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Parfois quand on veut oublier, eh ben on oublie - Oorichikana
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Parfois quand on veut oublier, eh ben on oublie - Oorichikana
Oorichikana
Messages : 13
Date d'inscription : 24/03/2021
Feat : Ookurikara - Touken Ranbu
Masculin
Métier/Etudes : Chef Dragon/Kirin + Patron bar humain
Oorichikana
Admin ▬ Chef des Dragons/Kirins + Patron d'un bar



Mer 24 Mar 2021 - 17:18

Parfois quand on veut oublier, eh ben on oublie - Oorichikana Uova

Oorichikana


Identité

Nom : Hitoshio (seulement chez les humains)
Prénom-Dragon: Olriaesvelgrenchixalkan
Prénom : Oorichikana
Surnom : Chez les humains : Kana / Patron / Le daron ;
En d’autres circonstances : Le vieux dragon-lézard / Le père / L'ancien / Monseigneur / Papy / Papa / Le dragon noir / Le monstre / Yamata no Orochi / Orochi ;

Sexe : Mâle
Age physique : 28 piges
Age réel : 24 996 balais
Race : Dragon ténébreux
Groupe : Être Surnaturel

Nationalité :Issu des terres précédent la vieille Ezo
Origines : Sang pur, sorti d’un œuf d’obsidienne.
Métier/Etudes : Chef des Dragons et des Kirins, patron d’un bar humain sur son temps libre.
Situation financière : Normale
Autres : Il crache du plasma ombrageux. Les tatouages sur son corps humanoïde sont là depuis Yamata no Orochi. Sa forme de dragon originelle est devenue beaucoup trop gigantesque pour qu’il se présente ainsi. Le pendentif de Lothie a été retrouvé par son petit-fils Akira qui lui a rendu quand Kana est revenu au Japon pour devenir le Père Dragon.

Feat : Ookurikara - Touken Ranbu

Physique

Parfois quand on veut oublier, eh ben on oublie - Oorichikana Vignette%20Be%20With%20you
D'un regard doré et délicatement étiré, une silhouette au teint hâlé attrape l’objet entre une de ses mains gantées d’une mitaine de cuir.
Ses cheveux châtains ébouriffés flottent au vent sec, les longues mèches bordant son flanc droit suivant cette direction hasardeuse tandis qu’un dégradé écarlate agrémente cette crinière intrigante. L'air est frais, l'éclaircie aveuglante mais l'homme robuste à la veste noirâtre soupire, laissant entrapercevoir ses canines si pointues qu’elles pourraient percer la chair alors qu’il agite finement sur le sol cet appendice écailleux de moins de 2 mètres, cette terminaison de colonne vertébrale qu’il traîne derrière lui.
On discerne facilement son visage fin et masculin au teint hâlé détaillant l’horizon de l’ancienne toundra à ses côtés. Ses cornes, deux protubérances de plus de 30 cm aux ramifications particulières, décorent ses mèches et dévoilent aisément la véritable nature de cette silhouette nébuleuse.

On ne peut lire que le doute à travers ses iris alors que ce qui apparaît comme une jeune fille, face à lui, observe la torsion que prennent ses sourcils adroitement tracés.
Un instant, le dragon pince et frotte entre ses doigts le morceau de métal accroché à son collier cordé et brillant de par le reflet du soleil. L’autre, le vent vient pousser les deux individus et leurs appendices dans une symphonie légère. De la peau mat et des iris dorés du mâle, ils restent tous deux stoïques devant le spectacle fascinant qu’est la plaine d’Ezo.
Le spectacle est tel qu’après quelques dizaines de minutes, notre créature d’un mètre quatre-vingt vient se relever, ses bottes de cuir faisant résonner le sol avant d'amorcer quelques pas. Sa stature paraît élancée, pourtant, elle cache un corps à la fois fin et musclé par une vie aussi rude d’affrontements que de fuite. Difficile de le constater lorsque l'on porte des vêtements comme les siens, cette veste noire, ce tee-shirt crème et ce pantalon tout aussi noir surmonté d’un voile armuré folklorique japonais et rougeoyant formant une jupe venant casser sa silhouette. Tout cela cache une grande partie de sa physionomie. La seule chose que l'on puisse entendre à côté du bruit grondant de sa queue rampante aux extrémités aussi duveteuses que celles d’un lion, étant celui du pendentif retombant sur son torse.
De dos, sa chevelure chocolat déborde de son vêtement sombre et l’extrémité formée au bas de son dos est évidente.
De côté, à partir de sa manche gauche sombre, on aperçoit vaguement les formes d’un tatouage aux allures mystique, un tatouage en réalité bien plus grand lorsque l’on réalise qu’il traverse la peau de son membre jusqu’à la hauteur arrière de son omoplate gauche.
Là est l'apparence humanoïde du surnaturel qui foule le sol asiatique. Lui, cet être dont la véritable forme pourrait faire trembler le sol japonais tout entier tant son apparence originelle si gigantesque se développe sans arrêt.

Caractère


La première impression qu'il laisse est indiscernable. Sa voix est grave, d'une tessiture agréable et suave. Peut-être même qu'il chante bien. Impossible de le savoir sans l'avoir entendu (même si c’est bel et bien le cas). C’est juste qu’il n’est pas homme de bavardages. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il ne laisse pas indifférent bien qu'une chose dénote de son aura particulière. Il est quelqu'un de simple. Il désire simplement retrouver un semblant de sérénité, un endroit calme où se reposer et profiter de la tranquillité. Sûrement qu’il aspire à une vie plus normale que celle d’un surnaturel. Il y aurait déjà pensé.
Quand on a vécu aussi longtemps que lui. Tout paraît si loin… Et s’efface à mesure du temps.
Il fut une époque où il craignait ces souvenirs. D’oublier tout ce qu’il était. Ce qu’il a vécu. tous ces visages passés. Ce pourquoi ce comportement est si redondant chez lui : celui d’attraper le pendentif en métal de son collier et de le frotter de son pouce, l’air ailleurs.
Il n'en sait vaguement rien. Son passé, ce monde, tout a toujours été ainsi : éphémère. Toutes les créatures à son contact sont comme une poussière qui passe entre ses doigts avant de s’envoler à l’horizon. Comment réagir en sachant qu’il ne peut voir que les frêles créatures qui ne survivront pas d’ici un siècle ?  Kana, n'a jamais connu d'autre fait. C'est un vieux dragon. Peut être trop vieux pour cette terre, lui qui la ferait trembler d’un simple contact s’il reprenait forme. C'est pourquoi un décalage est né entre son côté ancien et le quotidien terrestre qui oublie perpétuellement les évènements d’antan. Il pourrait s'y perdre tant ce monde peut être la source de son déboussolement, ce pourquoi il s’efforce de n’avoir que peu d’attache avec les habitants de ces mêmes terres.
Après tout... Tout est différent, tout est perpétuellement différent. Et... Il est différent mais, quel que soit l'endroit où il se trouve, il tente de rester lui-même malgré ce renouvellement sans fin.
Cependant, notre monstre noir a beau être quelqu'un de calme, lorsqu'une situation doit devenir trop pesante, il y remédiera sûrement de son propre chef. Ou il l'ignorera pour éviter de se prendre la tête. On ne peut pas toujours prévoir ses réactions. Tout comme il finira sans doute par s’attacher à quelqu’un malgré ses tentatives de rester distant, qu’il le veuille ou non, si cela devait arriver, il serait assurément quelqu’un qui aide sans s'impliquer plus ou se mettre particulièrement en avant.
Est-ce que cela en fait quelqu'un de froid et inapprochable ? Non pas vraiment. Il est vrai que l’aura qui émane de lui de prime abord est un véritable obstacle, mais, si vous parvenez à en faire fi, vous comprendrez qu'il est, au contraire,  très facile de lui parler. On pourrait plus dire que l’homme est un pur confident : cette personne à qui vous parlez et qui vous écoute mais dont vous ne savez rien. Vous lui avez pourtant déjà tout raconté tant sa présence calme et rassurante vous met en confiance.
Il en émane de lui, au-delà de son côté dragon, une atmosphère de grand frère/daron tout autour de lui qui en est certainement la cause. Et il est vrai que notre ancien est un très bon confident. Mais d'un certain côté, au fond, cela le mue en quelqu'un de désespérément solitaire. Chacun ses soucis, il faut savoir faire avec, et tant que vous ne lui cassez pas les noix, papy Kana saura être patient. C’est tout ce que l’on peut dire en tout cas, bien que la nature d’une personnalité regorge de nuances et que l’on ne pourrait, bien sûr, pas tout recenser en un paragraphe. Cela serait gâcher ce qu’on appelle la surprise de la découverte. Qui sait ? Papy cache peut-être bien plus d’un tour dans son sac ?



Histoire


ENCART HRP : Étant donné que l'histoire est trop longue, dans ma grande bonté, il existe un résumé tout en bas pour les personnes qui ne veulent pas se taper 80 pages d'histoire, ne me remerciez pas Very Happy

Ma mémoire n’est pas si bonne qu’on pourrait le croire. Des souvenirs, oui, j’en ai. Une pelletée d’horizon, de lieux, de forêts, de plaines, de rivières et j’en passe.
Je me souviens du blanc. Celui des plaines enneigées de la toundra.


Un léger cri suite aux craquements fugaces de l'œuf. Un nouveau-né d’une teinte contrastant sévèrement avec l’environnement duveteux et crème. De la fourrure sans doute ? Comment avait été formé ce nid était encore un mystère pour le dragonneau émettant les plaintes caractéristique de son espèce. Une brève accalmie où la cérémonie de naissance apportait encore certains vestiges de ses souffrances : le froid, la faim et… une sensation nouvelle : l’inconfort. Autant de caractéristiques contribuant à un stress qui s'amplifia au moment où l’on agrippait le haut du dos du rejeton.
Les paupières s’ouvrant difficilement, le petit peinait à réaliser cette main exerçant une pression sur le fin duvet recouvrant son corps alors qu’il trembla promptement des pattes avant, comme pour manifester son incompréhension latente. Ou manifester son mécontentement, qui sait ?

Une voix porta au travers de la tempête qui la masquait presque, comme si elle s’adressait à d’autres. Une voix que le tout jeune brun ne pouvait comprendre tandis que des grognements rauques et lointains faisaient écho au brouhaha ambiant.
Qu’importe, le noiraud fut rapidement apporté au creux d’un endroit surprenant. Confortable et chaleureux. C’était là les premiers souvenirs du futur dragon, un bébé écailleux aux creux de vêtements en peau de bête d’un humain entouré de ses congénères, un humain soigneusement observé par des yeux géants et protecteurs.
Un humain qui avait rendu ce même regard à l’un de ses dieux vivants.
Il protégera au péril de son existence la vie qu’il tenait entre ses bras.



Des bruissements aigus, dirait-on dragonesques ? Peut être bien. Un homme, fourrure d’une teinte fauve sur tout le corps souriait amusé en entendant les gémissements et l’agitation du minuscule dragon noir sur son sac en peau. Il s’agitait partout, frémissait de la queue et grognait de nouveau avant qu’une autre silhouette n’eut manifesté sa présence.
Une majestueuse créature dont la taille n’était objectivement pas qualifiable au vu des quelques centimètres de notre protagoniste. Un dragon clair, à la fois grisâtre et ocre, la crinière soyeuse et au regard doré si doux qu’il pourrait vous enchanter d’une simple impulsion : celle de ce bruit émanant du fond de sa gorge, un véritable chant.
Le regard de cet être si pur était magnifique mais, l’expression qu’il arborait était bien véridique.

Prévenant, la bête enchanteresse se posait aux pieds de la petite tribu qui s’arrêta net, mettant fin à une marche de plusieurs heures à travers la glace, tous s’étaient tus, subjugués par la beauté de la créature.
Révérencieux également quand ils s’abaissaient chacun leur tour en manifestant leur respect le plus profond, ce qui ne manqua pas d’interroger le jeunot actif qui regarda de ses mêmes yeux d’or la scène qui se jouait devant lui avec attention.
L’humain qui s’occupait de lui était resté debout, immobile et surpris. Écarquillant ses globes oculaires, il avait admiré cet instant où, l’être platiné avait incliné sa tête afin de s’approcher du petit.
Le vent soufflait doucement en cette journée, tout comme le dragonneau s’était mu dans une paralysie toute relative. La créature face à lui attendait d’un air bienveillant.
Elle attendait que le petit la rejoigne, seulement, le noiraud regarda le visage du bipède amenant cette attente glaciale. Mais l’homme à la barbe noire protubérante et au teint bronzé sourit tristement au petit, comme un adieu déchirant entre un parent et son enfant.
Un appel à tracer son chemin tandis que le bambin se frottait contre lui une ultime fois avant de se retourner pour détailler le dragon nacré. Celui-ci se contenta d’un bref hochement de tête et d’un son gracieux en approchant son museau, mouvement que le plus jeune partagea lorsque tous deux se joignaient dans une accolade affectueuse.
Une hésitation vint alors, brève, mais déroutante. Pourtant, d’un regard en arrière, le dragon noir avait confiance. Son adorable cri aigu résonna entre les trois présences, puis il grimpa sur la tête de la plus grande qui se redressa avec le plus jeune, portant un dernier regard apaisé sur l’humain plus bas. La majestueuse dragonne pouvait être fière de son engeance.


Les siens avaient toujours fait ainsi, avancer de concert avec ces quelques tribus humaines. La confiance régnait tant que les créatures mystiques confiaient bien souvent les premiers instants de leurs progénitures à ces frêles créatures pourtant si chaleureuses.
Ils apportaient une affection et une chaleur certaine aux nouveaux-nés, des qualités qui leur était appréciable. Et quand venait l’heure pour les petits de rejoindre leurs parents, il s’agissait toujours d’un moment déchirant pour l’humain qui s’était chargé de veiller sur l’enfant, mais c’était surtout une fierté pour ce peuple. Autant pour les dragons qui tenaient à élever d’eux-mêmes leurs propres enfants passée cette période d’insouciance.


J’ignore si c’était là l’effet de cette tradition, mais tous mes congénères de l’époque étaient des êtres particulièrement doux. Ma mère l’était. Quoique j’en sache, elle était quelqu’un de doux et patient. On en croirait presqu’une blague ou une citation emplie d’ironie : comme si l’humain avait toujours rendu le dragon meilleur. Tout comme il l’a toujours rendu abject.


C’était dans ces moments-là que de vagues souvenirs qu’il aurait voulu oublier lui refaisait surface.
Ces sourires bienveillants. Ils existaient bel et bien. Kana ne pouvait renier l’existence de cette tribu autrefois si diligente.
Après tout, elle aurait pu être la cause de ces ruptures, alimentant jours et nuits l’ego et la fierté du peuple mystique.
Les Dragons n’avaient pas pour habitude d’être un peuple grégaire, c’était même bien l’inverse. Mais les siens dérogeaient légèrement à la règle.

Une quinzaine de spécimens tout au plus, c’était là le nombre de ses congénères qui volaient et voyageaient chacun de leurs côtés la plupart du temps mais ils finissaient irrémédiablement par se retrouver le soir durant, manifestant leur présence aux humains qui les suivaient et les vénéraient.
Cette approche avait visiblement suffisamment fonctionné avec ce groupe de Dragon pour que cela perdure dans le temps. D’autant que les hommes se plaisaient à voyager en leurs présences, présences qu’ils avaient côtoyé tout jeune pour certains.
C’était là le cas d’Olriaesvelgrenchixalkan, le nom qui avait été donné par le groupe qui se plaisait à observer un moutard hyperactif qui avait pour habitude de se cacher à tire-d’aile derrière sa génitrice quand un autre camarade se rapprochait de trop.

“Pourquoi te caches-tu ? As-tu peur ?” Avait prononcé un jour la dragonne d’une voix calme auquel notre jeune avait répondu par un hochement de tête négatif.
“Eh bien, vas”

La femme avait ponctué sa phrase en s’écartant volontairement pour laisser un peu d’indépendance à son fils.

Elle était ainsi, sereine mais impartiale. Son devoir était d’élever ce noiraud comme il se devait afin d’en forger le fier dragon qu’il était censé être, non de le laisser devenir une vermine craintive.
Néanmoins, à cet âge, moins d’une cinquantaine d’années, Olriaesvelgrenchixalkan n’était tout au plus qu’un bambin. Il n’avait même pas encore conscience de ses dons et de ses capacités. Tout comme il était incapable de prendre forme humanoïde. Il était beaucoup trop jeune pour cela. Tous les enfants l’étaient. Ce pourquoi nos créatures prenaient place dans des environnements à l'abri des regards humains pour prendre forme chacun leur tour sous le regard des plus jeunes, admiratifs.
La dragonne qui l’avait mise au monde était, pour les critères humains, aussi belle que sa forme originelle. Il fallait être aveugle pour le nier. Ses cheveux, tels des filaments d’or, brillaient de concert avec ses iris nuancés de la même façon. Sa peau était pâle tandis que ses traits étaient gracieux.
Fredandrinpeophirphyrass était la porte parole auprès des humains puisqu’elle s’enquérait de cette communauté qui voyait en eux des divinités. Elle n’était pas la cheffe bien qu’elle en eut l’étoffe et le compagnon autrefois, le père de notre dragonneau.

Graydynlbanxalkarhoog. Si vous trouvez ce nom compliqué à prononcer, je n’aurais aucun commentaire à faire. Il fut une époque, ces noms étaient la norme. Une époque révolue vous marquez un point.
Mais au-delà de son nom, il reste un mystère. Une page blanche qui ne m’intéresse pas tant de remplir.



Ils n’avaient pas réellement de “leader” à proprement parler. Non, le commandement s’effectuait par simple discussion entre ses congénères. Elles étaient variées et très longues, certainement la raison pour laquelle il ne s’en rappelait pas énormément…
Il ne se rappelait au final que de ses pairs, et de ce mâle qui s’était rapproché de sa mère à l’époque où il commençait tout juste à appréhender ses capacités.
Pour la première fois, il avait pu cracher le plasma ombrageux, un savant mélange du sang que portaient ses deux parents.
Le reste fut bien plus progressif : se transformer et sa propre force furent bien les dons qui donnèrent le plus de difficulté au dragon. Après tout, les siens ne prenaient pas si souvent forme humanoïde.
Peut-être par fierté, peut-être par habitude, il était impossible de présumer de la situation. Les dragons préféraient de loin cette forme qui leur procurait autant de liberté.
Olriaesvelgrenchixalkan le plaisir de la réussite encore en poche persistait, ce plaisir avait gagné la créature au point de lui faire rester sous cette forme assez longtemps : la fierté draconique encore une fois.

