des jeunes Oni ambitieuses dans les rangs.

Alors la violette enterra sa peine et sa souffrance, montrant au reste du clan une Chiyo forte et sans pitié. Mais cette façade tombait à chaque fois que la vieille cornue se retrouvait seule. Il lui arrivait souvent de pleurer seule en regardant le ciel, se demandant où était Ryuhei. Mais le pire dans cette histoire était que la demoiselle ne pouvait pas se confier, contenant encore et encore sa douleur.

Et finalement, lorsqu’au bout de deux ans de torture silencieuse Ryuhei apparut de nouveau, la violette ne put contenir ses larmes, soulagée de voir son mari revenir. Elle était si heureuse de le voir. Elle n’avait pas plus besoin de faire semblant d’aller bien. Elle n’avait plus besoin de se cacher derrière une façade.

Et entre ses sanglots, un grand sourire de soulagement apparut sur le visage de l’Oni.

[…]

Après le retour du Dragon blanc, les années défilèrent de nouveau. Et finalement, après des siècles d’attente, l’événement que toutes les femelles du Clan attendaient arriva. Chiyo donna naissance à deux héritières, deux jumelles qui se complétaient. Elles ne faisaient qu’un et possédaient d’étranges facultés.

Katsumi était une jeune Oni à la chevelure rose et aux yeux de la même couleur tandis que Kaori était une Oni à la crinière bleutée et aux yeux de la même couleur. Les deux petites étaient très énergiques et avaient cette étrange faculté de savoir ce que pensait l’autre. Il s’agissait d’une télépathie unique aux jumelles.

Mais en dehors de ça, les deux petites montraient de grandes capacités en terme de combat. Elles avaient une force qui dépassaient la plupart des Oni du clan. Elles n’étaient pas aussi fortes que leur mère, mais ce n’était pas loin. Mais cette différence de force était compensée par cette symbiose incroyable qu’avaient les jumelles. Elles n’avaient pas besoin de parler ou de se regarder pour savoir ce que l’autre allait faire. Les voir se battre était un envoûtant.

Kaori et Katsumi tenaient de leur mère, tout le monde le savait. Elles avaient la même force et le même caractère. Elles admiraient énormément leur mère et adoraient l’écouter parler de ses combats. À croire que cela les attirait. Chiyo ne savait pas trop quoi en penser. Elle espérait seulement que ses filles ne se mettraient pas en danger inutilement pour ressentir de l’adrénaline.

[…]

La vie continuait son cours. La Cheffe poursuivait l’éducation de ses filles et des autres jeunes Oni. Kaori et Katsumi étaient les plus fortes de leur groupe, mais elles savaient rester humbles et cela faisait plaisir à la vieille cornue. Elle ne voulait pas que ses enfants deviennent prétentieux parce qu’ils avaient des facilités. La vie s’est toujours comment arrêter ceux qui se pensent au-dessus des autres…

Cependant, l’Ancienne se demandait parfois si cela était également valable pour les Humains… Ces derniers se faisaient de plus en plus nombreux et de plus en plus encombrants. Ils se pensaient les maîtres du monde et n’hésitaient pas à détruire tout ce que la nature avait créé pour obtenir plus de pouvoir ou de place.

Ryuhei, qui enquêtait sur de probables survivants du combat des Dragons, avait même entendu parlé d’une rumeur qui parlait d’un « monstre ». Les murmures parlaient de Hôjô Nagatoki, le dirigeant actuel du pays, qui contrôlait une créature qui n’avait rien d’humain. Cela avait attiré l’attention des deux Dragons.

Mais en creusant un peu plus, beaucoup d’incohérence firent surface. L’apparence du « monstre » changeait souvent et il s’agit beaucoup d'on-dit, il n’y avait pas vraiment de preuves concrètes. Cette histoire était intrigante, mais elle était bien trop vague pour que les Oni tentent quoi que ce soit.

Chiyo espérait qu’il y avait eu d’autres survivants, mais elle ne voulait pas se précipiter et risquer inutilement la vie de sa famille. La meilleure solution était de continuer à écouter les rumeurs et lorsque quelque chose de concret sortirait, ils iraient voir.

[…]

L'ère Sengoku n'était pas une belle époque... Les combats étaient monnaie courante, ce qui lassait la Cheffe des Oni. Il était vrai que c'était un bel entraînement pour les mâles, mais pourquoi devaient-ils subit les idioties des bipèdes... Chiyo avait eu ouïe dire qu'un refuge pour les surnaturels se trouvait plus au nord, cependant, elle avait sa fierté et jugeait que son clan était suffisamment puissant pour s'opposer aux Humains. Il s'agissait peut-être d'une erreur de penser cela... Peut-être aurait-elle dû prendre en compte l'avis des hommes.

"Il est temps de se révolter !" Déclara un Oni à la chevelure rouge à ses compagnons, la voix remplie de colère. "Tu comptes te mesurer à elles ? Cela fait plus de 2 000 ans qu'elles règnent, tu es fou." Lui répondit un autre mâle à la chevelure verte. Cela fit grogner le rouge qui lui répondit sèchement. "Tu parles ! Elles se prélassent juste depuis 2 000 ans, elles sont faibles et fragiles comme ces humaines!" Un autre Oni à la chevelure lilas qui observait la scène de loin, prit la parole. "Tu penses vraiment que nous avons une chance ?" L'Oni rebelle se tourna vers le nouveau venu et lui répondit avec un air moqueur. "Bien sûr, on les écrasera et on devra les Chefs !"