C’était sans doute ce qui l’avait poussé à descendre voir les humains. Il était jeune, insouciant, sûr de lui, et cela faisait tant d’années qu’il n'avait plus vu ces créatures de près.
Rapidement, une chose frappa le dragon à la forme humanoïde en arrivant sur le campement provisoire du groupe clairsemée des bipèdes. Tous s’étaient prosternés face à son apparition, comme si un signe divin s’était manifesté sous leurs yeux.
Leurs visages, leurs silhouettes, tous étaient similaires et pourtant… Si différent de l’homme qui trônait dans les images que lui rappelaient son esprit.
Il n’était pas là. Peut-être n’avait-il jamais existé ? Peut-être avait-il été la source de son imagination ?
Quelque part, ces pensées amères lui étaient apparues. Et en voyant chacun de ces frêles êtres, tête baissée, incapable d’oser lui faire face, une autre chose vint résonner dans ses réflexions.
Troublé, le brun au teint hâlé était revenu aussi précipitamment chez ses acolytes. Son attitude apporta le doute sur ses agissements et sur sa mère qui le regardait, intrigué, cependant, les doutes furent levés quand la dragonne creva l’abcès auprès de sa progéniture.
L’humain qui l’avait protégé n’était plus, il avait sûrement disparu.

“L’humain est une créature fragile, si fragile qu’entre nos griffes il pourrait se fendre. Si fragile qu’il disparaît au moindre de nos coucher de soleil.”

Des paroles dures et pourtant si véridiques. Notre jeune au regard d’or venait d’apprendre quelque chose qu’il n’avait jamais pu appréhender. La mort. C’est là la révélation sur ces êtres si frêle.
Revoir l’image de ces bipèdes s’agenouiller devant lui fit pourtant naître une cruelle vérité au creux des mains du brun. L’humain était faible au point de se prosterner devant un faible dragon comme lui. D’une certaine façon, il éprouva une pitié en y repensant. Une pitié amère comme le souvenir de cet homme.
Olriaesvelgrenchixalkan préféra les trouver misérables plutôt que d’encaisser le choc de cette disparition.
Les humains étaient médiocres. Ils n’étaient rien comparé au peuple draconique. De la poussière s’envolant avec la brise.
Oui, c’était bien plus facile ainsi.

Parfois quand on veut oublier, eh ben on oublie. Si tel n’était point le cas, le dragon noir aurait sûrement eu plus d’évènements à raconter sur son passé enneigé.
Il en avait. Qu’il avait souhaité du plus profond de son être... oublier. Comment le pourrait-il ?
C’était en observant chaque jour son jeune frère et sa jeune sœur qu’il ne pouvait s’y permettre. Comment en étaient-ils arrivés là ?
Qui aurait pu croire que les humains, si fidèles à leurs divines présences, finiraient par être la clé de voûte de leur disparition ?


Le majestueux dragon avait fini par grandir. Gagnant en puissance et en prestige auprès des siens de par les brefs affrontements que le groupe avait eu face à d’autres congénères belliqueux. Une vérité qu’Olriaesvelgrenchixalkan eut le non plaisir d’apprendre à l’époque.
Enfin, cela remontait à loin. Les humains s’étaient retrouvés à devoir composer avec la glace qui disparaissait progressivement. Un évènement inattendu pour nos mythiques du nord japonais et une nouvelle source de conflit pour des spécimens étrangers en quête de nouvelles terres à cause de cette catastrophe. Les humains également avaient eu leur lot d’aversion avec leurs pairs. Mais tant que les tribus révéraient les lézards majestueux, les affaires des non surnaturels ne les concernaient guère.
Non, l’autre problème fut de composer avec les surnaturels.

Le monde était bien plus vaste qu’il n’avait pensé. Tant de choses à apprendre et à voir. En quelques mille années, le dragon noir avait pu engranger moult connaissances sur le monde dans lequel il vivait.
Tout du moins, les conflits des autres créatures ne concernaient également en rien les dragons, la raison pour laquelle le peuple de notre basané restait désespérément neutre. À quelques exceptions près.


“Tu m’as l’air bien joviale Lothillalfetharnaeth.”

“Et toi toujours aussi ennuyeux à mourir cher frère.”

“Si tu passais ton temps à te soucier des tiens à la place de tes flagorneries peut être apprendrais-tu la définition véritable du mot mourir soeurette.”

“Tiens donc ? Préférais-tu donc que je t’apprenne ma définition immédiatement ?”

Un sourire carnassier avait gagné la dragonne aux traits humains et aux dents pointues sous les plaintes visuelles du mâle qui la regardait avec animosité. Une ambiance explosive à laquelle une tape respective sur chaque front allait mettre fin.

“Je mets fin aux hostilités. Gardez ces regards pour ceux qui le mériteraient véritablement.”

Les deux, attrapant leurs fronts comme des marmots, punis sur le fait prirent tous deux un regard aussi surpris que renfrogné.

“Mais ! Olriaesvelgrenchixalkan ! C’est elle qui s’amuse à arracher les plumes de ces oiseaux au lieu de nous aider à-”

“Moi au moins je me divertis un tant soit peu, retournes donc jouer les protecteurs humains avec les plus jeunes pendant que-”

Les deux furent rapidement coupés par le même coup sur la tête mais exécuté de concert.

“Pas d’excuses d’enfant de cinquante ans."

Le regard du plus âgé était clair comme de l’eau de roche. Il jugeait la puérilité de leurs actions. Leur mère aurait été fortement déçue. Tout comme ce regard dur n’avait qu’une signification : retrouvez-moi là où vous savez dans quelques minutes à moins que vous ne teniez si peu à la vie.
Une telle invitation ne pouvait vouloir dire qu’une chose : leur comportement avait fortement agacé notre bronzé. Oh que oui, ces deux-là allaient passer un sale quart d’heure.


Quand j’ai commencé à le réaliser, ça faisait déjà partie de ma vie depuis un bail.


Naturellement, depuis quelques années déjà, le dragon sombre avait passé son huitième millénaire sous l’admiration de certains de ses pairs. Les plus jeunes cependant, tout comme sa fratrie, tendaient à l’éviter. Quand il croisait les iris de l’un des siens, il avait bien remarqué ces regards fuyant, ces bredouillements.
De même que les justifications de sa jeune sœur avaient cette saveur particulière d’un mensonge à peine dissimulé. Lothillalfetharnaeth l’évitait volontairement. C’était évident. Si évident qu’Olriaesvelgrenchixalkan avait volontairement fermé les yeux en se contentant de se murer dans la solitude.
Un être fier qui refusait tout simplement de reconnaître l’attitude de ses congénères. Ce fut là l’une des raisons pour lesquelles notre basané n’avait pas tenté de dialoguer à froid, même en présence de son propre sang.


Les obake tremblaient.


C’était lors d’une de ses escapades humanoïdes, rarissimes et pourtant source de joie autrefois que de se confronter à l’habitat naturel de ses ancêtres malgré le réchauffement. La chaleur avait apporté son lot de changement au fil du temps, la faune de taille ridicule s’était densifiée, la flore s’était marginalisée et l’aspect en était transformé.
Pour une jeune créature mystique, cela était signe de jeu, d’aventure ainsi que de découverte. Olriaesvelgrenchixalkan n’avait pas vu le renouveau environnemental comme un mal aux traditions draconiques, mais plutôt comme une obligation. Enfin, dans le temps jadis il était ainsi s’il fallait y apporter quelques précisions.
Quoi de plus normal alors pour le bellâtre à la vue ambrée que de s’être retrouvé dans l’une de ces nombreuses forêts naissantes de l’ancien Ezo ?
Les arbres quant à eux, avaient décidés d’entamer leur période automnale en décorant le paysage de fines pellicules feuilletées oranges et jaunes. Le bruissement des pas du surnaturel sur cette couche molle faisant paraître sa présence d’autant plus seule.
Hélas, pas un chant d’oiseau pour égayer cette promenade tranquille. Pas un mouvement d’écureuil pour faire vivre ce tableau. Une nature morte colorée et chatoyante.
L’humanoïde aux longues cornes avait fait fuir les animaux autour de lui. Son aura terrifiante avait achevé de lui faire observer ceci : un lapin mortifié, paralysé qui détaillait de ses yeux tendres la silhouette de l’ombrageux. Une impulsion de la part de notre bronzé pour s’accroupir et la petite chose s’exprimait d’un crissement aigu avant de se carapater à vive allure.
Le changement était-il si bénéfique pour un dragon qui ne pouvait qu’horrifier les créatures surnaturelles trop faibles pour le supporter. Les Obake avaient-ils pris la place de tous les animaux présents en ces lieux ? Une question bien futile quand la seule réaction du dragon fut de s’asseoir pour laisser fureter ses yeux aux alentours.

“Que fais-tu ?” Demanda une voix guillerette derrière son dos.

“J’essaie de comprendre”

“Qu’essaies-tu de comprendre ?”

“J’essaie de comprendre pourquoi un petit humain se promène si loin de ses congénères.” Répondait presque d’un souffle diverti le plus grand en se redressant pour détailler l’enfant qui se dandinait, nullement effrayé par la stature, les cornes ou la queue du monstre.

“Ah ça… Haha, oui... c’est fou hein… haha” Un rire nerveusement prononcé devant un être qui y voyait là une innocence risible.

“À qui le dis-tu.”


Les humains ne craignaient pas son aura. Quelle ironie qu’ils puissent s’impressionner de par son apparence et non de ce qu’il avait toujours dégagé…
Mais cet enfant avait eu le mérite d’égayer ce don qu’Olriaesvelgrenchixalkan possédait.
Qu’importe que les plus faibles ploient en le voyant, lui ne les verrait plus que comme un décor tandis qu’il se tenait sur une scène. Une scène où un majestueux et fier dragon se tenait.


Sans doute que cette fierté l’aveuglait.
Une après-midi, aux abords d’une falaise, le noiraud avait paru derrière sa jeune sœur, assise sur les bords de ces rochers en suspension dans le vide et le visage agacé. Cela n’avait rien de surprenant, la jeune femme aux cheveux d’argent n’avait pas pour habitude d’être quelqu’un de particulièrement modéré. Elle s’énervait facilement. Était-ce encore le fruit d’une dispute avec Raensyrlinortvheg, le plus jeune de la fratrie ?

“Je sais ce que tu vas dire. Je sais que je ne devrais pas m’isoler et bouder dans mon coin, ce n’est pas digne d’un dragon. Je sais que je suis puérile et que je m’énerve facilement. J’en ai conscience, je sais que je ne ferai que déprécier mère car elle serait déçue. Je le sais. Je sais que je le fais à chaque fois, que je viens ici pour vider ma colère et...”

Elle se mura dans un silence froid tandis qu’elle attrapait ses genoux, ses longs cheveux brillants flottant au vent en regardant le soleil qui continuait sa course inlassable jusqu’au couchant.

“Et pourtant tu es là.” Soufflait le plus âgé en s’asseyant aux côtés de sa camarade sans autre forme de procès alors que la dragonne tournait la tête dans sa direction, étonnée.

“Tu ne me… Sermonnes pas ?”

“Je devrais ?” Répondait Olriaesvelgrenchixalkan en rendant l’échange visuel dans un calme si inaltérable que son interlocutrice cru voir un instant les iris de sa propre génitrice. C’était irréel. Déroutant. Elle se retrouvait confrontée au regard inquisiteur qui la jugeait, elle, et toutes ses exactions. Tout comme elle savait qu’elle et ses compagnons avaient fait quelque chose de terrible. D’impardonnable. Cependant, jamais elle ne l’avouerait à son si respecté grand-frère. Au lieu de cela, elle préféra détourner le visage pour éviter d’avoir à affronter cette nuance d’or.

“Non…”

“Vraiment ?”

“Hm.”

“Soit.”

“C’est tout ?”

“Oui.”

“Pourquoi ?”

“Te tourmenter avec un tel regard est une punition en soi.”

“Toi alors.” Elle riait amère en portant ses iris vers un point invisible plus bas avant d’attraper le pendentif qui se trouvait sur son torse, pensive.

Ce bijou était là depuis si longtemps qu’il ne se souvenait même plus comment il était arrivé là. L’avait-il su un jour au moins ? Et pourtant ce réflexe ne la quittait jamais lorsqu’elle était en proie à une tourmente certaine.
Plissant les paupières, Olriaesvelgrenchixalkan n’avait pas besoin d’en dire plus, seulement, il n’était pas dupe. Quelque soit les pensées qui habitaient la crinière argentée, elles n’étaient pas anodines.
Le plus âgé aurait sans doute dû chercher plus profondément le mal sous-jacent… Néanmoins, il ne l’avait pas fait…


Cette discussion avait été bien peu révélatrice, mais par orgueil, je m’en étais contenté.


“Nous ne pouvons plus nous contenter de rester assis à regarder les nôtres se bouffir de notre inactivité pendant que d’autres surnaturels ont le pouvoir de mettre fin à nos vies d’un seul claquement de doigt.”


“Notre peuple te paraît-il si faible pour t’abêtir de ces pensées jeune dragonne. T’entends-tu parler ?”


“Que je m’entende parler ? Et vous alors ? Vous n’êtes qu’un ramassis de vieillards croulant, tous préoccupés par le bout de vos appendices et vous laissez vivre ces vermines à nos portes ? À la merci de nos humains ?”


“Je crois que tu te méprends sur la nature de nos liens avec les bipèdes ma soeur.”


Depuis quand pensait-elle ainsi ?


Ces pensées n’arrêteraient jamais de le hanter. Qu’était-il arrivé pour que sa jeune sœur vienne à penser que les humains n’étaient que des possessions draconiques ? Eux qui n’étaient que de simples suivants insignifiants, ils ne leur appartenaient pourtant certainement pas.
Était-ce ces pensées nébuleuses pour notre basané qui avaient poussé sa sœur à défier tout entendement ? La raison pour laquelle elle était venue confronter les anciens avec ses acolytes ?

“Je m’en doutais. Tu réfléchis et pense de la même façon. Tu as été endoctriné bien avant ma naissance.”

“Quand vas-tu cesser d’être aussi effrontée ?! Le respect de tes aînés te serait sorti de l’esprit ?!”

“Du calme Raensyrlinortvheg, nous allons régler ce différend-”

“Bien sûr qu’il sera réglé. Par la force de vos griffes ou lorsque vous aurez tous abdiqué de vos trônes dorés. Les humains qui s’engraissent et se muent dans l’immobilité sont des comportements néfastes et vous ne valez pas mieux qu’eux !"

“Vous devriez surveiller vos paroles, pauvres fous.” Embraya l’un des plus jeunes vénérables en attrapant l’impudent dragon qui avait osé blasphémer de ces menaces et de ces insultes.

Une fois mis à terre, la colère des anciens se fit entendre au point où elle résonna dans le vieil arbre millénaire qui accueillait le refuge aérien du peuple tandis que les autres lézards rebelles étaient vivement maîtrisés tour à tour pour avoir proféré si grande folie entre ces murs de bois sacré.

“Vous n’êtes que des enfants, des butors malappris insouciants.”

“Une honte pour vos ancêtres et ceux qui vous ont élevé.”

La parole évoquée par une ancienne se redirigeant vers notre bronzé fut aussi acérée que l’atmosphère, mais le petit frère aux couleurs vertes s’empressa d’aller vers l’avant pour hausser la voix.

“Notre aîné n’est en rien responsable de la folie de notre soeur, il-”

“Silence.” Coupa net Olriaesvelgrenchixalkan, l’air glacial.

S’avançant lentement à travers la ronde de créatures mystiques, chaque avancée fit trembler les iris de son petit frère qui redoutait les réflexions de son vis à vis alors qu’il se rapprochait funestement de la femelle qui portait son sang, à terre elle aussi, comme tous les autres, et ce, jusqu’à ce qu’il se retrouve en face d’elle où tous fixaient le brun environnant les dix millénaires.

“Force est de constater que j’ai été négligeant. Je suis responsable du blâme que vous m’adressez.”

“Olriaes-”

“Tu t’es parjuré en reniant les tiens et en alimentant les outrages jusqu’à les proliférer jusqu’au cœur des plus jeunes. Et tu te parjures encore en me nommant. Ce pourquoi toi et les tiens ne mériteraient pas une mort honorable.”

Avais-tu réellement à ce point de fierté pour ignorer la gorge qui te brûlait en détaillant le regard doré de ta propre chair ?

“Que proposes-tu Olriaesvelgrenchixalkan ?” S’exprimait enfin d’une voix rauque le doyen ayant assisté à la conversation depuis le commencement.

Tous avaient reculé en observant le géniteur de ses deux cadets, le dragon qui avait le plus d’influence à l’époque de par son âge vénérable et… son lien avec sa regrettée mère. Cette entrée en matière du plus vieux qui restait pourtant généralement dans l’inaction avait surpris toute l’assemblée qui retourna sur l’impulsion du basané. Il fit silencieusement volte-face vers la majestueuse apparence de jade.

“Ils seront bannis des nôtres. Condamnés à errer seuls et sans notre protection.”

En vérité, la brûlure était bien pire que ce qu’il croyait. Il n’osa qu’accorder un regard froid envers la fille argentée qui hurlait de toute sa voix vers son frère, désespérément sourd à ses appels. La fierté des dragons importaient plus que tout. Même son affection envers elle n’aurait pas été suffisante pour réparer cette injure aux anciens. Olriaesvelgrenchixalkan le savait. Et en cet instant, une première faille s’était tout simplement ouverte.


Depuis ce jour, notre crinière brune s’était retrouvée dragon bien plus taciturne. Il avait beau se persuader du contraire, il s’en était voulu. S’il avait su. S’il avait pu ne serait-ce que comprendre ce qui était arrivé…
Non, tout cela appartenait au passé.

“Olriaesvelgrenchixalkan ?” Demandait le jeunot, son approche étant particulièrement précautionneuse bien qu’il n’obtint pas de réponses.

Notre noiraud s’était posté au-devant de la splendide vue qu’offrait l’arbre sur l’horizon et les paysages végétaux de moins en moins glacés. Le contraste entre ce vert et ce soleil orangé était splendide. Lothi le voyait sûrement elle aussi à l’heure qu’il était.

“Je sais que c’est un peu tard mais, je voudrais te présenter mes excuses.”

La réplique de Raensyrlinortvheg eut surtout l’effet d’un choc aux yeux du basané aux cornes protubérantes qui tourna la tête vers son cadet, arquant un sourcil.

“Pourquoi t’excuses-tu ?”

“Je me suis permis des propos déplacés. Je n’étais pas à ma place et… si tu n’étais pas intervenu, les anciens m’auraient sans doute châtiés également. Et comme un idiot, je ne m’en suis rendu compte qu’après coup, je…”

Raen, il était celui qui tenait le moins de leur mère et pourtant, il était sans doute celui qui avait le plus hérité de sa sensibilité. Cela se voyait comme le museau au milieu de la figure lorsque les larmes du verdoyant perlèrent sur son visage, il n’arrivait plus à se contenir devant son grand-frère. Le plus jeune était surtout persuadé que cette décision avait bien plus affecté le basané. Il portait un lourd poid sur ses épaules dorénavant, tout comme son petit frère s’en sentait tout autant responsable.
Cette pression était si forte dans le cœur des deux dragons que le mythique sombre resta muet quelques secondes avant de sourire à demi pour son interlocuteur. Cette fierté était partout. Il ne s’en débarrassait pas. Mais il n’avait pas oublié l’amour qu’il portait à sa fratrie. Il se souvenait encore de leur naissance au moment où il attrapa entre ses bras la tignasse olive de son insouciant de frère.

“Tu n’as plus cinquante ans tu sais”

Le plus petit riait malgré tout à cause de la réflexion, les larmes perlant encore sur ses joues.

“Et toi tu radotes grand-frère.”



ENCART HRP : Étant donné que l'histoire est trop longue, la suite se trouve plus bas sur le post suivant, merci de votre compréhension



Masque


Masque d'HumainMasque forme de dragon (taille 15m)Masque semi-dragon (bras draconique, écailles sur le corps, etc)



Don(s)


▬ Pyrokinésie avancée (★★★) : Hérité de son sang draconique à la fois électrique et ténébreux. Ce don que possède Kana lui procure la capacité de créer et de maîtriser du plasma à volonté. Sa maîtrise est telle qu’il est capable de modeler tout ce qui le compose et d’en faire une aura traversant tout son corps (un danger pour ceux qui tenteraient de le toucher), de le modeler en projectile en forme de dragon (comme si un dragon vous fonçait dessus avant de vous mordre) ou encore de l’étendre jusqu’à ses vêtements ou différentes armes. On pourrait presque dire que son plasma est comme une extension de lui-même qui lui obéit au doigt et à l'œil dans un rayon de 5 mètres autour de lui (ses projectiles, une fois formés et envoyés peuvent aller plus loin ne s’arrêteront que lorsqu’ils auront touché une cible jusqu’à 100 mètres dans son champ de vision mais Kana n’en aura plus le contrôle si ce n’est celui de le faire disparaître).
▬ Force draconique (★★✩) : Si il y a un don qui fait partie de Kana, c’est bien sa force herculéenne de dragon ayant vécu bien trop longtemps : une force qui n’a fait que se développer encore et encore avec l’âge (ça ne le rajeunit pas tout ça), ce qui fait de Kana un être particulièrement retors. L’ennui, c’est qu’à force de gagner en force, Kana a bien du mal à totalement maîtriser celle-ci, au point où cela peut arriver que notre bon vieux daron casse quelques plancher à cause d’un pied trop violemment posé ou bien qu’une porte finisse fracassée sans le vouloir. Un moment d’égarement ou un manque de concentration de sa part est suffisant en tout cas pour faire des dégâts autour de lui, ce qui ne l’aide pas pour garder un entourage.
▬ Aura draconique (★✩✩) : À force d’année et d’année passées sur la terre, le vieux dragon a acquis bon gré mal gré, une aura draconique que seuls les surnaturels peuvent voir. Une aura qui rend Kana, proportionnellement à son expérience, aussi impressionnant qu’imposant. Un attrait chez lui qui pousse son malheureux entourage à s’en écarter, à le craindre et/ou à agir avec révérence en sa présence. En soi, elle peut se muer en atmosphère terrifiante pour les plus inexpérimentés bien que les surnaturels les plus âgés puissent s’en accommoder plus ou moins normalement au bout d’un certain temps. La conséquence étant qu’ironiquement, la présence d’humains ignorants soit plus agréable.



Et vous ?


Hey, la bonne matinée/journée/soirée/nuitée à vous o/
Mon pseudo sur le didi c’est Aoba, m’enfin, avec ce perso vous pouvez le nommer de son modeste prénom Oorichikana ou bien Olriaesvelgrenchixalkan.

Ou juste Kana. Kana c’est bien. Bref, j’ai 22 années au compteur (les 23 se rapprochent inexorablement…), et je sais pas quoi dire de particulier ? Le fofo me motive beaucoup (j’ai même tendance à m’auto hyper très rapidement quand un contexte me plaît, autant en rp qu’en jdr). À part ça, je suis fana de Disney (incollable en blind test) et expert en jeux vidéos, VN et animé/mangas que les gens ne connaissent généralement pas (on appelle ça un hipster dans le milieu *tousse* j’y peux rien, ne me jugez pas).
J’ai trouvé le forum en divaguant comme à mon habitude sur des top-site (et c’est bien la première fois que je débarque sur un fofo quand il est en pré-ouverture, je suis pas peu fier Very Happy). Normalement j’aurais du vite fait passer dessus parce que j’étais dans un mood survival zombie mais… un fofo inspiré du film “loin de toi, près de moi”, ça m’a touché au coeur xD
Donc me voici Wink
Je valide la chose visqueuse et fourbe qui pique quand tu essaies de survivre la température glaciale de ton environnement.

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Oorichikana
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Oorichikana
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Lun 5 Avr 2021 - 18:51

Parfois quand on veut oublier, eh ben on oublie - Oorichikana Uova

Oorichikana



Histoire Suite 1


L’environnement se réchauffait de plus en plus à mesure que les humains commençaient à rester de plus en plus longtemps dans ces campements provisoires. Une semi-sédentarisation qui était intrigante pour les plus jeunes, des broutilles pour les plus vénérables.
Le peuple draconique avait changé, c’était certain. Cette rupture progressive avec les bipèdes allaient marquer un tournant dans la relation qu’entretenaient les deux créatures, passant de divinités suivi et vénérée depuis la nuit des temps à divinités mystérieuses qui attisaient la curiosité des hommes. Peut-être que cette situation nouvelle nourrissait cette tendance belliqueuse qui leur était propre. Mais les dragons n’avaient rien à leur envier, ils devenaient à leur tour des géants très fiers et froids.
Avaient-ils oublié tout altruisme ? Un trait qui faisait pourtant la fierté du groupe il y a de cela plus de dix millénaires ? Force était de constater que les siens avaient changé.
Cependant, Olriaesvelgrenchixalkan ne le savait pas encore, tout comme son jeune frère.

Les voyages étaient chose quotidienne lors d’un cycle printanier. Les mythiques orientaux ne s’arrêtaient qu’en cette même période pour une cinquantaine d’années, ils se reposaient dans les haut bords, non loin des tribus humaines ayant succédé à leurs fidèles ancêtres.
Ce cycle faisait pourtant partie d’un phénomène bien plus important entre les bipèdes et leurs dieux : les naissances.
Contrairement à la venue au monde de notre brun, à cette époque, quelques rares élus des petits groupes mortels étaient choisis pour assister à l’éclosion des dragonneaux avant d’avoir pour tâche de veiller sur eux.
En échange de ce don de soi, les humains revenaient couverts de biens d’autant plus précieux : les coquilles des enfants. D’obsidienne pour certains, de jade pour d’autres, etc…
Ces matériaux, en plus d’être un honneur pour leurs possesseurs, étaient aussi rares que prisés chez les primates car ils alimentaient leur intérêt et leurs échanges.
Dans le temps jadis, le père du dragon noir avait-il gardé cette obsidienne dont il était sorti ?
Des questions futiles lorsque le désormais vieux lézard repensait au passé en observant ses plus insouciants congénères. Certains, comme le couple chanceux dans les hauteurs du vieil arbre sacré, allaient s’unir par amour. Ou par besoin, ce qui n’était point commun chez eux.
Après tout, la plupart faisaient partie des “autres” qui l’avaient fait par devoir. Tout comme Olriaesvelgrenchixalkan.

La femme qui avait pondu son enfant l’avait toujours regardé avec défiance. Elle avait ce regard d’agressivité qu’elle lui réservait toujours, d’autant plus aujourd’hui, en leur temps. Cette même dragonne qui avait accusé d’avoir mal éduqué Lothillalfetharnaeth, ce qui la conforta dans l’idée que si sa fille avait survécu à une querelle précédente entre dragons, notre brun aurait été un bien piètre modèle, la raison pour laquelle elle n'eut jamais laissé le noiraud s’occuper de la petite quand elle était aussi haute qu’un buisson. Chacun fit son deuil à sa façon. Notre basané avait simplement tenté d’oublier en se concentrant sur la croissance de sa fratrie tandis que sa partenaire le tenait en grippe.

Ce n’était seulement pas les pensées qui occupaient l’esprit de notre silhouette bronzée qui observait le sourire de Raensyrlinotvheg, la démarche légère. Le verdâtre se contenta d’avancer sans accorder un instant à son frère, sans doute allait-il se reposer ou se désaltérer. Une action interrompue par les paroles du mâle au regard doré qui ne bougea pas d’un iota en regardant une silhouette violacée s’allongeant plus bas.

“Plutôt jolie.”

“Kh- Qu’est-ce tu racontes enfin ?!” toussa violemment le verdoyant en s’arrêtant net après la réflexion du plus âgé.

“Tu n’es pas d’accord ?” Un fin sourire était rare sur le visage de l’aîné, mais il était là pour scruter la réaction de Raen.

Il se perdit en explications farfelues pour masquer sa gêne apparente. Omettant qu’à son âge, il était inutile de lui cacher des choses aussi évidentes bien qu’à dire vrai, ce malaise était amusant. Son petit frère avait ce côté qui le poussait à rejeter ses émotions et son tempérament empathique. Cela lui donnait sûrement un certain charme que la dragonne avait apprécié.
Finalement, le plus jeune avait fini par sourire à son interlocuteur. Olriaesvelgrenchixalkan était sincèrement heureux pour lui.

Un bonheur bien éphémère, encore une fois.
Au moment où les bipèdes choisis s’étaient présentés à l’éclosion, tel que le voulaient leurs us et coutumes, les deux dragons mâle se devaient de rester à l’écart s’ils voulaient observer l'événement.
Le lézard à la robe verte était anxieux, les yeux rivés sur l'œuf améthyste, ce qui se comprenait. Sans doute tremblait-il depuis sa position surélevée, ce pourquoi son grand frère se tenait à ses côtés.
La tension ressentie était naturelle, d’autant plus lorsque le devoir s’était transformé en affection pure pour l’être qui allait sortir de ce cocon de pierre précieuse, bien au chaud, lové contre un nid de fourrure récupérée pendant les saisons hivernales.
Puis vint l’éclosion des dragonneaux : certains sortaient avec quelques petits crissements, d’autres étaient immédiatement attrapés afin d’être mis au chaud contre les bipèdes, et ce, sous les regards attendrissant des femmes.

La dragonne couleur parme avait attendu devant l’humaine qui frémissait d’impatience à l’idée d’assister d’aussi près à telle merveille.
Toutes les deux ne feraient qu’attendre un dénouement qui ne viendrait jamais. Pas le moindre soupçon de vie n’avait insufflé l'œuf lors des éclosions. Malheureux... cela arrivait de temps à autre même si cela restait déchirant pour Raen qui avait pu observer le regard de la dragonne plus bas.
Une infinie tristesse et… de l’amertume en tournant ses iris dans sa direction.
Ce que notre basané pu observer alors que son sang avait pris son envol, échappant à la scène froide. Le mâle au regard d’or porta un dernier regard vers la crinière violette à son tour tandis qu’il volait rejoindre la tignasse olive qui serrait ses membres avec regret, tremblant.

Olriasvelgranchixalkan avait déjà vu son frère succomber à la tristesse, mais jamais il n’avait pu assister à une telle destruction. Ses larmes n’avaient point coulé en ce jour. Et le brun ne reparlerait pas de cet incident afin de ne pas heurter son jeune frère dont la première fois fut aussi déchirante.


C’était à cette époque que son benjamin s’éloignait régulièrement du groupe. Un cirque qui n’avait pas de fin où notre dragon noir se devait de le retrouver à maintes reprises. Le serpent se mordait la queue à ce que l’on disait. Et c’était une journée comme celle-ci qui fit embrayer la créature noire plus bas, reprenant forme humanoïde en soupirant un instant. Pénible et long. La végétation s’agitait tout autour de lui ou s’en éloignait selon la nature de ses acolytes. L’on pouvait pourtant juger de la beauté de cette forêt de bambous dont le sol était aussi fertile que les hauteurs. Calme également, la silhouette marcha lentement sous les bruissements feuillus jusqu’à ce qu’une vision qui contrastait avec le verdoyant n’apparaisse aux yeux du reptile, ainsi que des sons distinctifs, une teinte claire carillonante.
La verte forêt de bambou avait laissé place au bleu du lac de lotus et son ouverture sur une plaine aux herbes hautes. Un décor idyllique si flou dans la tête de notre chevelure chocolat qui avait aperçu l’origine de ces tintements.

Elle avait une allure presque humaine et pourtant si inhumaine à la fois lorsque son corps dansant et les voiles ondulés d’eau qu’elle arborait s'alliaient pour la rendre à demi transparente. Une surnaturelle aquatique aux traits délicats dont la grâce s'associait avec sa coiffure longue et structurée malgré la nuance la plus marquante qu’elle arborait, celle de ses iris d’un azur aussi profond que celui de l’eau sur laquelle elle dansait.


Usui


La première jeune femme qui fit naître cet éblouissement n’était pas une dragonne. Ce qui avait surpris d’autant l’ancien qui allait rebrousser chemin bien que ce fut ce moment précis que sa vis à vis choisit pour s’arrêter, ayant remarqué l’intrus.


“Hum… Bonjour ?” Avait-elle bredouillé tandis qu’elle esquissait un rire embarrassé.

Alors ça… Olriaesvelgranchixalkan s’attendait à tout un tas de réactions mais celle-là… Enfin, si elle était bel et bien ce qu’elle était qu’il croyait, n’avait-elle pas remarqué l’aura qui suintait par tous ses pores ? Ou bien était-ce la peur qui avait poussé ce genre de réponse ? Non, il aurait été logique qu’une surnaturelle fuitât plutôt que de saluer un être comme lui.
C’était insensé. Si insensé que le dragon noir s’était retourné de lui-même pour partir. Elle devait être déboussolée. Il n’y avait pas d’autres explications, alors il partirait pour y mettre fin.

“Hé- Attendez !” Cria ensuite la beauté aquatique, consternée.

Ce n’était pas vraiment la réaction attendue par le dragon, il fallait le dire…

“Mais attendez enfin !”

L’inconnue s’arrêta net de courir en soufflant d’épuisement après avoir rattrapé l’homme aux cornes protubérantes. C’est vrai que son aura était effrayante et aurait apporté un frisson de dégoût ou d’horreur à certains de ses congénères du même âge mais… Un véritable monstre lui aurait déjà sauté dessus non ?

“Vous êtes toujours comme ça ?” Souffla-t-elle en se redressant ensuite pour regarder le bronzé.

“Comme ça ?”

“Aussi bavard, vous pourriez au moins me rendre le bonjour.” Ria-t-elle en expirant de fatigue une dernière fois.

“Fiou…! Mais je suis contente de voir que vous savez parler ma langue. J’ai vu de vos congénères plus causant de l’autre côté des terres : plus susceptibles aussi. Du moins, je suppose que vous êtes d’ici si vous pouvez me comprendre. Je m’appelle Usui et vous ?”


Elle parlait trop.
Beaucoup trop.
Je m’étais fait cette réflexion à l’époque.



Elle était si différente des autres surnaturels. Et des femelles qu’il avait connu de manière générale.
Bavarde, naïve et souriante. Elle n’avait pas eu l’air de craindre son aura. La seule supposition de la créature légendaire fut qu’elle soit au moins aussi âgée que lui, mais cela n’avait pas d’importance.
Cette rencontre ne fut pas la dernière avec l’élémentaire. Oh que non.
Usui avait beau être une pipelette, sa présence s’était révélée pour le dragon assez… rafraîchissante ? Quelque chose chez elle avait réveillé l’esprit qui s’était endormi dans une vie longue et éreintante auprès de son peuple. Le sourire d’Usui en était une raison, l’amour qu’il développa pour elle une autre.

Quand notre tignasse brune rentrait vers les siens, il se surprenait à repenser à la belle d’eau. Son visage, sa présence. Il en oubliait presque de revenir parfois bien qu’il n’évoqua à personne ses liens ou sa rencontre avec Usui, même à son propre frère.
En réalisant ses sentiments pour une surnaturelle non draconique, Olriaesvelgrenchixalkan resta lucide. Quel ancien verrait une relation dragon/non dragon d’un bon oeil ? Impensable déviance pour l’époque et ce groupe d’orientaux.
C’était la raison de sa présence avec la belle au bord d’un nouveau lac. Peut-être qu’Usui faisait de même avec ses congénères ? Notre homme aux iris dorés se surpris encore à s’y intéresser.

“Vous avez toujours l’air ailleurs.”

“Cela vous ennuie ?”

“Pas vraiment.” Souriait l’ondine en se redressant pour attraper vivement la tête de l’humanoïde draconique, jouant au passage avec ses cornes. “Et puis, mine de rien, je me sens plus écouté quand je suis avec toi plutôt qu’avec les autres ondines qui ne veulent clairement pas m’entendre parler pendant des heures et des heures.”

À ces mots, le noiraud avait soufflé un sourire discret. C’était typiquement elle.

“Dites Kana” changea de sujet la japonaise en passant ses doigts sur les cheveux du dragon.

La première à oser l’appeler par ce diminutif fut Usui lorsqu’il lui dévoila le nom que lui et les siens utilisaient pour les humains, ayant des difficultés à prononcer les noms draconiques. Mais Usui s’était amusée au fur et à mesure à lui donner ce fin sobriquet sans aucune autre forme de révérence. En d’autres circonstances, notre mythique aurait pu trouver cela très impoli, voire irrespectueux. Néanmoins, il lui permettait bien des écarts, quand il s’agissait d’elle.

“Hm ?”

“C’est juste vous ou les vôtres ne sont pas très démonstratifs ?”

Aïe la question indélicate. Payez votre respect sir dragon, la demoiselle n’en avait cure. Acérée, directe et naïve. Pas étonnant qu’elle soit parvenue à froisser des dragons par le passé maintenant qu’il y pensait, ce qui le fit sourire d’amusement.

“Avez-vous déjà essayé de demander à d’autres ?”

“Non. Mais n’esquivez pas la question.”

Elle lui donnait des ordres aussi. Décidément. Il soupira.

“Nous respectons une certaine distance.”