Un peu plus loin, des Oni plus âgés qui avaient entendu leur conversation soupirèrent. Ils savaient, pour avoir vu les femmes combattre plusieurs fois, qu'ils n'avaient aucune chance. Cependant, ils se gardèrent bien de leur dire. Il fallait qu'ils expérimentent eux-même la force démesurée des femmes pour comprendre. Les anciens firent donc une prière silencieuse à l'attention des jeunes quand ces derniers décidèrent de passer à l'acte.

Le petit groupe de jeunes Oni se regroupèrent un soir et allèrent, déterminés, vers le bâtiment réservé aux femmes. Ils rentrèrent sans la moindre grâce dans l'établissement et tombèrent sur Chiyo et quelques jeunes Oni. Pendant quelques secondes, ils se regardèrent en chiens de faïence, avant que les jeunots ne se précipitent sur la Cheffe. Celle-ci évita facilement les premières attaques, repoussant les agresseurs avec une facilité moqueuse.

L'Oni rouge, à l'origine de cette révolte, hurla de rage et activa l'un de ses dons. Un don de flamme... Malheureusement pour lui, les flammes de la vieille dame étaient plus puissantes et écrasèrent les siennes. Mais les autres mâles en avaient profité pour se rapprocher de la violette et l'attaquèrent. Légèrement surprise, Chiyo parvint tout de même à éviter. Cependant, elle était un peu impressionnée par cette belle coordination.

Elle continua à esquiver les coups, faisant tout de même attention. Elle ne voulait pas qu'ils la prennent de nouveau par surprise. Mais la surprise ne vint pas d'eux. Kaori, la plus bagarreuse, envoya dans les pommes l'un des Oni. C'était un one-shot... Littéralement. Les autres hommes se retournèrent, surpris par la violence du coup. Chiyo, quant à elle, ne put s'empêcher de rigoler.

Elle n'eut ensuite, même pas besoin de se préoccuper des autres Onis. Les jeunes demoiselles, énervées par cette soudaine prise de confiance de la part des mâles, leur apprirent une leçon des plus violentes... Les jeunots furent renvoyés dans le bâtiment des hommes, sans connaissance et couverts de blessures.

Les plus jeunes étaient effrayés par la violence de la sanction tandis que les plus vieux, soupiraient comme s'ils savaient que cela allait se finir comme ça. Ils semblaient également énervés, sûrement parce qu'ils savaient que Chiyo ne laisserait pas passer cela.

Et en effet, le lendemain, l'Ancienne convoqua tous les Onis mâles et donna une sanction collective. Tous les Hommes qui avaient tenté de la renverser, même s'ils n'avaient pas participé au combat, descendraient tout en bas de l'échelle pour une durée de dix ans. Ils n'auraient pas le droit de participer au tournoi annuel pendant cette période et serait mis en première ligne lors des combats.

Sans écouter les commentaires des hommes, la violette partit. Il ne fallait pas énerver la vieille femme. Elle était sans pitié.

HRP : La suite de l'histoire est dans le post suivant.

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Chiyo
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Lun 3 Mai 2021 - 16:27
La vérité est une illusion et l'illusion est une vérité. || Chiyo 3a5r

Chiyo



Histoire, partie 3


[…]

Les Hommes sont étranges. Même s’ils savent qu’ils n’ont presque aucune chance de gagner, ils essaient tout de même… Pour Chiyo, c'était une chose bien étonnante. Elle avait du mal à comprendre pourquoi ces bipèdes se révoltaient contre le pouvoir alors qu’ils n’avaient aucune connaissance en terme de combat. Cela revenait à un suicide… Avaient-ils si peu envie de vivre ?

En soit, même si l’Ancienne posait cette question, elle n’accordait aucune importance à la réponse. Tout ce qui l’importait dans cette affaire était le « monstre » qui était utilisé par massacrer cruellement les pauvres humains. La description correspondait bien trop à celle d’un Dragon pour que Chiyo et Ryuhei fassent la sourde oreille.

Ils utilisèrent donc une révolte de bipèdes pour se fondre dans la masse et chercher le fameux « monstre ». Dans un élan de gentillesse, la violette sauva quelques stupides Hommes et puis, alors qu’elle sauvait un idiot suicidaire, elle tomba sur la créature. Cependant, elle ne s’attendait pas à tomber sur cette personne.

Son regard, auparavant blasé, se mua en incompréhension. Pourquoi combattait-il du côté des Humains ? Pourquoi les aidait-il après tout ce qu’ils avaient aux Dragons ? La jeune femme fit quelques pas en avant, cherchant à savoir pourquoi le géant noir ne réagissait pas à sa présence. Cependant, même si elle était pratiquement face à lui, Kana ne montrait même pas un signe, comme s’il avait oublié sa fille.

▬ Père ! Hurla-t-elle alors d’une voix remplie de colère.

Cette colère était due au fait qu’elle ne comprenait la situation. Pourquoi ? Pourquoi restait-il silencieux malgré tout ça ? La vieille Oni, voyant que le dragon de jais restait stoïque, serra les dents. Il n’y avait plus de colère, juste de la tristesse. Elle avait remarqué, elle avait compris.

Elle avait vu ses yeux ternes qu’avait son père. Elle avait vu ces marques similaires à des tatouages sur sa peau. Finalement, elle avait senti la magie qui imprégnait cette empreinte surnaturelle. Ce qu’elle avait devant elle n’était pas celui qu’elle avait connu, mais juste une enveloppe sans âme.

Chiyo regarda la marionnette rejoindre son « maître » et son regard triste se mua en une haine profonde. Elle avait enregistré l’odeur de la magie, elle saurait maintenant identifier le propriétaire de cette magie. Et quand elle le verrait, elle le tuera.

Sa mort serait lente et douloureuse, elle le jurait.

[…]

Les bipèdes se pensaient vraiment tout permis. L’un d’eux avait même envoyé un sous-fifre pour demander de l’aide aux Oni. Une bataille allait avoir lieu, apparemment. Et l'humain qui servait de couverture aux cornus auprès de ces répugnants seigneurs, Il Naomasa, n'était pas sûr de gagner. La raison était simple, le camp adverse possédait une arme unique… Un Dragon ancien.

Si Chiyo et Ryuhei n’étaient pas du tout enclins à aider les humains au début, leur avis changea quand ils apprirent que Kana allaient participer à la bataille. Cela faisait un moment qu’ils cherchaient à libérer le géant couleur charbon, mais n’avaient jamais d’occasions pour le faire. Cet humain leur offrait une belle opportunité.

Après discussion avec les autres Oni, Chiyo accepta de prêter main forte à ce Naomasa. Mais malgré tout, elle ne faisait pas confiance à l’homme bien qu’elle s’était gardé de le dire au subalterne du bipède. Son clan était le seul à qui cette information pouvait être donnée et aucun membre n’avait l’intention de dévoiler les pensées de leur Mère.

La grande famille se retrouva alors sur le champ de bataille, en première ligne. Cela avait de quoi énerver Chiyo. On les offrait à l’ennemi. Ils étaient de la chair à canon ! La colère de la violette se transmettait à ses enfants, qui bouillonnaient. Ils avaient besoin de passer leurs nerfs. Et finalement quand la brume se leva et que le signal fut donné, ce ne fut pas des Oni qui se précipitèrent sur les Humains adversaires, mais de véritables démons.

Les chevaux de l’unité, personnellement élevés par les Oni, galopaient à toute vitesse créant avec leurs sabots un bruit sourd et inquiétant. Puissantes et robustes, les montures arrivèrent plus rapidement que n’importe quels autres chevaux sur les ennemis. Ces derniers, surpris de voir arriver si vite des cavaliers, se firent massacrer.

Leurs cris de désespoir résonnaient encore dans la tête de l’enfant comme une douce mélodie. Elle revoyait le sang giclé quand les cornus prenaient leur vie et les chevaux continuer à avancer, écrasant quelques malheureux sur le passage. Et puis après ce premier affrontement, le silence. Un silence de mort tandis que les diables rouges continuaient leur avancée, un sourire mauvais sur le visage. Ils étaient des monstres.

Mais les monstres rencontrèrent d’autres monstres. L’unité d’Oni se confronta ensuite aux Shimazu, qui était composés en partie de Tengu. Voyant de nouveaux ennemis au loin, la vieille demoiselle s’élança en avance, abandonnant son destrier derrière elle. Un stupide Homme, en la voyant arriver, leva son sabre pour l’arrêter, mais la cornue fit bien plus rapide et le trancha net au niveau du flanc. Le sang jaillit tel une fontaine. Cependant, Chiyo était déjà loin.

Dans un air vengeur, un deuxième bipède leva son arme dans l’intention de fendre en deux l’enfant. Cependant, le geste était d’une grande lenteur pour l’Ancienne, qu’elle eut tout le temps de sauter et d’atterrir sur la lame qui s’enfonçait dans le sol gorgé du sang visqueux des morts. Elle eut un petit rire moqueur à l’intention de la vermine qui était choquée par ce mouvement inhumain avant de lui trancher le crâne. Et alors que le corps du mort tombait en arrière, la violette s’en servit comme tremplin pour avancer plus loin et scinder en deux le corps de trois pauvres Humains qui avaient avancé dans le vain espoir de l’arrêter.

Et alors que le sang émergeait abondamment des victimes, la petite se tourna vers les Humains qui restaient avec un sourire prédateur. Les Hommes tremblèrent alors, et certains se mirent même à reculer légèrement tout en murmurant un surnom : « Le Démon Ensanglanté ». Ce surnom était d’ailleurs approprié puis que Chiyo était, à ce moment, couverte du sang de ses victimes et qu’à chaque fois qu’elle faisait un pas, une goutte de sang tombait sur le sol détrempé par le liquide vital des bipèdes avec un son très caractéristique et angoissant qu’est le « plic ».