Les femmes étaient précieuses chez les créatures mythiques, chaque dragons leur devaient le respect qui leur était dû. Les protéger et les traiter avec égard en faisait partie. Les démonstrations trop affectueuses ou les obscénités n’existaient pas dans un couple. Enfin, c’était là la définition de Kana et des géants lézards. Ce que l’on pourrait qualifier d’obscène ne serait certainement pas la même chose pour des humains.
Pour résumer, les gestes affectueux étaient réservés aux enfants et aux proches. Les couples n’étaient pas plus démonstratifs qu’une accolade. En un sens, le groupe d’orientaux était très platonique en amour en comparaison avec d’autres races. Cela s’appliquait à notre dragon noir dont les sentiments étaient réels.

“Beuh… Cela ne doit pas être simple pour les couples.” Grommela Usui en détaillant le visage de son vis à vis qui lui rendit un regard interrogatif.

“Enfin ! Comment savoir si vous vous aimez vraiment si vous ne le montrez pas ? C’est-” S’arrêta la femme aquatique, choqué par la réaction de Kana : il l’avait coupé dans sa phrase pour l’attraper à son tour.

“Nous n’en avons pas besoin, mais si vous me le faites remarquer, j’imagine que vous si.”

C’était ainsi que l’on faisait taire un moulin à paroles qui rougissait aussi intensément qu’une tomate mûre tandis que son amant n’en était pas le moins du monde gêné. Pas un seul instant lorsqu’il ponctua lentement sa seconde phrase :

“Je vous aime Usui. Je vous aime sincèrement.”

Il était impossible d’oublier Usui. Kana n’y parviendra jamais. Parfois quand on veut oublier, on oublie pas. Et l’ondine faisait partie de ces exceptions.
Un souvenir impérissable, figé comme dans de la glace, là où toutes les images refont surface et où le passé revient comme un poignard.

À force d’entrevue ensemble, le basané n’eut pas le temps de voir les années passer. Les humains vivaient de plus en plus dans leur refuge, la séparation devenait de plus en plus nette mais la frontière restait floue pour le moment. Un jour, il serait forcé de constater ce mur tracé.
Ce jour, il y fit face bien plus tôt que ses congénères.

La beauté d’Usui paraissait impérissable : ni les millénaires, ni les mœurs ne changeraient cela. Et avec les demandes d’attention de l’élémentaire d’eau, il ne parut pas étonnant que cela doive arriver. Sa compagne lui présenta un aveu sous la forme d’un précieux cadeau, un œuf de la part de l’aquatique aux traits fins.
D’abord de la surprise pour le dragon, ensuite un tourbillon d’interrogations, sûrement autant qu’Usui lorsqu’elle parlait du jour de l’éclosion et qu’il devrait rester près d’elle proche de l’eau.
Pourtant, l’oeuf était spécial. Kana n’aurait su dire, mais il avait quelque chose de différent. La teinte sûrement ? Et, il paraissait si petit comparé aux œufs des dragons. L’influence de sa femme devait s’y voir bien qu’Usui lui ai dit qu’il était légèrement plus gros qu’un oeuf d’élémentaire en riant à demi amusé à demi jaune.

Appelez cela comme vous voulez mais, tout cela mis de côté… les siens mis de côté. Cela restait une heureuse nouvelle. Bien sûr, une certaine pression au cœur avait gagné le dragon qui se remémorait subtilement le dernier œuf qu’il avait vu éclore. Celui de Raen.
Il ne devait pas se laisser aller à ce type d’égarement. Rester fier et attendre étaient les meilleures choses à faire.

Qui aurait pu prévoir l’incident lorsque le feu gagna la forêt de bambou ? Son arrivée à tire-d’ailes était bien tardive.
Kana eu à peine le temps de réaliser l’avidité d’un groupe humain désireux d’exterminer les “monstres de l’eau, de la terre et de la nature” qui pourrissaient leurs terres qu’il arriva devant le lac où Usui et lui avaient pris l’habitude de se retrouver, ignorant les autres élémentaires de la forêt qui bataillaient contre les tueurs.
Un lac où se tenaient encore Usui, à terre, sans vie. Au vu de sa position, elle avait dû tenir l'œuf contre elle de toute sa force, quitte à finir mortellement blessée, et pourtant, en s’agenouillant, la tignasse brune ne trouva que des restes de coquilles.
Tout s’affichait tel une scène immuable sur un tableau. Le toucher des restes de cocon solide et celui du visage d’Usui qui resta désespérément vide. Un vide où les doigts tremblants passaient sur les vestiges de ce qu’il avait profondément aimé avant de se redresser lourdement, le regard égaré dans ce même vide que des primates avaient engendré.

Ces humains étaient des étrangers. Ils ne faisaient pas partie des tribus qui les vénéraient. Certainement la raison qui le poussa à se retourner pour attraper à la gorge le bipède qui avait hurlé derrière lui, courant toute hache dehors en direction du "monstre à cornes”.

Le sinistre bruit qui émana de la contorsion de sa nuque tout comme une gerbe rouge ne suffirent pas à apaiser le dragon. Cette nuit-là, il tua toute la tribu responsable de cette boucherie, sauvant au passage les rares élémentaires restants sans qu’il ne l’ait vraiment voulu. Une nuit atrocement longue où la bête noire s’envola pour rejoindre les siens après plusieurs dizaines de minutes d’hurlement à vous glacer le sang.
Une nuit où les humains avaient perdu le peu de confiance qu’il leur accordait.

Cette nuit, il n’en fit part à aucun de son groupe. Il n’y avait qu’une odeur de sang qu’il fit partir avant de revenir, et un regard inquiet de la part de son jeune frère.

Il avait peut-être toujours su. Néanmoins, le dragon vert était resté aux côtés de son aîné après moult années à s’être perdu et questionné.
Là où un dragon avait retrouvé la paix avec lui-même, un autre venait de la perdre.
Et les deux frères étaient toujours restés ensemble depuis au sein du groupe.


Le temps et cette notion de plus en plus effacée avait cette saveur âpre bien que la présence du duo puisse compenser les manques de chacun.
Depuis quelques centaines d’années, les humains révéraient les dragons comme des créatures mythiques et puissantes. Aussi nébuleuses que curieuses, les tribus qui avaient toujours suivi les reptiles géants s’étaient mises à demander humblement des audiences pour s’éclairer de leurs sagesses, cela avant qu’ils ne se décident progressivement à implorer les dragons de quêtes de toutes sortes. Un acte qui n’aurait jamais été possible d’envisager pour les bipèdes il y a quelques milles années encore, mais, force était de constater que les humains s’enhardissaient de courage avec les époques.

Les dragons étaient-ils devenus de simples créatures dont les primates exigeaient la protection ? Ou leur mentalité avait-elle changé au point d’attendre de ses divinités qu’elles effectuent des prodiges pour continuer à croire en elles ? Peut-être les deux à la fois.


Peut-être que nos si longues cohabitations avaient été la pierre fondatrice de ce sentiment. Ce qui apparaissait auparavant comme prodigieux était graduellement devenu habituel. En définitive : ordinaire. Il leur fallait plus. toujours plus.


Le peuple de Kana s’était possiblement fait à cette idée, accordant effectivement audience, de temps à autre, à quelques bipèdes afin de les laisser parler de leurs problèmes aussi futiles leurs paraissaient-ils. Les premières fois, il était presqu’impossible pour les lézards légendaires de ne serait-ce qu’écouter les déboires ridicules de cette espèce.
Cela se fit doucement. D’abord avec la crainte des humains face à leur propre congénères qui envahissaient les terres des tribus.
L’ironie était là : si les mythiques n’agissaient pas, ils auraient risqué la perte de leurs fidèles.

La petite Lothi aurait certainement pu en rire. Voir ses anciens compagnons se soucier de leurs fidèles, voilà qui n’aurait pas manqué d’humour pour elle qui fut bannie pour en avoir suggéré l’idée.
Il en était de même pour notre basané : ce retournement de situation n’avait fait qu’alimenter ses rires amers. Se soucier des humains ? De son temps, c’était inenvisageable. Il avait bien évidemment fait partie des réfractaires. Pourtant, ce n’était pas lui et ses acolytes qui avaient eu le dernier mot, puisque la majorité des plus anciens rassemblés au conseil avaient été favorable à l’idée “d’accorder un soupçon d’attention aux bipèdes”.

C’était la raison pour laquelle ces créatures insignifiantes s’étaient présentées un jour comme un autre devant les majestueuses créatures. De fortes révérences émises face aux quelques dragons qui avaient été “fortement enjoints” par leurs semblables à écouter la requête d’aujourd’hui. En définitive, Kana n’eut pas le choix, dans le cas contraire, aucune chance qu’il eût écouté ces humains le supplier lui et son frère de venir en aide aux tribus depuis qu’un monstre semait le trouble et la mort sur son passage auprès de ces humains.
“Monstre” était loin d’être précis pour décrire la nature de l’incident. L’hypothèse la plus probable étant qu’il s’agisse d’un surnaturel, mais rien n’était moins sûr : même si Raen fut à l’origine de la réponse positive donnée aux primates. Kana ne pouvait malheureusement rien refuser à son sang depuis plusieurs milliers d’années… De quoi faire de lui un obligé dans cette tâche tandis que le verdâtre ne se doutait aucunement de l’agacement de l’ancien dragon. Décidément… La naïveté ne le quittait jamais. On aurait presque pu dire qu’elle s’était renforcée.

Ainsi donc, la fratrie s’était posée dans les environs d’une forêt. Une forêt classique mais dont l’ambiance paraissait particulièrement pesante.
L’agitation des humains y étaient sûrement pour quelque chose. Ou alors était-ce l’aura du grand-frère du lézard couleur olive qui repoussait toute chose autour d’eux afin de les muer en un duo désespérément solitaire ? Qu’importe, les deux créatures parées de leurs formes humanoïdes marchaient avec facilité à travers le sol peu fertile et les branches sèches d’un sentier peu pratiqué. Il était certainement possible d’entendre le craquement distinctif de leur lourde démarche, d’autant celle de Kana et sa force démesurée qui achèveraient de faire pâlir les rares présences ayant supporté son aura.
Néanmoins, la direction prise par les deux silhouettes aux cornes distinctives n’avait pas été reléguée au hasard. Bien au contraire, cette pression constante ainsi que l’agitation au loin à travers les cris emplis de truculence des quelques humains au loin avaient guidé les deux reptiles jusqu’ici et à mesure que cette bourrasque d’agressivité se rapprochait.
Si ces faibles êtres en venaient à hurler avec une telle véhémence, la bataille aurait du être d’une particulière violence non ?
Au début, quelle ne fut pas la surprise pour notre duo d’apercevoir au loin une frêle silhouette qui accourait encore et encore en espérant semer ses poursuivants humains, armés de leurs outils tranchants et perçants, taillés dans la pierre pour la plupart.
Ensuite, ce fut un tout autre sentiment qui traversa nos mythiques quand la forme élancée se précisa en une jeune fille, à peine plus haute qu’une humaine, aux nuances violines et aux cornes protubérantes.

Un seul regard fut porté en direction de Raen qui était devenu immobile à la vue de cette course poursuite qui se rapprochait de plus en plus vers nos protagonistes.
En un instant, de douloureux souvenirs avaient traversé le dragon dont une image encore bien vivante dans sa mémoire. Celle d’un œuf aux mêmes nuances. Pour l’ancien jeunot verdâtre, ce n’était pas qu’une simple image. Elle se révéla puissante au point de s’interposer entre la jeune fille aux cheveux parmes et le groupe de bipèdes qui la poursuivaient, une impulsion qui fit écarquiller les globes oculaires de Kana. Il n’arrivait pas à croire ce qu’il voyait. Son frère qui protégeait une simple surnaturelle alors qu’il réalisait en même temps la portée de cet acte. qu’est-ce qu’il lui était passé par la tête ? Était-il devenu fou ? Se rendait-il compte de la situation délicate dans laquelle il le mettait ?

Les humains, aussi déconcertés qu’interrogatifs devant une telle intervention, s’étaient tus. Un silence tout relatif où l’être à la crinière de jade resta de marbre face au groupe. Et quelques secondes de répits juste avant qu’il n’entame ses premières paroles.

“Il suffit.”

“C’est...” Avait entamé un premier humain en s’inclinant, “Un honneur de vous voir en ces lieux.”

“Il s’agit du monstre qui inflige crainte et destruction autour de lui. Nous nous devons d’y mettre fin.”

“Considérez que le danger est écarté. Nous nous occuperons de cette jeune fille.” Répondit fermement Raen en fixant les humains, encore plus abasourdis en comprenant les paroles du dragon.

Venait-il vraiment de dire cela ? Kana du se concentrer quelques secondes mais, non, il ne rêvait pas. Son jeune frère avait réellement pris la défense de la fuyarde sous ses yeux.
Avait-il perdu la tête ? Comprenait-il vraiment ce que cet acte impliquait ?
Qu’allait devoir faire notre dragon noir pour éviter le pire ? Ce butor n’avait aucune idée des conséquences que pouvaient avoir ses actions après toutes ses années ? N’avait-il pas compris la leçon en le regardant bannir Lothi ?
Dans l’esprit du bronzé aux longues mèches, tout se mêlait, émotion, hypothèse, futur…
Il se préparait déjà au pire au moment où les primates partaient de leur côté.

“La folie t’aurait-elle envahi ?” Poussa dans un soupir Kana qui détailla la cornue avant de revenir sur le visage de l’être qui portait son sang.


Était-ce ce souvenir qui le tourmentait ?


Après un moment, muré dans la froideur de la solitude, le vieux reptile eu pendant une fraction de secondes ce regard de lucidité. Une pointe de compassion de concert avec les reproches qu’il gardait en fond de gorge quand il dévisageait la plus jeune.

“Raensyrlinortvheg, elle ne remplacera pas-”

“Je sais !” Fulmina le verdoyant en reprenant sa forme originelle, notre homme aux yeux dorés l’observant encore et toujours jusqu’à ce qu’il daigne porter un autre coup d'œil contempteur à la chose qui allait certainement être la cause de leurs ennuis à venir alors qu’il s’éloignait pour reprendre également forme à son tour.

Il était de bon ton de dire que ces deux mâles étaient impressionnants sous leur forme draconique. Non, plus qu’impressionnants, ils étaient gigantesques : aux proportions inimaginables. La petite avait-elle déjà vu plus grosse créature au cours de sa vie et d’aussi près ? Ce n’était pas exactement les pensées à l’ordre du jour quand Raen intima un simple “monte” à la plus jeune.

C’était en cet instant que les deux forces de la nature prirent leur envol, Kana le premier dans une humeur oscillant entre agacement et méfiance. Le souffle prédominant de l’altitude et l’air frais poussaient légèrement leurs écailles ainsi que la crinière massive des créatures célestes glissant parmi les cieux. Un spectacle rarissime pour tout être dépourvu de cette capacité si spécifique : flotter dans les airs.
Entre les nuages et le bleu brillant du ciel à peine ébloui par les rayons de la belle boule enflammée, rien ne pourrait briser ce tableau si gracieux.
Le voyage était marqué dans le sang de cette espèce, tout comme cette sensation d’élèvement qui avait su ravir leur ego depuis la nuit des temps.
Tout portait à croire que ces plaisirs simples pourraient disparaître en une fraction de secondes, à mesure que notre trio se rapprochait de l’arbre sacré dans lequel les lézards géants logeaient il y a de cela quelques centaines d’années dans le but d’être plus accessible pour leurs fanatiques. La conséquence étant que le peuple se retrouvait à raréfier les déplacements. S’étaient-ils finalement calqués sur les décisions humaines ? Les dragons ne l’auraient jamais admis par fierté, mais, tels leurs homologues humains, ils commençaient à se semi-sédentariser. Quel meilleur endroit que l’arbre sacré qui avait suivi les générations grandir pour se poser en attendant le prochain envol ?
Il fallait espérer que les reptiles finissent par réaliser qu’ils changeaient eux aussi.
Un soucis pour un jour, un autre pour ce jour quand il s’agissait de la jeune fille qui se tenait sur le dos d’un titan de vert. Elle pouvait apercevoir cet arbre d’une taille impressionnante dont l’âge était indéfinissable. Là où les dragons à chaque recoin, allaient et s’en allaient.
Sur une énorme branche, de l’autre côté, elle pouvait facilement distinguer quelques dragons de taille plus modeste s’essayer à leur dons.

Chaque parcelle et chaque congénère ne se doutaient pas de l’entrevue qui les attendaient.
Bien évidemment, l’arrivée de la violette s’était fait remarquer autant par l’odeur que par la petite forme anormale qu’elle traçait sur le corps du massif à la robe olive.
L’agitation se fit rapidement sentir en surplombant l’entrée avec ces deux apparitions. La première, celle d’un majestueux dragon noir de jais qui ne tardait pas à prendre forme humanoïde, sa taille pouvant détruire l’endroit, avant d’intimer à Raen d’attendre plus loin avec la jeune fille.

Sans autre discussion, le mastodonte sur lequel se trouvait l’oni acceptait de s’éloigner, sachant pertinemment ce qui attendait son frère. Rien que le ton ponctuant l’ordre qu’il lui avait donné ne laissait pas de place au doute. Il avait choisi d’endosser la responsabilité de cet acte à sa place. Et… Cela ne pouvait qu’apporter une culpabilité profonde à l’animal émeraude qui reprit forme humanoïde. L’action faisant tomber la demoiselle qu’il repêcha dans ses bras lorsque la gravité rattrapait la pauvre surnaturelle. Une fois dans ses bras, il se contenta de la reposer doucement au sol, l’air fautif et inquiet en expirant lentement. Si son aîné devait en pâtir de part ses torts, jamais il ne se le pardonnerait.

Devant les anciens, une autre représentation se jouait cependant. Celle d’anciens fulminant contre leur compère durant une réunion, la portée urgente de cette dernière ayant provoqué cette désorganisation et cette ronde d’incompréhension face au plus sombre qui leur devait des explications pour avoir ramené une étrangère auprès des leurs.

“Nous vous pensions plus sage et avisé, quelle fantaisie vous aurait conduit à protéger cette divergence en ces lieux ?”

“Tolérer la présence de cette chose serait trop dangereux, vous rendez-vous compte de votre négligence ?!”

“Si votre acte venait à nuire aux nôtres, qu’auriez-vous à répondre ?”

“J’en prendrai l’entière responsabilité.” Répondait Kana, le regard neutre aux divers remontrances de ses vis à vis dont les visages circonspects traçaient une incompréhension ambiante.

Olriaesvelgrenchixalkan qui prenait la défense d’un non-dragon ? Pourquoi ?
Quant à d’autres, leurs questionnements étaient d’un autre ordre. Leur compagnon venait de mettre en jeu son avenir au sein de la communauté. Le mâle savait pertinemment ce que cela impliquait. La raison pour laquelle le doyen de jade avait haussé la voix à son tour.

“Que notre égal veuille protéger une étrangère est d’une nature suffisamment mystérieuse pour qu’il ait le devoir de nous éclairer. Nous jugerons nous-même de sa dangerosité à comparaître.”

D’un renfermement de paupières, le basané n’eut pas d’objection à la proposition. Ses pairs, bien que particulièrement méfiants, avaient apporté un point non négligeable au débat. Personne ne connaissait cette fillette. En sachant qu’elle eût été décrite de “monstre” par les humains, cela s’avérait d’autant plus primordial d’amorcer le dialogue avec l’intéressée. Personne ne voulait connaître qui elle était ou ce qu’elle avait pu être, non, les dragons n’en avaient cure : il s’agissait plus de savoir si elle pouvait représenter une menace pour les plus jeunes et la stabilité du groupe.

Ainsi fut amenée la source de cet écho résonnant à travers l’arbre, au point où certains reptiles inexpérimentés tentèrent de se faufiler à travers la ronde, au loin, afin d’en écouter les teneurs ou de ne serait-ce qu’apercevoir l’inconnue qui fut conduite au devant de ce cercle d’humanoïde aux longues cornes dont les ramifications étaient toutes plus étonnantes les unes que les autres. Chacun possédait une queue aussi longue que leur corps tandis que leurs mèches abondantes et leurs manières trahissaient leurs âges vénérables. Un conseil intimidant où l’homme bronzé qui n’avait pas été particulièrement accueillant à l’égard de la fille améthyste, se tenait en avant également, presque dans la même position de jugement que l’oni même s’il ne lui accordait pas le moindre regard. À l’arrière, Raen ne pouvait qu’observer la scène, déchiré par l’écart qu’il avait commis, priant également pour que son frère puisse en sortir indemne.
Encore une fois, Raen savait, qu’une fois de plus, sa stupidité avait mis son aîné dans une position indélicate. Il le savait et pourtant… Il était intervenu pour protéger cette oni. Et désormais, son précieux grand-frère avait fait de même, non pas pour cette crinière de prune, mais pour le protéger lui… Encore...

“Oni, l’un des nôtres ici présent t’as protégé des humains. Ces mêmes humains t’ayant baptisé de “monstre”. Qu’as-tu à y répondre ?”

Le doyen de l’espèce était particulièrement flegmatique mais impartial. Respirant lentement, il scrutait le visage de la jeune fille, elle qui se révéla d’une voix à la tonalité particulièrement calme, d’une certaine fermeté également, certes, mais pas la fermeté de ces tuteurs cassants ou bien la sécheresse d’un vieillard aigri. Au lieu de cela, il s’agissait de fermeté emplie de conviction. Elle était déterminée. La surnaturelle avait sans doute vécu assez de choses pour faire naître cette fine étincelle d'intelligence dans son regard qui lui accordait une sorte de maturité malgré son jeune âge. Bien sûr, au regard de son passé, des événements sans précédents avaient dû l'animer de cette flamme distinctive, seulement, il était sûr qu’elle saurait se défendre quand elle adressait enfin ses premiers mots aux créatures millénaires qui l’entouraient.

“Je vais répondre à votre question mais s'il vous plaît, messieurs-dames, j'aimerais que vous ne m'interrompiez point le temps de mon explication.”

“Quelle insolence.” Grommela une dragonne qui la dévisageait avec mépris en entendant l’injonction alors que le plus âgé avaient silencieusement détourné ses iris dans sa direction.

Celle-ci, en remarquant l’expression de son acolyte, se tut sans autre commentaire avant que l’homme en face de l’adolescente ne lui accorde de nouveau son attention.

“Tu peux poursuivre.”

Aucun bruit n’allait déranger cette attente du conseil, elle pouvait en être sûre alors qu’elle ouvrait la bouche une seconde fois :

“Les Humains m'appellent "monstre", je dirais que je n'en suis qu'un parmi tant d'autres. Voyez-vous, je n'ai que 18 ans et pendant les 14 premières années de ma vie, j'ai vécu parmi les Humains me pensant moi-même Humaine. Pendant 14 années, un couple d'Humains m'a élevé dans un village près des montagnes. Ils m'avaient trouvé dans la montagne, seule dans un berceau. Pas un seul instant ce couple pensait que j'étais une Oni. Après tout, mes parents avaient pris soin de cacher ma véritable nature avec cette pierre magique.” Ponctuant sa phrase de gestes, la jeune fille attrapa le haut de sa poitrine, ou plutôt, un objet y étant accroché de par un long collier dont la sobriété faisait ressortir le pendentif : une pierre d’une teinte turquoise.

Une pierre magique ? Ça n’avait rien de banal. Ses parents avaient dû recourir à des prouesses pour la créer, néanmoins, pourquoi cacher cet enfant ? La question restait mystérieuse, même pour Kana qui avait détaillé l’objet de ses iris dorés avant de se concentrer une nouvelle fois sur ses congénères.

“Je ne le savais même pas moi-même. Ma nature de Oni, je ne l'ai apprise qu’en essayant de sauver l'homme qui m'avait élevé, des griffes d'un ours. Dans le combat, la corde tenant la pierre a été coupée, révélant aux chasseurs de mon village ma nature de Oni. Cependant, je ne le savais pas et entendre un des chasseurs qui me souriait toujours en partant à la chasse, me traiter de monstre fut quelque chose de très bizarre pour moi. Ce fut encore plus incompréhensible lorsque le village tout entier me traita de monstre à mon retour, me menaçant de leurs armes. Ils m'avaient vu grandir, mais maintenant j'étais un monstre pour eux ?” Elle poussa un rire vaporeux, l’amertume se lisant à l’expression qu’elle tirait. “Ma véritable nature je l'ai comprise qu'après, en voyant mon reflet. Et je me suis mise à penser que j'étais réellement un monstre. J'ai vraiment cru que c'était de ma faute.
Pensez-vous réellement qu'une enfant qui se met à s'excuser d'être née comme elle est, est un monstre ?”
Terminait la violacée aux cheveux longs en étirant ses traits avec une douleur caractéristique, elle bouillonnait de l’intérieur, ce que traduisaient ses yeux d’une nuance mauve brillante.

“Peu importe. Je pensais être un monstre et je m'en voulais d'être ainsi, j'allais donc quitter la forêt, mais avant, je voulais juste m'assurer d'une chose ; que la femme qui avait donné 14 ans de sa vie pour m'élever allait bien. Mais tout ce que j'ai vu en arrivant près de mon village, ce fut les villageois qui torturaient ma tante adoptive. Ils l'ont torturé encore et encore, jusqu'à ce que le soleil se couche et qu'elle ne rende son dernier souffle. Resteriez-vous sans émotions face à une telle scène ?” Demandait l’oni dont la voix était chargée de cette colère sourde, celle qui se retenait sûrement de hurler toute sa rage et sa rancœur envers ce passé épouvantable.

Cela étant, la plus jeune était de suite redevenue très calme après sa lourde déclaration. Les dragons la fixaient, tout comme l’ancien qui, de toute sa neutralité, pesait les mots entendus qui se réverbéraient dans l’arbre saint. Tour à tour, les iris de la fillette détaillèrent chaque créature présente dans ce cercle qui la jugeaient. Pouvaient-ils vraiment rester de marbre face à ces aveux ? Était-ce là ses intentions ? Il était évident que son récit aurait pu faire pleurer plus d’un surnaturel malgré la présence de fiers dragons qui se voulaient en-dehors de ces histoires macabres. Cette histoire ne les concernait malheureusement pas, mais elle expliquait grandement la psyché de la jeune demoiselle.

“Si vos voisins se mettaient à torturer vos enfants et votre conjoint alors qu'ils sont innocents, réussiriez-vous à rester de marbre et à trouver ça normal ?”

“Pour moi, c'était impossible et je me suis promise de venger ma tante, peu importe le temps que ça prenait. Et cette vengeance, je l'ai eu après 3 ans à errer dans les montagnes. J'ai appris à me battre pour survivre aux armes des Humains, j'ai appris à survivre toute seule pour arrêter de dépendre de quelqu'un et j'ai appris à m'aimer telle que j'étais. 3 ans, c'est le temps qu'il m'a fallu pour arrêter de culpabiliser inutilement.”
Désormais, la tristesse avait remplacé la colère, telle une valse navrante, chaque sentiment s’emparait tour à tour de l’interlocutrice. “Après ces trois longues années, je suis retournée à mon village natal et je me suis vengée. Œil pour œil, dent pour dent.” La jeunette avait adopté un ton glacial qui ne laissait nullement entrevoir de la culpabilité. “J'ai torturé ceux qui avaient torturé ma tante et cela jusqu'à la mort. La loyauté envers la famille était-elle mauvaise ? Une personne devient-elle un monstre pour avoir tué des personnes toutes aussi monstrueuses ?
Les Humains qui m'ont vu ce matin-là m'ont prise pour un monstre, cependant, les villageois eux-mêmes n'étaient-ils pas des monstres pour torturer ainsi un membre de leur village ? N'étaient-ils pas des monstres pour traiter ainsi une enfant qui ne savait même pas ce qui lui arrivait ?”
Soupira enfin la petite au centre de cette agitation.


Ces paroles m'avaient rappelé un terrible souvenir, un souvenir qu’elle n’a jamais connu.


”Pour moi, ils étaient tous aussi monstrueux. Je ne suis donc qu'un monstre parmi tant d'autres. Et honnêtement, je préfère être un monstre qui pense à sa famille, même si cela signifie se salir les mains pour honorer la mémoire de quelqu'un, qu'un simple être qui mord la main qui l'a nourri à la première occasion.”

La tirade avait pris fin sous ce dernier soulignement. L’oni et la tragédie qui l’accompagnait permettaient aux reptiles de recoller les morceaux du récit. Le monstre, les humains, les craintes. Tout cela était né des humains propres qui avaient façonné le destin de cette petite. Des humains qui auraient pu appartenir à leurs suivants pour notre basané.
Pour lui, la nature humaine était la pire d’entre toutes. Belliqueuse, d’une avidité insatiable et… d’une laideur particulière. S’il ne pouvait apprécier la situation qu’elle avait provoqué, notre sombre créature pouvait envisager la haine qu’éprouvait la fille. D’une certaine façon, les deux êtres se ressemblaient plus que les deux n’auraient pu le dire.
Après tout, Kana était lui aussi devenu une bête ce jour-là…

Progressivement, l’assemblée devint tintamarresque. Chacun des humanoïdes s'était mis à proférer diverses paroles. De la méfiance parfois pour ses tendances meurtrières, peut-être un brin de pitié pour sa sombre histoire, mais surtout, un débat quant à sa nature profonde. La dernière phrase qu’avait émise l’oni avait été d’une importance capitale dans la discussion, après tout, elle dessinait là une capacité de loyauté de la part de la concernée. Il n’en suffisait pas plus pour le plus âgé après délibération.

“Nous avons entendu ton plaidoyer jeune oni. Bien que tu sois dépréciée des bipèdes, ta nature ne semble pas aller à l’encontre de la stabilité de la communauté. En conséquence, nous acceptons de te garder ici, à l’abri des humains.” Énonça le vénérable alors qu’un léger brouhaha s’annonçait sous la décision donnée, le silence revint ensuite, mais bien rapidement quand le verdoyant ajouta ceci :

“Cependant, tu devras te montrer digne de cette confiance que nous te donnons et tu obéiras à ton défenseur. Tant que nous ne t’en aurons pas trouvé digne, tu as l’interdiction de te promener seule et sans sa présence.”

Une fois le verdict donné, notre dragon de jade n’eut nullement besoin d’intervenir une fois de plus. Son rôle avait pris fin avec le débat, il pouvait s’en retourner à son observation, là où un autre dragon prit la parole bien que son regard était dirigé vers le bronzé qui était la cause de ce remue-ménage.

“Olriaesvelgrenchixalkan, bien que votre acte soit d’une particulière inconscience, vous vous porterez entièrement garant de ses actes, tout comme vous la surveillerez nuit et jour.
À compter de ce jour, cette jeune fille sera sous votre protection en tant que figure d’autorité. Avez-vous une objection à émettre ?”


“Non, je m’en remets à votre décision.”

Pas une fois, Kana n’avait eu d’égard pour l’être dont il venait de se porter garant durant l’évènement. Il se contenta d’un bref hochement de tête approbatif afin de mettre fin à l’agitation ambiante.

“Bien. Quant à toi, Oni. Olriaesvelgrenchixalkan t’as honoré de sa protection, reste à ses côtés et les bipèdes ne t’ennuieront guère. Nuis aux nôtres et tu mourras sur le champ. Est-ce bien clair ?”

"Ne vous en faites pas monsieur, je sais me tenir. Les Dragons resteront majestueux et respectés, que je sois là ou non." Affirma la violette tandis que son vis à vis arqua un sourcil dubitatif.

Il n’était pas nécessaire de prolonger le dialogue puisque les termes avaient été donnés. Ce pourquoi Kana s’était retourné en ne prenant aucunement le temps de détailler sa vis vis où il intima un bref “Suis-moi” sans attendre de réponse, avançant insensiblement vers la sortie du cercle qui emboîta ensuite le pas, se dispersant au passage.

Raen peina à suivre son grand-frère qui sortait, et pourtant, il n’avait jamais été aussi soulagé. Pour une première parole envers cette jeune fille, cela n’était que peu positif bien sûr : notre dragon noir allait désormais devoir jouer les darons avec une oni, voilà qui était cocasse. Cela ne lui convenait pas, mais il n’en ferait part à son benjamin qui rattrapa la crinière brune d’un souffle. Son précieux frère n’aurait pas à être banni ou tué par sa faute, et il comptait se faire pardonner en lui exprimant, tout comme il aiderait celui-ci dans cette tâche qu’il s’était infligée à sa place.


Raen s’y était de suite attaché.


Du moins, les journées se chargeaient d’une nouvelle présence qu’il se contentait de surveiller au loin, depuis un point de vue surélevé, à plusieurs mètres de là. Le dragon noir n’aurait pas besoin de coller cette Oni pour savoir ce qu’elle trafiquait tandis qu’une forme verdâtre s’était arrêtée devant la jeune fille. Un duo improbable entre un dragon vert et une adolescente cornue. C’était… presque attendrissant de le voir sourire autant de nouveau. Enfin, bien sûr, en secouant la tête, notre basané aurait remis de l’ordre dans son esprit s’il avait pensé cela et ce, tout en reprenant contenance. Son jeune frère qui se rapprochait de l’étrangère avait un ton marginal pour la communauté.
Que Kana eût fait la bêtise de la ramener était une chose pour le groupe, que son sang s’y attache, une autre : en définitive, son attitude surprenait. Ce qui ne facilitait pas la tâche au sombre reptile, encore plus lorsqu’il aperçut son benjamin lui rendre un regard approbateur depuis sa position éloignée avec la surnaturelle.
… Ce qu’il ne fallait pas voir. Essayait-il d’épargner temporairement au plus vieux la corvée de surveillance ? Amusant. Le grand lézard noir avait pourtant assumé seul la responsabilité de cette petite. Rien n’obligeait Raen. Absolument rien. Kana était ainsi : sa décision, il ne la prenait pas à la légère. Seulement, d’un autre côté, il n’était pas étonné de voir le verdoyant mettre la main à la pâte. Après tout…


C’était tellement lui.


Un sourire nostalgique aurait presque envahi la silhouette en y repensant : on lui aurait dit qu’il finirait par s’attacher à cette petite boule de problème sur pattes, jamais il ne l’aurait cru.


ENCART HRP : Étant donné que l'histoire est décidément trop longue, attendez vous à plusieurs posts à la suite, la suite est donc sur l'histoire 2, merci de votre compréhension

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Oorichikana
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Sam 24 Avr 2021 - 15:29

Parfois quand on veut oublier, eh ben on oublie - Oorichikana Uova

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Histoire Suite 2


Clairement, en constatant à quel point Kana était froid quand cela concernait la violette et le moindre écart alors qu’il était doux et plus souriant avec les siens… Impossible de se dire qu’il aurait à l’avenir plus d’égard. Non, il n’y avait que Raen qui discutait avec la démone. En plus de lui apprendre comment fonctionnaient les siens, il lui avait appris les noms traduits des dragons pour les bipèdes. À l’époque, Kana pensait que son frère se démenait pour bien peu. Prendre son temps pour décrire le peuple des cieux aux surnaturels semblait fantasque ou dérisoire pour un fier dragon bien trop vieux pour ces conneries.

Peut être qu’au fur et à mesure de ces journées passées avec la jeunette, cela avait habitué le dragon à sa présence. Peut être que l’attitude de Raen avait facilité cette acceptation. Toujours était-il qu’une transition s’était faite à mesure des mois, au point où, la vision d’un certain basané, posé paisiblement sur les rebords de l’arbre avec une Oni à côté d’elle qui devait s’ennuyer ferme depuis qu’un dragon vert s’était absenté, se dessinait de la façon la plus incongrue.

Entre son devoir de surveiller cette enfant et les responsabilités de son peuple, certaines choses pouvaient s’embraser : il arrivait effectivement, de temps à autre, qu’une rixe se déclare entre le groupe d’Olriaesvelgrenchixalkan et un autre de congénères, en particulier ces dragons étrangers de l’Est qui se permettaient bien des écarts et qu’il fallait instruire un tant soit peu. Oh oui… Ces “batailles rangées” étaient bien connues du peuple draconique. Elles pouvaient se manifester une fois tous les cinq siècles tout comme une fois par millénaire (Cela variait avec les époques), et, cette année, c’était le peuple Kirin du Sud de l’archipel qui s’était frotté aux dragons. Les Kirins étaient comme de lointains cousins, souvent côtoyés, rarement mélangés : ils avaient une fierté similaire aux dragons bien qu’ils furent plus protecteur de leurs suivants humains, quand ils en possédaient encore. Enfin, il était certain qu’ils fonctionnaient différemment des dragons.

En principe, lors d’évènement de ce type, la majeure partie des reptiles les plus aguerris se hâtaient sur ces lieux d’escarmouche, le plus souvent à l’écart des terres, plus précisément au-dessus de l’océan pour éviter les dommages collatéraux : cela ne concernaient que les Dragons et les Kirins eux-mêmes. Hm ? Pourquoi notre cher géant noir n’y était pas alors qu’il avait toujours apporté son aide à son espèce jusqu’à maintenant vous dites ? Eh bien la raison en était fort simple : cette petite tête violette se tenant à ses côtés. Avec une Oni sur le dos, cela voulait dire impliquer un tier dans les affaires des titans d’écailles, autant le dire immédiatement, ce n’était pas négociable : puisque notre grand baraqué à la chevelure chocolat avait pour tâche de ne pas la quitter des yeux, elle n’échapperait pas à sa surveillance en restant à l’écart, en sécurité proche de l’arbre. À contrario, Raen lui, n’en était pas dispensé. Voilà la situation dans laquelle les deux s’étaient retrouvés.