Finalement, tous les Hommes finirent par mourir, agonissant sur le sol tandis que les Oni continuaient à affronter les volants, bien plus coriaces. Cependant, Chiyo n’avait aucun intérêt pour les surnaturels dotés d’ailes, aucun d’eux ne possédant l’odeur magique qui avait emprisonné son père, et fondit donc parmi eux, tuant rapidement ceux qui se mettaient sur son chemin.

Elle avait entendu des tirs. Elle savait qu’ils appartenaient au dragon de jais. Elle devait le retrouver le plus vite possible. Mais une vermine s’interposa entre elle et son objectif. Cet insecte était étrangement plus coriace que les autres. L’Oni s’arrêta, énervée de voir un bipède l’empêcher d’avancer. Celui-ci, d’ailleurs, la regardait bizarrement. Et puis, il finit par lui lancer sur un ton railleur.

“Je ne me bats pas contre la femme et les enfants.”

Cet être inférieur pensait réellement que cela allait l’attendre ? Il se pensait suffisamment fort pour proférer de telles paroles ? Ou alors il n’était qu’un suicidaire parmi tant d’autres… Il y avait un moyen assez simple de vérifier tout cela. L’enfant donna un puissant et précis coup, entourant sa lame de ses flammes. Les têtes des deux compagnons de l’Homme roulèrent alors au sol et deux geysers apparurent.

▬ Es-tu sûr de ton choix, Insecte ? Lui demanda-t-elle, l’air menaçant et un grand sourire sur le visage qui faisaient apparaître ses crocs.

Quelques bipèdes reculèrent, surpris, mais le principal intéressé se contenta de répondre d’une voix hautaine.

“Ce n'est pas très élégant pour une jeune femme de parler ainsi, tu devrais rentrer chez toi et t'occuper de ton joli minois.”

Et alors qu’il prenait une position de combat, le sourire malicieux, la surnaturelle rigola avant de répondre d’un air moqueur.

▬ Oh, mais je vais rentrer chez moi, après mettre amusée à découper ta tendre peau de bébé et à t'entendre me supplier de t'achever.

Sa voix mielleuse montrait clairement qu’elle se moquait du combattant. Elle n’avait pas peur de cet idiot. Il était bien trop faible pour la tuer.

“Je n'aurais aucune gloire à prendre la tête d'une femme, mais je vais faire une exception pour toi.”

Pour se moquer de nouveau du guerrier, elle lâcha un « Ouh » comme si elle tremblait de peur avant de rire de nouveau et de répondre.

▬ Essaies toujours, mon petit chou. Qui sait, tes cris de rage et de douleur seront peut-être plus divertissants que ceux de tes camarades.

Le bipède regarda ses partenaires avant de répondre dans un haussement d’épaules.

“Ce qui doit arriver arrivera, mais je ferais tout pour rester en vie et t'arracher cette langue, femme.”

La seule réponse de la cornue fut un ricanement. Elle s’élança ensuite vers l’insecte qui osait lui faire face. Les armes s’entrechoquèrent une première fois avant de s’éloigner. Les deux se jugèrent quelques secondes avant de répartir à la charge. Ce combat dure un petit moment, mais il était facile de voir que petit à petit l’Humain fatiguait. Malgré sa grande force, il restait un mortel. Face à une Oni qui possédait la force d’un Dragon, il ne pouvait pas gagner.

L’insecte faisait de plus en plus d’erreurs et accumulait les blessures. L’Ancienne, elle, restait parfaitement intacte. Jamais la lame de l’humain avait éraflé sa douce et tendre peau de porcelaine. On voyait que Chiyo s’amusait. Elle appréciait le fait de couper légèrement, mais de plus en plus, la peau du guerrier. Elle lui avait dit, elle allait découper sa tendre peau de bébé avant de le tuer.

Et finalement, la demoiselle finit par s’ennuyer et transperça sans le moindre remord leur cœur de la vermine qui se pensait plus forte qu’elle.

“Ne t’y crois pas trop Oni, c’est moi qui aurait ta tête !” Hurla-t-il alors, certainement pris de folie.

Le visage froid et rempli d’ennui, la jeune femme retira sa lame du corps du bipède et le regarda tomber au sol, tel un déchet dont on se débarrassait une fois son utilité perdue. Cependant, son regard se dirigea vers la chose qui leur fonçait dessus. Son regard était toujours aussi vide, ce qui s’avérait être une mauvaise chose pour les cornus. Si Kana était toujours une marionnette manipulée alors les Oni devaient reculer. Ils n’étaient pas assez forts pour se battre contre le géant noir.

Cependant, avant même que Chiyo ne puisse prononcer un mot, un Oni qui se tenait derrière elle, du côté gauche, perdit sa tête. La Mère regarda le corps de son enfant s’effondrer avec une expression indéchiffrable. Elle était à la fois horrifiée par la scène qui venait de se passer et terriblement en colère contre ceux qui osaient utiliser son père comme outil de guerre. Elle avait une envie irrésistible de leur tordre le cou.

- Mère, ça ne serait pas…? Demanda Akira qui se tenait non loin d’elle.

Sans se retourner, Chiyo répondit.

▬ Si c’est bien lui…

Les jumelles, qui se tenaient à côté, ne comprenaient pas de quoi parlaient leur mère et leur frère. Elles n’avaient jamais vu leur grand-père et le grand-mère et ne savaient donc pas de qui il s’agissait. Kaori se permit de poser la question.