Que pouvait-on en déduire ? Rien de plus qu’une journée où deux êtres n’intéragissant jamais se contentaient de poursuivre leur routine. Un silence apaisé baignait l’atmosphère aux allures d’un coucher de soleil. Celle d’un cycle qui se terminait, ou d’un renouveau lorsqu’une chose nouvelle attira l’attention du bronzé.
L’Oni. Alors qu’elle manoeuvrait en solitaire, eut une action pour le moins surprenante. Des flammes se trouvaient tout autour d’elle. Les mains tendues, ces apparitions sommaires voletaient dans tous les sens sans aucune logique propre : elles menacèrent même de toucher notre dragon tant les manœuvres paraissaient hasardeuses.
Des flammes.
Raen le savait-il ? Depuis quand cette jeunette avait fait montre de don tels que ceux-ci ?
À première vue, elle manquait cruellement de contrôle. Et le papy en savait quelque chose : il lui avait fallu des années et des années pour maîtriser les siennes. Ardu et long qu’étaient les entraînements pour y parvenir.

Dire qu’il avait acquis le rang de maître dans ce pouvoir n’était qu’un euphémisme alors, était-ce cette poussée de sagesse qui l’avait enjoint à tourner la tête depuis sa position assise afin de prononcer quelques mots ? Ou bien une raison plus mystérieuse ?

- Depuis quand es-tu capable de faire ceci ?

Il ne bougeait pas, totalement immobile devant une silhouette longiligne qui se vit sûrement très surprise d’entendre une voix à proximité. Il… Venait de lui parler ?! Kana pouvait lui parler ?! … Enfin… Après tout ce temps, jamais il n’avait eu d’intérêt à le faire et aujourd’hui il amorçait un dialogue ? C'eût été très choquant pour son interlocutrice qui ne comprit pas tout de suite où il voulait en venir.

- Elles ? Répondit la fille aux cheveux parmes en pointant l’un des feu follets, Ça doit faire une petite année qu’elles font partie de moi. Pourquoi ?

Son expression faciale en changea, elle se mua en un portrait qui n’avait qu’une signification : était-ce un problème ? Assurément qu’elle ne manquerait pas de rétorquer si la moindre insulte osait être proférée à son encontre. Ce qui ne fut pas le cas… Encore plus déroutant en sachant que l’être aux origines lézardesques se relevait, non pas pour éclaircir les questionnements de la demoiselle mais pour s’arrêter à ses côtés tandis qu’il prononçait une chose :

- Réessaie.

Un ton neutre et impartial. En définitive : Kana n’aidait pas du tout l’étrangère à comprendre ce qu’il voulait. Ça ne répondait pas non plus à son interrogation. Sans doute ce qui l’avait agacé car, son élève de fortune semblait bien peu motivé par cet ordre. Bien sûr, elle s'exécuta même s’il fût aisé de deviner ce qui lui trottait à l’esprit.
Tendant ses deux bras devant elle, l’on pouvait y voir son intention dans la direction qu’elle imposait aux flammèches qui apparurent tour à tour dans un récital ardent. Toutes guidées par un simple geste, celui de deux paumes qui pointaient vers l’avant.

Toutes ? Non, pas vraiment… L’une d’elles, dissidente, n’avait pas rejoint cette ligne brûlante. Au lieu de cela, elle tournoyait avec vivacité devant la surnaturelle, là où celle-ci paraissait comme concentrée envers cette flammèche rebelle. On aurait pu lire plus que de la concentration, que manigançait-elle au juste ? Le faisait-elle intentionnellement ? Ou était-ce là la preuve qu’elle n’avait aucun contrôle ? En tout cas, cette boule scintillante n’avait aucunement l’air de suivre les directives données.

- Soit. Tu peux t’arrêter là.

Amorça le plus vénérable en pondérant cette vision. Il fallait dire qu’il en avait assez vu pour appréhender le problème. Certainement un acte qui agaça d’autant plus sa jeune acolyte qui, mêlée à la surprise de cet arrêt abrupt, tira une grimace revêche. Ses pensées auraient sûrement pu se composer d’un sobre “C’est quoi son problème ?!”

- Il y a un souci avec mes flammes ? Tu ne les aimes pas ? C’est parce qu’elles n’étaient pas d’accord sur quoi faire que tu veux que je les fasse dormir ?

Et maintenant elle la tutoyait. Soit elle manquait d’éducation, soit elle n’était pas en mesure de comprendre qu’en face d’un aîné, on faisait montre d’un minimum de respect. Était-ce là la façon de faire des humains qui ont élevé cet enfant ? Si tel était le cas, ils manquaient cruellement d’autorité sur la jeune fille. Ces paroles en vinrent même à faire soupirer longuement le reptile. Sans son jeune frère, il aurait été évident qu’il n’aurait jamais pris une Oni sous son aile.

- Tu sembles les considérer comme des personnes.

Prononça finalement le bronzé aux yeux d’or, visiblement aussi insatisfait qu’agacé.

- Évidemment que ce sont des personnes. Chacunes d'elles a un nom et une personnalité. Elles me parlent par la pensée.

Argua la plus menue en dirigeant une main plus haut pour montrer sa tête. Un argument qui ne plût pas vraiment à Kana qui ne comprit qu’une chose de cette justification : si son pouvoir donnait vie à ses flammes, elle se laissait influencer par celles-ci sans prendre en compte les conséquences. Elle dialoguait donc avec elles au risque que cela se passe mal au lieu d’essayer de les contrôler.
Hm… Décidément, cela avait le don de l’agacer.

- Est-ce à tes flammes d’avoir le dernier mot ou bien à toi ?

C’est donc comme ça que le dragon voulait le prendre ? La jeunette s’amusa de cette réaction car elle n’y voyait qu’une critique acerbe.

- Ce n'est pas parce que l'une d'entre elles n'a pas envie de faire des courbettes au vieux Dragon qu'elle ne m'obéit pas.

Fit-elle d’une voix traduisant un léger rire. Autant la blague aurait pu être drôle à notre époque, autant ce n’était pas ainsi que le mythique de plusieurs millénaire l’avait compris.
Irrespectueuse, elle était irrespectueuse et mal élevée. Elle s’était permis un écart particulièrement indécent qui transforma le visage du plus grand à son tour pour évoquer une menace sourde.

- Je vois, tu préfères te confondre en excuses et manquer de respect à tes sauveurs, rien de surprenant à ce que tes flammes ne t'obéissent pas.

Elle avait intérêt à mesurer ses prochaines paroles si elle ne voulait pas irriter plus que nécessaire le géant lézard qui lui avait accordé un peu de son attention. C’était du moins, les pensées de notre brun aux cheveux longs. Avait-ce été là dissuasif ?
Pas le moins du monde. Sa petite interlocutrice avait elle aussi fort caractère, elle ne se démonta pas en mesurant les paroles de cet être, plus que cela, elle fixa son comparse, d’un calme à faire pâlir les religieux de l’époque.

- Premièrement, je ne manque pas de respect envers mes sauveurs. Deuxièmement, pourquoi devrais je me confondre en excuses quand je partage en partie l'avis de ma flamme. Cher Dragon, vous dites que je manque de respect envers mes sauveurs mais je ne me souviens pas avoir dit que ma flamme ne voulait pas faire de courbettes à tous les dragons. Comprenez que je ne vous considère pas comme mon sauveur. Ce n'est pas vous qui m'avez sorti des griffes des Humains et ce n' est pas vous qui vous occupez réellement de moi depuis que je suis ici. Vous vous contentez de m'observer de loin afin de faire bonne figure face aux Anciens mais cela s'arrête là. Alors veuillez excuser ma flamme mais après nous avoir ignoré si longtemps, il est compréhensible que nous n'ayons pas forcément envie de vous écouter.

Cette longue tirade avait sa part de vérité pour une adolescente Oni qui avait été embarquée dans un monde qu’elle ne connaissait pas. Ce qu’elle ignorait cependant, était qu’en ayant pris la décision de la protéger : tous les dragons étaient ses sauveurs. Pas seulement Olriaesvelgrenchixalkan, mais le moindre de ses congénères lui avaient donné une position de créature spéciale par son peuple. Aucun humain ne la toucherait, et pas seulement grâce à Raen : tous les siens la protégaient de par ce geste. Pour notre basané à la grande carrure, cette tirade était d’une absolue offense. Ils lui permettaient de vivre chez eux, de se nourrir chez eux : oui, cette réplique relevait soit du courage inconscient, soit de la folie suicidaire. Et elle s’était même permise de revenir au vouvoiement qui fit comprendre à la bête noire qu’elle se moquait subtilement de lui. Un fait qui remonta jusqu’au nez du monstre grondant. Sa patience commençait à atteindre ses limites, ce pourquoi il tint à lui faire comprendre qu’il valait mieux qu’elle réfléchisse avant qu’il ne soit trop tard.

- Ne te méprends pas, en te gardant ici nous te protégeons tous. Apprends à faire preuve de reconnaissance, toi qui semble aimer faire des leçons à tes aînés.

Froid, prévenant. Un animal qui oscillait entre colère latente et attente. C’était là l’atmosphère baignant autour du bronzé qui constata l’air désenchanté de la violette. Elle n’était pas prête de laisser passer ça tiens.

- Celui qui se trompe, ce n'est pas moi. Vous dites que je ne suis pas reconnaissante mais vous avez tort. Je le suis, à ma manière. Vous, vous comportez comme les Hommes. Vous avez établi des règles strictes que tous doivent suivre, qu'ils soient nés en ces lieux ou non. Moi je suis les lois de la nature. Je chasse pour manger, je tue pour survivre et je n'attaque pas ceux qui viennent de m'épargner. Mon physique est celui d'un être humanoïde mais mon cœur est celui d'un animal sauvage et ce n'est pas mes pauvres années passées parmi les Hommes qui arriveront à changer ça.

Rétorquait la cornue désabusée qui ajouta dans le même élan : Vous me jugez sans me connaître vraiment et c'est ce qui vous amène à avoir tort.

… Était-elle mentalement altérée ? Kana y pensa une fraction de secondes en analysant chaques mots prononcés. Elle venait réellement de le comparer lui et son peuple à ces abjections ? Elle venait réellement d’empiéter sur les leurs et leur fierté en ne montrant aucune intention de suivre les règles de ses hôtes alors qu’elle vivait grâce à eux ? Une petite à peine plus âgée qu’un bébé qui se permettait de donner des leçons et de répondre sans aucun respect. Tous ces faits bouillonnaient à l’intérieur du dragon. Sans le vouloir, elle venait de réveiller une bête endormie, d’une colère noire après toutes ces impertinences et ces piétinements sans vergogne.
Impossible pour le titan sombre de laisser passer une telle injure. Impossible d’apaiser une fureur destructrice. La patience n’était plus.
Seule une impulsion dangereuse fut répondue à la tignasse améthyste : celle d’un grand dragon sous forme humanoïde qui l’avait attrapé par le cou en s’efforçant de ne pas y mettre trop de pression pour ne pas lui briser par inadvertance à cause de sa force ridiculement surpuissante et incontrôlée. Peut-être même qu’il l’étouffa à demi dans le processus à cause de cela. Mais rien ne pouvait égaler un regard aussi noir que le sien malgré ses iris brillant d’or.

- Je te conseille de mesurer tes paroles.

Souffla l’écailleux d’une voix sinistrement rauque. Avec sa poigne et sa force d’éléphant, il pourrait la décapiter ou lui percer la carotide sans aucune difficulté vu la position de ses doigts entourant la peau de sa gorge. Et il n’aurait aucun scrupule. Il avait déjà tué des humains, elle ne serait qu’une créature de plus.
Et pourtant, l’adolescente au regard de prune n’avait pas cette peur que les bipèdes possédaient lorsqu’ils se savaient entre la vie et la mort. Cette terreur qui faisait remonter leur instinct de survie et qui leur donnait cet air suppliant.
Dans les yeux de l’Oni, aucune peur, aucune soumission. Juste celle d’un animal indomptable qui plantait ses iris dans celui de son agresseur avec tout le mépris dont on pouvait faire preuve.

- Vas-y, attaque-moi, Prononça-t-elle entre deux souffles, tu es comme les autres au final.

C’était la première fois qu’un être aussi faible n’implorait pas sa pitié pour sa survie. Sûrement qu’elle avait le mérite de ne pas se laisser dominer. Ou la stupidité de croire qu’elle s’en sortirait mieux ainsi. Mais il fallait lui reconnaître une chose, elle était tenace.
Néanmoins, pour le dragon, cela la rendait d’autant plus insupportable. Il raffermit peu à peu sa prise, non décidé à la relâcher jusqu’à ce qu’une voix interrompt la terrible scène qui se jouait sur un rebord de l’arbre.

- Eh bien eh bien Olriaesvelgrenchixalkan, n’êtes-vous donc pas capable de vous occuper d’une jeune fille sans en arriver à ces extrémités ? Je ne m’attendais à rien et je suis quand même déçue. Il serait peut-être de bon ton que vous la relâchiez avant qu’elle n’étouffe.

Brisa la voix féminine portante qui se trouvait quelques mètres derrière le duo. Une intervention malencontreuse qui fit tiquer le reptile mâle au moment où il relâcha sa proie qui dû se rattraper d’elle-même après avoir été élevée au-dessus du sol tandis que la présence raffinée de la femelle se rapprochait de quelques pas gracieux.

- C’est mieux ainsi. Ne vous en faites guère, je m’occupe de ce petit incident, après tout, nous savons tous deux mieux que quiconque lequel ne possède pas la fibre parentale.

Portait comme nouvel argument la dragonne qui détaillait son mari d’un air dédaigneux. Cette phrase, bien que poliement dite n’avait qu’une signification : vous êtes un incompétent, incapable d’élever des enfants et cette stupide querelle me donne raison comme j’ai toujours eu raison. Des piques acérées très peu supportables dans l’état mental actuel de l’homme.

- Faites comme bon vous semble.

Déclara-t-il d’un regard assassin alors qu’il se retournait pour prendre forme et s’en aller de quelques coups d’aile. Plus qu’une humiliation, notre bronzé avait aperçu le sourire de sa compagne. Oui, pour Kana, elle prenait plaisir à le voir ainsi, dans cette position indélicate. Elle s’en délectait allègrement malgré l’hypocrisie dont elle avait fait preuve en prenant la défense d’une Oni dont elle était contre la protection pendant les débats lors de son arrivée. C’était là la nature de ce couple qui s'abhorait.


Irrespectueuse. Insupportable. Effrontée. Suicidaire. Sotte. Mal élevée. Tous ces mots m’avaient traversé en repensant à Chiyo. Nous nous détestions profondément à cette époque.


Depuis ce jour, les deux s’évitaient. Bien sûr, notre dragon ébène avait toujours pour tâche de la surveiller, mais il ne se contentait pas de plus. Pas un regard de trop, et c’était réciproque. L’adolescente n’accordait pas une once d’attention au vénérable. On aurait dit qu’il n’y avait que le frère vert de Kana pour passer entre ces deux-là après la suspension des hostilités avec les Kirins. Une position fort peu agréable pour lui qui ne savait guère comment régler la situation de ce duo qui s’ignorait au possible.

Plus qu’embarassant, Raen s’inquiétait pour son aîné et la petite Chiyo qu’il avait appris à connaître. Leurs caractères étaient très forts et il avait pu apprendre les raisons de cet éloignement mais, il savait qu’avec un peu d’effort, ces deux-là pourraient au moins se supporter. Il fallait juste convaincre son aîné de relâcher la tension.
Enfin… Si c’était si simple. Le verdoyant était bien plus jeune que son parent, alors ses paroles auraient moins de poids qu’un doyen du groupe… Pourtant, il se devait d’essayer.

Raen avait à force, laissé la femme de son frère, s’occuper d’elle la nuit, il n’avait donc plus à la surveiller dans ces moments tandis que Kana pouvait se reposer l’esprit seul. Le meilleur moment pour l’aborder en somme. D’où cette situation incommodante où un certain dragon couleur olive se présenta devant son sang, tout bredouillant en pleine nuit.

- Olriaesvelgrenchixalkan ?

- Qu’y a-t-il ?

Le reptile émeraude pondéra ses mots dans une réflexion tardive. Il y songeait mais… Il n’avait pas pris le temps de se dire comment il allait aborder le sujet. Ça c’était bien lui. À foncer sans réfléchir. Son aîné avait toujours été plus posé de ce côté-ci…

- Je… Enfin…

Avança-t-il sans trouver ses mots alors que son frère marchait lentement à sa rencontre.

- Je ne peux deviner ce que tu penses si tu ne me dis rien Raensyrlinortvheg.

Une réponse d’un ton à la fois calme et doux. Le basané était patient et affectueux avec lui, comme à l’accoutumée. Il devait donc se montrer plus sûr de lui, à moins de ne pas être pris au sérieux.

- C’est à propos de Chiyo.

Commença Raen, des syllabes qui remontèrent aisément aux oreilles du plus âgé qui changea pour un visage plus acariâtre. Ainsi, c’était de cet enfant qu’il voulait parler. Quel plaisir n’est-ce pas ? Soit, il écouterait puisqu’il s’agissait de son frère mais il ne comptait pas revenir sur ses positions. Cette petite effrontée n’aurait pas la moindre sympathie de sa part.

- Je sais ce qu’il s’est passé entre vous deux. Et je comprends que tu ne veuilles pas t’engager plus que nécessaire. Je ne te demande pas de revoir ton raisonnement, je n’oserai pas.

- Où veux-tu en venir ?

- … J’aimerais que tu l'aides. Elle aura besoin de toi pour s’améliorer. Mes propres connaissances sont limitées dans ce domaine qui est le tien. Un jour, je ne pourrais plus lui apporter mon soutien dans ses efforts pour maîtriser son pouvoir.

- C’est tout ?

Demandait le vieux dragon en haussant un sourcil, les bras croisés.
Un silence se fit dans la tête du verdâtre. Ceci n’allait pas le convaincre si rapidement et il le savait. Pour cela, Raen se devait d’insister, de sorte à ce que son grand frère puisse au moins considérer sa demande.

- Non pas exactement. Je ne voudrais pas que tu l’aides pour elle, mais pour moi. Je t’en conjure, pourrais-tu y réfléchir ?

Avait haussé le plus jeune des deux en alliant ses propres gestes, deux mains jointes comme s’il s’agissait d’un humain priant face à un mythique. Notre basané l’avait rarement vu aussi acculé. L’embarras aurait pu faire partie de ses sensations quand il passa une main à l’arrière de ses cheveux en cogitant fortement. Encore et toujours, lui refuser quelque chose s’avérait difficile. Même en l’état, avec cette position aussi inadéquate et cette détresse dans sa voix. Kana ne pourrait pas lutter. Il expira par dépit ou plutôt par abandon en apercevant son vis à vis si craintif d’une réponse.

- Bien. Si c’est là ton désir, je méditerai dessus.

Capitula l’âgé sous le regard d’un Raen qui redressait sa tête en direction de son aîné, les yeux brillants d’une lueur d’espoir. Un air qui déconcerta notre lézard noir qui s’interrogeait toujours sur son benjamin. Mais quel âge avait-il pour se laisser aller à ce genre d’attitude ? En un sens, cela restait attendrissant. En le voyant agir ainsi, il se rappelait de lui plus jeune. Un enfant curieux et émerveillé devant la moindre nouveauté. Ha… Ce qu’il ne ferait pas pour toi Raen.


Il avait insisté un soir, je n’y avais vu qu’une vaine tentative pour me convaincre, mais il alla bien plus loin.


Tout bien réfléchi, il aurait pu en vouloir à Raen. Ce petit saligaud. En pleine journée, celui-ci entraînait l’Oni avec ses flammes alors que Kana se tenait à l’écart, pour changer. Rien de bien nouveau. En effet, son frère lui avait conjuré de réfléchir sur la possibilité de l’entraîner. Mais comment se faire à l’idée de devoir enseigner quoi que ce soit à une petite comme celle-ci ? Ce n’était pas à l’ordre du jour. Pas lorsqu’un certain dragon verdoyant sembla s’adresser une seconde à son élève, mettant fin au cours dans le même élan, pour s’éloigner vers l’observateur au loin : à savoir le noiraud. Qu’avait-il pour interrompre ses activités ? Elles duraient bien plus longtemps habituellement. S’était-il lassé ? Avait-il échoué à poursuivre les entraînements ? Oh que non, notre reptile couleur olive avait bien d’autres choses en tête puisqu’une fois devant son aîné, il lui souria bêtement.

- Je suis navré Olriaesvelgrenchixalkan, je me dois d’aller à la rencontre de Noivrojacrussdaskyrth, il requiert ma présence. Pourrais-tu te charger d’exercer Chiyo ? Je t’en prie.

Requéra son frère en l’observant d’un air désolé. Une entrevue en présence du père de Raen : le doyen de Jade. Cela s’avérait suffisamment important pour passer outre n’importe quelle tâche. Quoiqu’il aurait pu s’agir d’un mensonge tout à fait prémédité du benjamin pour le forcer à entrer en contact avec la violette. Toujours était-il que Kana n’eut pas le choix malgré ce doute profond en sachant que le verdâtre avait sûrement eu cette intention depuis le début. Faire de lui un obligé dans cette situation gênante. Il pouvait être fin manipulateur quand il le voulait. D’autant qu’il savait certainement que le papy ne pouvait rien lui refuser.

Et c’était comme ça que l’on embarquait deux êtres qui se détestaient avec amour dans un face à face silencieux comme la mort.
… Tout aussi froid aussi.

Un soupir long s’empara du dragon noir. L’envie de la planter ici était forte alors qu’il repensait à son satané frère qui l’avait mis dans ce pétrin. Bon, il devait accepter qu’il n’avait pas vraiment le choix tandis que la jeune fille, elle, n’accordait pas d’attention à son comparse. Elle le snobait sciemment, allant même jusqu’à faire apparaître des flammes dans son coin. Tournée à l’opposé du bronzé, elle avait entamé un jeu étrange en usant de ses prodiges, comme une enfant boudeuse qui attrapait ses figurines de bois afin de rester dans son univers en toute tranquillité.

La motivation ne faisait pas pas partie de notre géant lézard, plus de la résiliation quand il s’approcha lentement de la silhouette accroupie qui continuait de vaquer à ses occupations, comme si le mâle n’existait pas bien qu’il eût été désormais juste à côté d’elle, croisant ensuite les bras en observant les actions de la plus jeune, sans un bruit. De cette vue, l’on aurait pu les comparer à un père fixant son bambin après une crise et tentant une approche. Une scène absurde où l’Oni aux cheveux colorés avait cette façon de positionner ses feux follets comme s’il s’agissait d’un champ de bataille. Encore plus comique en sachant qu’elle agissait avec ses flammèches comme des poupées.
Ce qui ne faisait qu’amplifier ce blanc environnant. Qu’est-ce que ces deux-là faisaient sérieusement ?
Cependant, Kana observa du changement du côté de ses capacités. Il était vrai qu’à première vue, il s’agissait d’enfantillage où l’adolescente s’imaginait sans doute un scénario, mais, à y voir de plus près, ces chaleureuses apparitions avaient gagné en forme. Une évolution en somme.

- Ta maîtrise a augmenté.

Constata le vieillard en détaillant les formes volatiles. Une parole qui fit enfin briser le silence d’une conversation muette entre deux némésis. Là où son interlocutrice, n’en démordant pas, ne prit pas la peine de noter la tentative d’amorce de dialogue.

- En effet.

Ajouta-t-elle un instant avant de reprendre sa simulation guerrière et ce, sans tourner son regard vers son acolyte. La jeune fille était certainement encore remontée contre le dragon. Que pensait-elle que Kana allait dire de plus ? Notre grand baraqué souffla de dépit en repensant à son benjamin. Il l’imaginait souriant naïvement, oh oui il le retenait pour l’avoir poussé dans cette situation aberrante. Tout comme il se plongea scrupuleusement en introspection. Ha… Au final, il aurait dû le voir. Cette petite était vraiment au-delà de toute pensée responsable ou mature. En définitive, elle était encore une enfant. Et il s’était attendu à ce qu’elle se conduise en adulte. Là était son erreur de jugement.
Après un second soupir, Kana repris en contenance, sachant pertinemment que son interlocutrice pouvait à tout moment se rebuter.

- J'irai droit au but. Tu ne m'apprécie guère, je ne t'apprécie guère. Par conséquent, je ne serais pas tendre avec toi.

Annonça-t-il en marquant une légère pause. Il fallait poser les évidences et être honnête, tous les deux se dénigraient, mais...

- Mais si tu souhaites t'améliorer, je peux t'y aider. Tu as le potentiel de réussir.

Termina notre grande chevelure chocolat en se retournant, ceci avant de porter ses pas plus loin, laissant sa camarade à la réflexion. Elle pouvait refuser. Et il ne s’attendait pas à grand-chose non plus, seulement, notre dragon s’arrêta net, pendant une fraction de secondes et en plein chemin tandis qu’il tournait seulement la tête vers l’arrière.

- Ah avant que j'oublie, tu devras m'attaquer en utilisant toute ta puissance.

Une dernière parole qu’il ponctua de l’avancée qu’il reprenait. Des paroles qui avaient surtout atteint l’adolescente derrière lui dont le sourire s’étira de magnifiques traits carnassiers : elle se préparait à une vengeance certaine. De quoi laisser Kana prévoir un tel scénario qui étira un sourire discret à son tour. Eh bien, si elle souhaitait en découdre, Kana n’irait pas avec des pincettes. Il lui mènerait la vie dure, oh que oui.


Elle prenait plaisir à se défouler sur moi, et je m’en amusais en retour.


Cela avait un caractère exceptionnel. Deux êtres aux caractères forts qui s’étaient trouvés un terrain d’entente à guerroyer ensemble. Parfois, la violence éloigne, parfois, elle rapproche. Dans le cas de nos deux compagnons, elles leur a permis de se comprendre, de se faire confiance.
Kana enseignait à Chiyo les rudiments du combat en même temps qu’il l’exerçait à la maîtrise de ses flammes. Et au bout du compte… Il en gardera de très bons souvenirs. Ceux d’une Chiyo revêche et fonceuse qui n’hésitait pas à foncer sur un vieux dragon de plusieurs millénaires pour lui montrer de quel bois elle se chauffait. Elle était vraiment une enfant surprenante.

Tant et si bien, qu’au fur et à mesure, Kana avait fini par la considérer comme un membre à part entière du groupe. Parfois, ce n’était pas toujours facile bien sûr. Tout du moins, il s’agissait surtout d’un évènement après un an à se côtoyer qui fit changer le cœur du dragon pour cette jeune à l’allure fluette mais cachant une grande force.

Il avait suffi d’une phrase lors d’un entraînement. Kana était ailleurs et Chiyo eut l'impression qu’une ouverture avait été laissée par celui-ci pendant une joute pour foncer à travers lui. Arrivant à le toucher avec un doigté s’affinant avec les exercices. La fierté dans les yeux allié à un amusement moqueur, elle avait tourné ses yeux vers le dragon noir.

- Bah papa, tu te ramollis ?

S’écria-t-elle sous le regard effaré du basané. Il eut un temps d’arrêt de quelques secondes à l’écoute de ces mots. “Papa”. Une paralysie mentale où le mâle réalisait les syllabes énoncées par sa vis à vis. C’était bien la première fois qu’on l’avait appelé ainsi.
Elle le considérait comme un père ? Une telle révélation eût l’effet d’un choc électrique dans le cerveau du surnaturel qui avait quelque peu entrouvert la bouche par réflexe. Ainsi qu’un certain adoucissement. Des doutes également. Une goutte en vint à perler sur le front du plus vénérable qui détaillait la violette à corne qui avait un peu grandi. Il remarquait maintenant ces détails. Il revoyait également les souvenirs qu’ils avaient partagés ensemble.
Au point de secouer la tête lorsqu’il vit que son élève semblait attendre une contre attaque.

- Plaît-il ? Avait-il demandé  avant d'avoir un toussotement en ignorant les émotions nées de ce bouleversement, Hm, oui, c'est bien Chiyo.

Notre dragon avait tenté de ne rien laisser transparaître, et pourtant, la sensation naissante d’être considéré comme un parent pour cette jeune fille ne l’avait pas laissé indifférent.


Ces mots, bien que simples, ont pour moi bien plus de signification.


Progressivement, le reptile aux teintes sombres s'était attaché à la surnaturelle, tout autant qu’à cet œuf qui aurait dû être son enfant. Il avait fini par la considérer comme sa propre fille et en être tout autant exigeant avec elle concernant ses entraînements et son attitude. Auprès des humains, cette jeune fille flottant au vent à dos de dragons avait fait naître monts et légendes. Chez Kana, à mesure qu’elle se développait, elle faisait sa fierté.

Bien qu’elle eût été accepté par ses congénères à cette époque, elle n’en restait néanmoins encore qu’une Oni inexpérimentée chez certains. Et cela se révéla d’autant plus vrai que des réfractaires voulurent empêcher Chiyo d’assister pour la première fois aux naissances chez nos compères titanesques.
Raen comme à son habitude n’y aurait pas assisté, mais face à l’émerveillement de sa fille, notre dragon s’était porté garant d’elle.

Malheureusement, cette année-là, un événement qui rappela à notre homme aux yeux dorés une déchirure pour son frère eut lieu. Un pauvre couple dont l’oeuf ne verrait jamais éclosion un jour. Ce qui fit partir notre carrure ébène. Sans doute avec les questionnements de la cornue mais, Kana n’eut qu’une réplique, celle d’interdire la moindre évocation de cette vue à son frère, qui en souffrirait tant.

Des bas, des hauts, il y en a partout. Mais la mémoire de sa fille, il en a surtout.
D’une certaine façon, Chiyo au fil des siècles, que dis-je des millénaires, avait réussi l’exploit de guérir un vieux cœur meurtri par le drame.


Ryuhei mis de côté.


Le reptile noirâtre avait toujours évité de repenser à certaines rixes avec un congénère blanc. En ce temps-là, voir sa progéniture être officiellement acceptée parmi le peuple écailleux était un évènement particulièrement extraordinaire. Tous l’avaient accepté parmi les leurs et nommé officiellement selon leurs traditions. Malgré ce que l’on pouvait dire, Chiyo était considérée comme une dragonne, quiconque osait le contredire serait sérieusement menacé du regard. C’eût certainement été le cas, mais Kana oublia bien vite ces futilités dont il ne valait pas mieux accorder en importance.

Non, à côté de ceci, il s’avéra qu’un membre de l’espèce s’intéressa de près à la violette. Plus que cela.
Là où Kana observait d’un mauvais œil (assez menaçant), la présence trop indésirée de cet inopportun qui osait harceler sa fille sans que ce ne soit désiré. Jamais il n’aurait pu parvenir à gagner le cœur de son enfant au vu des rejets incessants et d’un certain paternel qui n’appréciait guère l’initiative. Il s’avéra cependant, à la surprise du vénérable, qu’un millénaire plus tard, les deux créatures se rapprochèrent définitivement. Autant vous dire que Ryuhei, dans son nom posthume, dû composer avec la fureur d’un certain paternel.

Si Chiyo ne l’avait pas aimé en retour, il aurait été difficile de calmer cette bête noire, oh que oui.

Seulement, tout cela n’était qu’une partie des surprises accordées à une relation unique de cette sorte.
N’importe quel dragon aurait vécu toute sa vie au sein du groupe et, même si la jeune fille en faisait partie, ayant déjà participé à des rixes entre dragons au cours des siècles par exemple, elle n’en restait pas moins une Oni.
Telle une poussière insaisissable au vent, notre bronzé réalisa peu à peu le désir de vivre parmi les siens qu’elle avait retrouvé avec les époques suivantes.
En effet, la séparation n’était pas si marquée car elle s’installa parmi ses congénères non loin des dragons, de quoi avoir toujours une vue sur sa fille malgré son émancipation. Un nouveau peuple dont les humains durent s’habituer.

Les humains se détournaient peu à peu des dragons. Kana l’avait constaté. Mais les dragons avaient refusé de l’admettre. C’était une cohabitation forcée…
Et pourtant… ce n’était qu’une pierre fondatrice des malheurs à venir.

Les terres changeaient toujours. Un fait constant que nul ne pourrait changer. Pas même notre vieux reptile noir.
Avec les millénaires, il était devenu l’un des plus vénérables de son groupe. Son aura effrayait d’autant plus, tout comme sa forme était devenue de plus en plus importante. De quoi finir comme le doyen, à prendre rarement forme originelle pour éviter les tremblements trop importants autour de lui.
Était-ce là la destinée des créatures comme lui ? Finir clouée au sol car le moindre de ses véritables battements pourraient faire trembler la terre ?
Il comprenait là le malheur que le dragon de jade avait vécu depuis tout ce temps. Ce fut d’autant plus difficile à réaliser que viendrait bientôt le tour de Raen.
Il n’en parlait pas également à sa fille pour ne pas l’en inquiéter. Elle avait déjà assez à faire avec les siens qui affrontaient désormais les humains au pied de leurs terres.
Ces humains n’écoutaient plus les dragons, il ne les consultait plus.

Ce schisme puissant entre leurs deux espèces étaient marqués par un respect neutre. Les dragons n’avaient aucune intention menaçante tandis que les humains gardaient des traces de leur ancienne divinité : il ne se souciait point des dragons, mais des Oni qu’ils désiraient repousser.
Un déchirement d’autant plus accentué que le conseil eût interdit à quelconque dragon de se mêler des affaires Onis.
Ces vieux fous se rattachaient à la possibilité que les humains reviennent vers eux. À la fois pitoyable et ridicule pour notre mâle aux cheveux châtains.

Mais ce temps jadis était le terreau de nombreux bouleversements. Les batailles entre Onis et Humains n’en étaient que le commencement.


Ce fut une sombre époque pour les surnaturels.


De rares humains ayant encore foi en notre peuple nous avait prié d’intervenir pour sauver les villages attaqués par des monstres d’une nouvelle nature. Des barbares de l'Est massacrant les bipèdes à feu et à sang. Certains les nommèrent vampire, nous, nous ne nous les voyons guère plus que comme de la vermine bonne à écraser. Des surnaturels buveurs de sang ayant migrés depuis leurs terres pour plier l’archipel à leur convenance.
Malgré les rares prières afin d’apporter une aide salvatrice, nous fûmes le choix de laisser ces bêtes aux soins d’autres créatures : nous avions à traiter avec un autre problème.

Après des millénaires à voyager, Lothillalfetharnaeth était revenue accompagnée de congénères occidentaux particulièrement redoutables qui avaient apporté destruction et terreur sur les terres de plusieurs êtres mythiques. Elle était venue jusqu’à nos portes pour nous menacer de prendre le pouvoir par la force.


Nous ne l’avions plus revu depuis plus de 10 000 ans.


Elle avait reparu devant les deux frères, complètement changée. Déterminée. Et même si Raen en était déchiré, nous n’avions d’autres choix que de les affronter. La taille de Kana et d’autres doyens ne fut pas un argument pour leur épargner la participation quand leurs vis à vis, aussi imposants que des dragons dépassant les quinze millénaires, prirent forme dans des tremblements successifs.
Ils effrayèrent les peuples alentour. Un danger bien trop conséquent lorsque d’autres surnaturels s’en mêlèrent par cette même terreur.
Kana n’avait aucune idée d’où se trouvait sa fille, le seul bonheur qu’il avait pu constater avant ces horreurs, était la mémoire de celle-ci lui présentant un bébé qu’elle aimait de tout son cœur. Une vision qu’il chérissait assez pour vouloir la protéger.

Une bataille violente où dragons et surnaturels de la zone s’entrechoquaient. Kana, le doyen et d’autres dragons durent se retenir de prendre forme pour éviter un désastre. Un tremblement de terre, un tsunami, des explosions souterraines, peut-être pire ?
Quelque fût les affrontements et la violence de cette journée, un point culminant allait se produire.

Suite à un conseil autour du doyen, les vénérables prirent la décision de rassembler les effectifs loin de ce point de chute pour minimiser les conséquences des changements de forme. Un choix judicieux qui aurait pu être mis en place. Si une créature étrangère ne s’était pas immiscée pour transpercer le plus vénérable au cœur.
Le peuple n’avait que peu d’information sur ces créatures nommées les “éveillés”, des êtres étranges, similaires aux humains, mais aux corps modifiés. Ce pourquoi le titan noir n’oubliera jamais la vision de cet homme au corps presque recouvert de bosse rouges dans une symbolique très particulière.


Un Éveillé avait assassiné le vénérable dragon de jade.


Certains anciens l’assimilèrent à un tel affront qu’ils se changèrent immédiatement pour punir l’auteur du crime, provoquant une suite de tremblements de terre sur l’archipel. Tremblements éveillant la colère d’autres surnaturels.
Les querelles en entrainèrent d’autres, ce n’était qu’un tourment infini et sans fin. Kana peina à retrouver Chiyo au milieu de cet apocalypse qui se mua en deux camps respectifs lorsque les siens parvinrent à rallier Lothie et son groupe à leur cause. D’autres créatures se placèrent du côté des dragons après d’incessantes rixes. Deux séparations fortes où la haine n’était là que la porte parole de ces deux mastodontes menaçant d’entrer en collision.