- De qui parlez-vous ?

Sans tourner son regard vers sa fille, l’ancienne Oni lui dit, la voix remplie d’une légère émotion.

▬ Ton grand-père Kaori, le Surnaturel devant toi est ton grand-père.

Les deux petites furent surprises par cette déclaration, mais Chiyo n’avait pas le temps de s’attarder dessus. Elle demanda à tous les Oni de reculer. Kana approchait et les seuls en mesure de survivre à ses attaques étaient elle et son mari.

Le dragon passa à l’attaque, envoyant de puissants projectiles de plasma sur les Oni. Cependant, la violette utilisait ses flammes pour contrer les tirs, faisant exploser ces derniers en vol. Mais malgré tout, Kana se rapprochait dangereusement d’eux. Chiyo savait qu’ils devaient l’attaquer, il n’y avait pas d’autres solutions, mais elle ne pouvait pas blesser son père. Elle ne pouvait pas…

Ryuhei, en comprenant cela, passa à l’attaque, fusant vers le vieux dragon. Cela surprit la demoiselle, qui sortit de sa transe. Elle vit son père repousser Ryuhei d’un puissant coup de pied dans l’estomac. Cette vision faisait mal à Chiyo. Elle aurait voulu ne jamais voir cela. Kana n’en avait cependant pas assez et dirigea son sabre en direction de l’abdomen du lézard blanc. Heureusement, celui-ci attrapa l’arme pour la retenir, luttant contre la douleur puisque la lame était imprégnée du feu du dragon de jais.

Finalement, voyons que si elle n’intervenait pas, son mari allait mourir, l’Oni se précipita sur le côté droit du dragon. Cependant, l’ancien prédit l’attaque et la para. Il réussit même à blesser la violette avec son gantelet lorsqu’il la rejeta. Mais Chiyo se réceptionna avec agilité et fut soulagée de voir que Ryuhei avait pu s’échapper de l’étreinte du vieux. Mais ce soulagement ne fut que de courte durée. Le géant volant se rapprocha de nouveau du blanc et l’attrapa par le cou.

La demoiselle sera les dents et commença à prendre appui sur un tronc que se tenait derrière elle pour s’élancer vers le reptile. Mais celui-ci tourna ses prunelles vers elle et transforma son mari en projectile vivant. Cela surprit beaucoup la demoiselle, mais elle réagit très vite, se précipitant vers Ryuhei pour l’attraper en vol. Ils reculèrent après, laissant des traces dans le sol. Chiyo le savait. Si elle n’avait pas rattrapé le blanc, il serait sûrement mort en s’écrasant sur le tronc du végétal.

Kana n’avait pas dit son dernier mot, se précipitant vers eux à toute vitesse. La violette poussa rapidement son mari sur le côté afin de lui éviter l’assaut de l’ancien. Il était blessé, il ne pouvait pas continuer. Le bruit du fer s’entrechoquant résonna dans le champ de bataille. De nombreux furent échangés, mais ils étaient vains. Même si l’Oni blessait son père, il restait une marionnette sans âme et sans sentiments.

Il blessait de plus en plus Ryuhei, qui malgré ses blessures, ne voulait pas abandonner sa femme. Celle-ci grogna en voyant à quel point il était mal en point. Ce combat ne menait vraiment à rien. Mais elle ne savait pas comment l’arrêter. Et tout ça était à cause des Tengu ! Énervée par cette pensée, elle attaqua son père, comme elle le faisait depuis un long moment, cependant, elle fut surprise du résultat de son coup.

Son épée s’était plantée dans sa poitrine et déjà du sang perlait au sol. La petite lâcha son arme, choquée de ce qu’elle venait de faire. L’ancien recula également. Mais le plus étonnant était son regard qu’il portait sur sa fille et les paroles qu’il prononça.

“Chiyo.”

En entendant cela, l’enfant s’était figée sur place. Son père était là, il était bien présent, bien vivant. Il existait bien un moyen de lui rendre sa lucidité ! Chiyo ne pouvait plus le tuer maintenant. Elle savait qu’elle pouvait le ramener alors elle le ramènerait, quoi que ça lui coûte.

Cependant, les Tengu n’appréciaient pas vraiment cette idée et se rassemblèrent rapidement autour du Dragon. La femme regarda d’un air mauvais les volants. Elle avait envie de les tuer ! Cependant, elle ne pouvait pas. Si elle décidait de récupérer son père, son mari allait mourir et ça, elle ne pouvait pas faire ça. De plus, il y avait pas mal de Tengu âgés parmi les plumeux et elle n’avait plus assez de force pour les étriper.

“Une fois de plus, Susanoo et ses compagnons vinrent sauver le Japon du terrible Oorochi. Qu’en pensez-vous ma chère ?” Osa lui demander un des Tengu tout en ligotant son père qui avait de nouveau perdu toute lucidité.

Une haine profonde s’empara de la violette et elle répondit d’un ton glaciale au prétentieux plumeux.

▬ Je dirais que vous devriez apprendre à être humble. Les choses ne durent jamais éternellement, il finit toujours par y avoir une régression vers la moyenne. Un jour, votre tour viendra et ce jour-là, j'espère que ce sera très douloureux. Cracha-t-elle.

Le Tengu haussa un sourcil, comme s’il doutait de la véracité de la remarque de l’Oni. Mais la demoiselle connaissait bien les lois de la nature. Elle savait que le sort n’était jamais toujours favorable ou défavorable. Les Tengu devaient se méfier, car le retour de bâton allait être violent, très violent… Mais cela ne la dérangeait pas, au contraire même, elle observerait avec joie leur chute.

Tout en pensant à cela, la jeune femme regarda les plumeux partir avec son père. Susanoo… Sa magie était similaire à celle qui emprisonnait Kana. Il devait donc mourir. Et elle allait le tuer, quoi que cela lui coûte.

Chiyo rappela ensuite les diables rouges. Il était l’heure de partir. Elle le savait, Il Naomasa allait les trahir. Elle le savait depuis le début. Il était donc l’heure de partir et d’abandonner les Humains. Ils avaient fait ce qu’ils avaient à faire.

[…]

Après la bataille, les Oni disparurent. Il n’y avait plus aucune trace d’eux et pour cause, ils avaient rejoint l’Arbre du Monde. Cette arrivée massive de surnaturels avait fait parler les habitants du végétal magique. C’était la première fois qu’ils voyaient autant de créatures arrivées en même temps. Cependant, ils étaient également un peu effrayés. Il y avait parmi les cornus de très vieux individus donc l’aura oppressait les plus jeunes. Mais Chiyo en avait que faire. Ils étaient là, chez eux et personne ne pourrait les faire partir.

Une fois établis, la demoiselle interdit aux autres Oni de sortir de l’Arbre pendant un moment, sauf pour des raisons urgentes. L’Ancienne fut claire avec les Diables rouges, ils ne devaient plus se mêler des affaires des Humains. Ces insectes pouvaient se battre à mort, ils ne bougeraient pas le petit doigt. Après tout, l’Arbre n’était pas visible par les bipèdes et aucune de leur arme ne pouvait toucher le végétal, ils n’avaient donc plus aucune raison de se mêler à leurs histoires pour survivre.

Chiyo appliqua sa politique, ne sortant jamais de l’Arbre. La seule exception, en plusieurs siècles, fut pour se venger d’un certain plumeux. Elle avait entendu dire par certains surnaturels que les Hommes prévoyaient de trahir les Tengu. Cette race magique était peu appréciée par les autres, ayant tué beaucoup d’autres créatures sous le prétexte qu’elle aidait les Humains. Les plumeux se prenaient pour des dieux, oubliant que les Hommes finissaient toujours par se retourner contre ceux qui les avaient aidés…

En entendant cette rumeur, Chiyo rigola et décida d’aller voir. Son clan savait pourquoi elle quittait pour la première fois l’Arbre du Monde, elle allait se venger du Tengu qui avait osé lui faire choisir entre son père et son mari. Aucun membre de la communauté ne voyait d’objection à cela.

Arrivée au village des volants juste avant l’attaque, la jeune femme observa en silence le massacre des surnaturels. Utilisant son artefact de transformation, elle se mit à se balader parmi les cadavres et les flammes, cherchant le fameux Susanoo. Elle le savait en vie, sentant sa magie dans le village. Il lui suffisait de suivre la piste.

Avec un grand sourire sur le visage, l’enfant se baladait dans ce décor de désolation en sifflotant. Elle prenait plaisir à voir le sort se retourner contre les Tengu. Elle les avait prévenus, ils auraient dû l’écouter… Maintenant, il était trop tard. Un Humain remarqua sa présence, mais hésita à lever son arme en sa direction. Il ne savait pas si la violette n’était qu’une humaine perdue ou une Tengu qui tentait de s’échapper.

Chiyo se contenta de sourire et de mettre un doigt devant sa bouche pour dire au bipède d’ignorer sa présence. Elle n’était pas venue les tuer, mais s’ils attaquaient, elle répliquerait… Heureusement, l’homme fut intelligent et baissa son arme. Avec un petit rire, la petite le salua et disparut entre deux bâtiments en flammes. Elle continua ainsi sa déambulation, apparaissant et disparaissant tout aussi vite entre les bâtisses qui s’effondraient, jusqu’à arriver devant le dernier édifice encore debout.

Elle y entra avec douceur, sentant la présence d’une petite dizaine de plumeux. Elle avait pleinement senti la magie de Susanoo et un grand sourire s’offrait sur son visage. Elle avait hâte de glisser ses griffes dans sa chair et de voir son sang perler lentement. Les Humains étant loin, elle avait tout son temps pour le torturer.

Une fois à l’intérieur, la vieille Oni avança lentement, faisant jouer ses griffes le long des morceaux de bois de la maison, alternant entre les « ting » inquiétants et les « criiiii » effrayants. Et puis une fois devant la porte fermée de la pièce qui abritaient les Tengu, la jeune femme prit plaisir à prononcer le nom du plumeux qui l’avait nargué quelques années plus tôt avec une voix enfantine mais terrifiante.

▬ Suu… ~ Saa… ~ Noo...~

Elle coulissa en même temps le morceau de bois, un grand sourire carnassier sur sa figure. Les jeunes Tengu qui entouraient le vieux plumeux reculèrent d’un pas, terrorisé par l’aura menaçante de l’Ancienne. Chiyo fit quelques pas en direction de Susanoo, mais les petits, malgré leur peur, lui bloquèrent l’accès. Le grand sourire de l’Oni tomba et sur son visage apparut une colère et une haine sourde. Projetant toute fureur sur les enfants plumeux, elle les mit en garde.

▬ Dégagez tout de suite de mon chemin ou vous rejoindrez vos camarades dans moins de deux secondes !

La plupart reculèrent tout de suite, impressionné par la rage brûlante et sauvage qui se tenait dans les yeux de l’enfant. Il n’eut qu’un pauvre idiot qui continua de protéger l’Ancien et cela fit rire la violette. Stupide. D’un bond, elle se rapprocha de lui et lui offrit sous plus beau sourire prédateur avant d’attraper la tête du jeune et d’aller l’écraser de toute sa puissance sur un poteau en bois qui constituait la bâtisse.

Le sang gicla tout autour et Chiyo, d’un rapide mouvement du bras, balança un peu plus loin le corps sans vie du Tengu. Le choc avait été tellement violent que la tête du plumeux avait été pulvérisé. La scène était tellement atroce à voir que quelques Tengu vomir de dégoût. L’Oni se tourna ensuite vers les autres jeunots, mais ils reculèrent tous ensembles. Ils ne voulaient pas se mesurer à ce monstre.

Susanoo, qui depuis le début assistait à la scène sans pouvoir bouger à cause d’une grave blessure, tourna son regard vers la petite, une colère certaine dans les yeux. Ricanant à cette vue, la cornue s’approcha du Tengu et se mit à sa hauteur, soulevant la tête du blessé et plantant le plus profondément possible ses griffes dans le visage du mâle.

▬ Et bien qu’y a-t-il mon petit Susanoo ? Es-tu en colère contre moi ? Aurais-je tué ton fils par hasard ?

Il y avait un sourire moqueur sur le visage de la vieille femme. Elle tourna ensuite le visage du vieux volants vers les autres Tengu qui s’étaient réfugiés dans un coin de la pièce en tremblant et lui murmura à l’oreille, la voix mielleuse.

▬ Dis-moi Susanoo, devrions nous jouer au loup ? ~ Penses-tu que ces petites souris arriveraient à échapper au grand méchant loup ? ~ Ou alors est-ce que le vaillant chasseur arriverait à tuer le loup avant qu’il ne tue toutes les petites souris ?

D’un air cruel, l’enfant relâcha le visage de l’homme. Elle se releva et se dirigea vers les jambes du Tengu. Elles étaient encore intactes. Chiyo sourit avant d’enfoncer profondément ses griffes dans les cuisses du plumeux, lui arrachant un hurlement de douleur. La Oni descendit ensuite, laissant de profondes traces de griffure tout le long des membres inférieurs du Tengu, se réjouissant de ses cris de souffrance. Susanoo n’était désormais plus capable d’utiliser ses jambes pour marcher et ses ailes étant blessées, il ne pouvait plus que ramper.

Enlevant ses ongles de la chair de l’ancien, la violette se tourna vers les jeunes surnaturels et lui dit en souriant.

▬ Courez mes petites souris, le grand méchant loup arrive. ~ Elle se tourna ensuite vers Susanoo. J’espère que tu arriveras à sauver un rongeur avec que je ne les mange tous, mon petit chasseur.

Elle se précipita ensuite en dehors de la pièce, courant derrière les plumeux qui tentaient de sauver leur peau. Elle rattrapa facilement le premier. Ses jambes tremblaient tellement qu’il avait du mal à courir. Dans un rire terrifiant, Chiyo fit tomber le jeune homme. Celui-ci tenta vainement de se relever, pleurant toutes les larmes de son corps. Elle l’attrapa pour le cou et le souleva le plus haut possible. Terrifié, le plumeux tentait de se libérer, s’agitant dans tous les sens, mais s’arrêta brusquement. L’enfant relâcha sa prise autour de la nuque de l’homme et ce dernier s’effondra au sol, inerte. Elle venait de lui briser les cervicales.

Elle offrit un grand sourire à Susanoo qui se traînait vers elle, bouillonnant de rage. La violette repartit alors, sautillant joyeusement. Passant devant une pièce, elle sentit l’odeur d’une magie et s’arrêtant. Se mettant à siffloter tranquillement, elle entra dans la pièce et découvrit le plus jeune du groupe. Pauvre chérie, il avait dû être abandonné par les autres. L’Oni s’approcha doucement de lui et lui offrit une mort rapidement, le tuant d’un coup. Un instinct maternel peut-être…

La cornue ne pensait pas à cela actuellement. Il lui restait d’autres souris à chasser. Malheureusement, les rongeurs avaient trouvé des portes menant vers la sortie. Postée au seuil de l’une d’entre elles, Chiyo regardait les petites souris s’enfuir dans la nuit. C’était fort ennuyeux… Elle n’avait pas encore assouvi sa soif de vengeance. Elle se tourna alors vers le vieux Tengu qui agonisait derrière elle.

▬ Les petites souris ont fui, comme c’est dommage. Heureusement pour le grand méchant loup, il lui reste le chasseur à se mettre sous la dent. ~

Les yeux du Tengu se remplir de peur à ce moment et il tenta vainement de fuir. Malheureusement pour lui, l’Ancienne se pencha sur lui avec un sourire mauvais.

Les hurlements de douleur et d’agonie de Susanoo résonnèrent dans tout le village, surpassant tous les autres bruits. Les Humains furent surpris et apeurés par ces cris. Les plus courageux d’entre eux entrèrent tout de même dans la maison et découvrir un massacre du plus sinistre. Sur le sol et les murs, de longues traînées de sang étaient visibles. L’odeur de la mort était partout et finalement, au fond de la maison, une pièce entière était recouverte de sang. Certains Hommes vomirent à cause de l’horreur de la scène.

Cependant, ce n’était pas la chose la plus terrifiante de cette soirée. Alors que les Hommes faisaient demi-tour pour sortir de la bâtisse, une forme enfantine attira leur attention. Postée sur le seuil de la maison, couverte de sang, elle les regardait. Les bipèdes tremblèrent alors de peur. C’était la personne qui avait causé tout ça. L’enfant ouvrit la bouche et prononça ses paroles.

▬ La vengeance a eu lieu...

Les Hommes, abasourdis ne surent même pas comment l’enfant était partie et crurent à une onryō. Pour les Tengu, cet événement fut reconnu comme étant la vengeance de la Cheffe des Oni, à qui ont avait pris le père et dont la description physique correspondait parfaitement. Les volants donnèrent alors un surnom à la violette : l’Oni Vengeur.

[…]

Près d’un siècle après l’arrivée des Oni, ce furent les Dragons qui apparurent à l’Arbre du Monde. Cette nouvelle immigration fit chuchoter les habitants de l’arbre. Même les Dragons, des créatures vivants dans ce monde depuis la naissance du monde, rejoignaient l’Arbre. Les Humains étaient véritables de mauvaises et terrifiantes créatures. Ils s’appropriaient le monde sans se préoccuper des autres…

Avec cette nouvelle arrivée, Chiyo chercha son père. Avait-il réussi à se libérer avec la mort des Tengu ? Malheureusement, la petite ne le trouva pas. Mais elle trouva sa mère, Katei. Les deux femmes discutèrent pendant un long moment. La Dragonne rouge lui raconta tout ce qui s’était passé en 936, lors du combat contre les Humains et les plumeux. La haine de l’Oni envers les bipèdes augmenta encore plus. Ils n’étaient vraiment que des pourritures !

La violette présenta ensuite Kaori et Katsumi à sa mère. Les deux jumelles étaient très impressionnées par leur grand-mère, à son plus grand plaisir. La géante couleur sang était fière de sa fille, de ce qu’elle avait accomplie. Même si elle ne le disait pas, cela se voyait.

[…]

Les siècles passèrent. Les Humains s’entre-tuèrent plusieurs fois. Les Surnaturels se réfugièrent dans l’Arbre du Monde et furent oubliés par les bipèdes. La nature continua à dépérir, vaincue par l’esprit fou des Humains. Et finalement, un temps de paix arriva. Les surnaturels commencèrent de nouveau à sortir de l’Arbre, se cachant derrière des masques pour que les Hommes ne les repèrent pas.

Pour Chiyo, ce n’était qu’un moyen comme un autre de se divertir. Elle aimait sortir la nuit, abordant l’apparence d’un chat noir. Comme il était fatiguant de marcher avec de si petites pattes, elle prenait souvent son artefact ayant le don de vol. Elle ressemblait donc à un chat ailé, mais cela n’était pas si grave puisque la nuit, personne ne fait attention aux chats.

Son coin préféré était le quartier d’Asakusa et le temple qu’il hébergeait. Le champ des oiseaux et le clapotis de la rivière étaient une merveilleuse berceuse. Malheureusement, de temps en temps, des Humains venaient près du temple. Chiyo était même presque sûre qu’un ou deux Humains l’avaient vu sous sa forme de chat ailé. Mais bon, elle avait disparu si vite qu’ils avaient dû croire à une hallucination. Les autres Humains ne croiraient jamais les histoires de ces deux chanceux. Après tout, les créatures magiques n’existent pas.

La plupart des Humains disent ça, mais au fond, ils espéraient trouver un jour quelque chose qui prouverait le contraire. Comme l’ombre d’un chat qui aurait des cornes. Un messager de la mort qui viendrait sélectionner les futures victimes de la Faucheuse… Chiyo trouve cette légende urbaine stupide et se demande bien pourquoi elle est populaire en ce moment… Ce n’était pas comme si les cornes d’un Oni se baladant sous la forme d’un chat se reflétaient dans son ombre…

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Vendeur de Masque
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Mer 5 Mai 2021 - 9:58

Tu es validée !

Amuse-toi bien sur le forum !

Et une validation officielle pour la fonda!

J'aime beaucoup Chiyo, et le fait qu'elle est plusieurs facettes très différentes (une mère, une guerrière, une cheffe). Le décalage entre sa psychologie très adulte et froide et son physique est aussi très drôle, et son lien avec Kana m'a brisé le cœur...

Maintenant tu vas pouvoir aller rp avec lui d'ailleurs!




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