Seuls les vampires, créatures haït de tous durent s’en sortir seul et combattre deux opposants en même temps. Peut être y prenaient-ils plaisir ? Peut-être subirent-ils beaucoup de pertes ? Notre bronzé n’en a pas grand souvenir.
Non, seuls les morts s’enchaînant sur les terres désolées d’un japon mourant, revint à sa mémoire.
Une guerre ouverte où les humains furent victimes de la puissance démesurée des surnaturels, attisant leur haine alors que les batailles s’enchaînaient en baissant petit à petit les effectifs.
Nombreux furent les dragons à mourir. En particulier les siens.


Nous courrions droit vers notre propre destruction.


S’il avait fallu décrire une fin du monde. La guerre des surnaturels autour des - 1000 av JC. en fut un bon exemple.
Kana y était. Au centre de cette destruction, il brûlait la terre de ses crachats plasmatique, elle brûlait tant et si bien qu’on aurait pu croire voir se transformer les cendres noirâtre du sol en magma incandescent. Y-avait-il encore quelque chose à combattre ou à tuer dans tout ce chaos ?
Encore quelques attaques et cette hypothèse aurait pu se préciser si une blanche apparition n’avait pas interrompu les hostilités. D’un ton qui lui était propre, il avait raisonné les survivants. La bataille était vaine. Tout n’était que ruine et mort à nos alentours. Quant aux conséquences de cette tragédie, elles les suivraient tout au long de leur vie. Et à raison, quand l’on savait que les suivants humains, qui avaient vénérés pendant des millénaires et des millénaires le peuple de nos créatures draconiques, avaient tous péris : ils étaient situés au cœur de la bataille. Là où leurs cris pouvaient encore raisonner sur les vestiges de ce champ assiégé et aplani par les divers pouvoirs mortels des surnaturels.

Ces êtres avaient sûrement été abjects pour le basané, mais jamais ils n’auraient mérité de finir dans une souffrance pareille.

Était-ce là sa punition à venir ?

Après toute cette constatation horrifique, chaque créatures, avec l’aide du vendeur à l’allure de chat, décidèrent de nommer un chef pour chaque race qui devraient se réunir en conseil pour dialoguer de temps à autre afin de tempérer les tensions et surtout, d’éviter à tout prix de réitérer la boucherie du Tohoku.
De même que dans toute cette désorganisation, le chef nommé chez le peuple du brun fut un dragon aux teintes océanes qui ordonna au groupe de prendre son envol pour migrer au Sud-Ouest de l’archipel afin de prendre un nouveau départ, acceptant de rallier de nouveau Lothie et ses alliés au passage dû à leur soutien passé dans la guerre : Raen et Kana n’eurent pas le temps de prononcer le moindre adieu envers leur petite Chiyo tandis qu'ils disparaissaient avec les écailleux à travers la brume latente des anciens combats.

Là où ils arrivèrent, une province que l’on surnommerait plus tard Izumo, les humains craignaient les titans d’écailles, qui ne vivaient plus qu’en autarcie sur une île du futur lac Shinji. Loin de tout, loin des hommes et… loin des surnaturels.

Entourés de dragons originaires de l’autre bout du monde, il fut complexe de s’adapter aux nouveaux congénères, mais le bronzé ainsi que son frère, avaient, d’un certain côté, malgré tout ce qu’il s’était passé, ce réchauffement au coeur de pouvoir vivre de nouveau en compagnie de Lothie.
Loin de s’être assagie avec l’âge, elle avait plutôt gagné en caractère, plus cette autorité ferme et barbare qui la faisait agir avec impulsion et colère, l’une des raisons qui permettait aux étrangers écailleux de rester en place nous supposerons. Cela dit, elle qui avait été de nouveau acceptée après tant d’années avait sans doute été influencée par ce fait dans son jugement lorsqu’elle essayait de se tempérer d’elle-même face au chef du clan. Et… à la grande surprise d’Olriaesvelgrenchixalkan, bien que son caractère était ce qu’il était, elle fut la première à enlacer son grand frère en s’excusant pour tout.

Était-ce honnête ? Ou une ruse ? Impossible de le dire, la dragonne argentée était simplement heureuse de pouvoir serrer de nouveau dans ses bras son aîné ainsi que de pouvoir titiller son petit frère.
L’on pouvait au moins dire que les débuts furent positifs. Les dragons avaient progressivement privilégié une apparence humanoïde dû à la taille limitée de l’île et à la volonté de rester neutre sans être dérangé par d’autres créatures.
Bien sûr, l’on continuait d’user de sa forme originelle car voler faisait partie de l’âme d’un dragon, mais cela était relégué à l’utilitaire : construire une société et un habitat autour d’eux étaient prioritaires. Rien de plus facile lorsque l’âge du bronze et du fer s’approchait sans problème des créatures.
Entre ça et les rudiments de l’agriculture, les dragons de ce groupe, toujours majoritairement carnivore, s’étaient complètement sédentarisés : une véritable culture qui se développait avec ces surnaturels : ils vivaient en paix et sans conflits depuis plusieurs siècles, là où le concept de la hiérarchie naissante autour du père ou de la mère se créa.

Bien sûr, les migrations d’humains étrangers abondaient de leur côté de l’archipel, mais nos amis les titans cracheurs d’éléments étaient protégés par cette séparation maritime au cœur de ce lac d’une taille immense. Du moins, pour le moment.

Cela restait une période calme et reposante. Les humains étaient encore loin des préoccupations lézardesques. Des préoccupations où le système se développant, Kana pu assister à la mort de leur premier chef, l’un des rares plus anciens dragons restants dans le groupe, qui fut remplacé par une dragonne d’une teinte orangée nommée Himiko dans sa version traduite, la plus âgée de toute l’espèce, encore une fois, mais aussi celle qui révolutionna le système mis en place. Depuis que certains jeunes se retrouvaient attaqués lorsqu’ils osaient voler d’un peu trop loin en dehors des terres, ils étaient dangereusement menacé par les bipèdes. La mère mit donc un terme à ce problème par la racine : les jeunes devraient rester en sa présence tandis qu’elle se constituait un véritable conseil des plus anciens. Là où Kana fut choisi pour en faire partie. Il avait pour devoir de protéger la communauté entière mais surtout la mère de par ses actes et ses décisions. Une grande responsabilité qu’on ne lui avait jamais réellement confiée entièrement. Il avait toujours vécu en tant que guerrier ou protecteur pour les siens. Ceci allait vraiment apporter un changement à son quotidien ?

Notre bronzé à la chevelure longue finit par accepter que oui. La communauté était devenue plus élitiste. Plus structurée. La grande famille qui se concertait et se protégeait s’était muée en individus en deçà du panier dont les autres devaient révérences. Quant aux femelles, elles devinrent plus adulées que jamais de par l’influence de la mère.
C’était là que notre reptile noir avait eu cette réflexion.

Les dragons avaient bien plus évolué en quelques centaines d’années après la guerre des surnaturels qu’en des milliers d’années dans le passé. Et ce n’était qu’un début. Entre la construction d’une ville et de bâtiments, l’île de Shinji devint un véritable havre pour l’espèce draconique.

Un port se dressait sur les rebords de ce territoire bordé par les flots. Un port où Kana apprécia passer quelque temps, seul en sentant l’air marin et les quelques oiseaux faisant halte sur l’îlot.


ENCART HRP : Ouais bon, vous avez compris le topo, passez à la suite dans histoire 3, à votre bon cœur m'sieur dame.

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Oorichikana
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Dim 25 Avr 2021 - 19:05

Parfois quand on veut oublier, eh ben on oublie - Oorichikana Uova

Oorichikana



Histoire Suite 3


Qu’étions-nous devenus ?


Ces questions, il se les posait sans y répondre.
Le clan ne possédait guère plus qu’une trentaine d’individus. Et pourtant le bleu de ce ciel couplé à celui de l’eau du lac était si apaisant. Il aurait pu effacer tous les soucis d’un claquement de doigt à mesure que l’eau remontait vers la terre par vaguelettes inoffensives.

- Tu ne vas pas devenir une planche de bois rassures-moi.

Ria sereinement une voix derrière lui lorsque son interlocuteur se retourna pour admirer ses cheveux d’une magnifique couleur argentée. Ils flottaient au vent, désordonnés en balayant ses cornes avant de dévoiler par accoups des yeux aussi dorés que les siens.

- Aucun risque en ta présence.

Souffla le plus bronzé d’un léger sourire amusé alors qu’il détournait les yeux vers l’eau. Laissant voleter un silence durant un temps, les yeux fixés vers un point invisible.

- Dis moi Lothillalfetharnaeth.

- Je pense que tu pourrais arrêter de m’appeler ainsi. Nos compagnons de l’Ouest préfèrent les noms plus courts.

Un nouveau sourire. Mais suivi d’un soupir du plus vieux. Décidément, il n’arriverait pas à s’y habituer… à ces noms traduits raccourcis. Encore une décision prise à la hâte pour satisfaire les dragons non orientaux qui ne parvenaient pas à s’intégrer. Mais soit, tous les dragons, à partir de cette époque, allaient posséder deux noms, leur nom dragon et leur nom traduit bien qu’il faudrait désormais utiliser le traduit par simplicité.
Simplicité hein. Quitte à mettre fin aux traditions faudrait-il tout jeter ? Renier leurs origines ?
Kana ne savait que penser. Les jeunes le perdaient bien trop souvent et il s’efforçait de suivre ces inconsistances. Bon gré mal gré. Il se plaignit introspectivement de nouveau en repensant aux noms traduits de ses congénères, comme Raen qu’il se devait d’appeler Renjirôtoshi et Lothie qu’il devait désormais appeler...

- Dans ce cas, dis-moi Kyotorinata, tu n’aurais pas envie de me parler de quelque chose ?

Soupira le dragon noir, parfaitement calme. Son humeur oscillant entre doute et accalmie alors que sa jeune soeur riait à demi surprise, à demi jaune.

- Ahem, enfin, non. Je ne crois pas.

Prononça-t-elle en respirant un peu plus rapidement. Comment aurait-il pu deviner aussi rapidement ? Cela n’avait aucun sens. Non… Il n’était pas au courant. La blanche préférait s’en convaincre.

- Soit.

Répondit sèchement le mâle en repartant dans sa propre direction. Laissant son sang seule face à l’étendue bleutée. Peut-être avait-il laissé passer cette réponse. Mais il n’était pas dupe. Il ne serait pas de nouveau désabusé par les pensées insondables de son inconsciente de cadette. Quelqu’en eût été la raison, sa sœur tramait quelque chose et il s’était déjà préparé mentalement à sévir de nouveau s’il le fallait. Pour l’heure cependant, il se devait de rejoindre le conseil.

Bien sûr, tout ne tournait pas autour du doute. Après tout ce temps passé à construire un endroit de vie. Kana ne s’attendait pas à une surprise telle que celle de revoir deux dragons au loin se diriger vers l’île.
Ryuhei à qui notre basané avait rendu un regard noir, mais surtout Akira, le fils bien-aimé de sa petite Chiyo.


En un instant, le temps semblait s’être arrêté.


Son petit-fils avait tant grandi. Il ressemblait tant à Chiyo, au point où le vieux reptile se remémora cette époque où son ancien chef avait décidé de s’en aller sans laisser le moindre choix au peuple. Enfin, Akira allait être bien surpris de voir comment avait évolué le peuple qui avait succédé aux traditions de ses ancêtres. Tout comme il prit sous son aile son petit-fils qu’il guida dans toute cette nouveauté.
Mis à part son répugnant père, le petit avait toujours vécu entouré d’Oni depuis sa naissance. Autant dire qu’il ne connaissait que très peu le fonctionnement de ses congénères qui avaient bien évolué depuis cette période de séparation avec les bipèdes.

Quelques rares jeunes lézards n’avaient pas connu le monde d’avant, ils vivaient sous la tutelle de la mère actuelle, tout comme ils craignaient et révéraient le conseil des anciens. Une situation bien peu enchanteresse pour un très vieux dragon de plus de vingt mille années dont l’aura terrifiait. Elle ne terrifiait pas simplement, elle faisait bien plus : elle aurait rendu Kana plus solitaire que jamais si les anciens et sa fratrie n’existait pas. Akira et Ryuhei en firent les frais aussi. Malgré la protection qu’offrait le vieux reptile à sa famille, on évitait au possible de trop se frotter à cette énergie émanant de son corps. Sans doute l’une des raisons qui avait poussé la mère à désigner notre bronzé aux cheveux châtain comme ancien du conseil. Sa présence était pour le moins dissuasive, et il avait un grand respect pour le groupe. Une loyauté sans faille envers les dragons et la fierté draconique : l’archétype de l’ancien dragon qui empêcherait tout dissident de compromettre l’ordre établi. Un choix judicieux qu’eût fait la dragonne dirigeante.

Si l’on pouvait désigner une période reposante malgré tous les aléas d’être un être aussi âgé que lui, celle des débuts des avancées technologique pour les dragons en était une. Cette île, il en eût gardé de très bon souvenirs avec son petit-fils et sa fratrie et ce, sous les ordres de la mère, patiente mais impartiale.
Tout n’était pas rose, certains souvenirs furent plus percutant : en 300 du calendrier humain, une faction de dragons anciennement étrangers occidentaux qui cherchaient à prendre le pouvoir et qui furent arrêtés et bannis. D’autres dragons solitaires qui furent bannis à leur tour pour divers actes le nécessitant. Cela avait fait naître quelques affrontements quelques siècles plus tard avec les anciens bannis, une première mise en bouche pour le petit de sa fille regrettée, ce pourquoi la mère dragonne décida de resserrer la sévérité du traitement des traîtres écailleux. La gravité d’un crime pouvait désormais donner lieu à une mise à mort.

Une épée de damoclès sur un lieu aux allures paisibles. Devoir tuer les siens étaient de ces choses qui laissaient des marques douloureuses. Surtout… Que ce fut en ce temps, que le basané découvrait les machinations de sa sœur.
Après l’avoir suivi un soir, en plein vol, celle-ci s’était arrêtée dans la province humaine d’Izumo : elle semblait s’entendre avec les humains tandis qu’elle discutait sur le port maritime du lac en compagnie de quelques hères qui lui présentaient leurs respects. Une fois l’entrevue terminée, la femme aux yeux d’or s’en retourna pour partir sans se douter que sa route fut barrée par une silhouette imposante.

- Ainsi donc, voilà ce dont tu n’avais pas envie de me parler.

- Ooorichikana, que fais-tu ici ?

Entamait l’argentée, aussi retournée qu’interloquée à la vue de son aîné.

- Je ne faisais que suivre des suspicions. Surprenant de voir une dragonne de ton acabit s’intéresser d’aussi près aux humains.

- Je ne comptais pas te le dissimuler cher frère.

- Assez de tes calomnies. Ma patience a ses limites.

Kana avait croisé les bras, le regard empli de sévérité face à une Kyotorinata qui soupira, résiliée.

- Je ne saurais te dire par où commencer. Les bipèdes sont en effet une menace. Ils l’ont toujours été. Cependant, les descendants de cette époque, ils… Ils semblent influencés par des croyances étrangères que j’ai déjà pu voir de mes propres yeux pendant mes longs voyages. Ils ont l’air prêts à servir ceux de notre espèce. J'espérais ainsi créer des échanges qui nous aideraient à l’avenir. Je t’en conjure. Je ne nuisais point aux nôtres. Laisses moi simplement un peu de temps.

L’argumentaire de sa cadette était intriguant. Rempli d’informations inconcevables. Ces mêmes simiens qui osaient tuer les leurs il y a quelques centaines d’années s’étaient désormais mis à les révérer grâce à une influence tier ? Était-ce aussi simple ? Le dragon noir, après délibération fit plutôt le choix d’en informer la mère sous les supplications de la fille argent bien qu’à la grande surprise du duo, la mère fut charmée par l’idée d’utiliser les primates à son avantage pour aider au développement de l’île tandis que notre vieux noiraud, n’y voyait là que la pire chose qui puisse arriver pour le peuple.

À quel point avait-il raison ? Cette ère était marquée par ces territoires bipèdes qui s’agrandissaient mais, contre toute attente, les rares gouverneurs de ces créatures qui purent avoir l’honneur de visiter l’île semblaient émerveillés par la civilisation dragon. Là où un traité fut mis en place pour commercer avec les nôtres.
Encore un signe que notre basané se méfiait de trop de ces êtres répugnants ?


Je n’avais aucune confiance en eux, mais mon jugement s’était adouci avec les années.


Quelque soit la façon dont on puisse nommer l’attitude du clan à l’égard des humains, ils communiquaient par les échanges de métaux précieux issus des dragons. En retour, les dragons avaient pu bénéficier de connaissances bien plus intéressantes héritées des avancées chinoises. Au point où quelques siècles plus tard, les dragons autorisèrent le passage sur leur terre, pour la première fois, à une impératrice bipède. La mère semblait ravie qu’une femelle eût été dirigeante de ces pourceaux.
La dragonne appréciait la compagnie humaine alors que certains membres du conseil, dont Kana, voyaient d’un mauvais œil ces rencontres de plus en plus récurrentes où une certaine Lothie se tenait proche de la chef, l’air fière. Qu’avait leur dirigeante en tête ? Raen en était tout aussi perdu, lui qui voyait toujours positivement la race humaine, il eût pensé que la mère eut l’envie de devenir humaine à son tour.

À cela, s’était ajouté une discussion avec la reine mère, une discussion bien nébuleuse mais dont notre ébène se souvenait par bribes.

- Pourquoi détestes-tu les humains Oorichikana ?

- Ce sont des créatures emplies de laideur, aussi belliqueuses qu’elles sont ridiculement faibles.

- Et pourtant, toute laideur recèle sa part de beauté, comme les cendres sont les vestiges d’un champ de bataille, elles nourrissent la terre et laissent place aux champs verdoyants et fleuris du printemps. Une vision éphémère et pourtant si magnifique.

- Un jour, toi aussi tu le comprendras.

Elle sourit tendrement à son interlocuteur, incliné devant elle alors qu’elle s’avançait pour apposer une main réconfortante sur ses cheveux. Une scène imprimée dans le marbre où la dragonne avait tenté d'apaiser une plaie ouverte dans le cœur du vieux lézard.
La suite n’en fut que d’autant plus prévisible. Plusieurs dizaines d’années plus tard, un jour, la bien aimée dragonne mère disparu, sans laisser de traces.
Tous supposèrent qu’elle eût abdiqué. Mais les plus lucides savaient. Himiko vivait toujours, mais non en tant que dragon. Elle vivait comme elle l’avait toujours voulu : en tant qu’humaine, libre de son passé. Bien sûr, Kana ne savait où elle se trouvait, mais il espérait simplement que son choix l’avait rendue heureuse. Tout comme il ne comprenait pas encore les sentiments qui habitaient son ex dirigeante.

Ce fut un autre dragon qui prit le pouvoir après le départ d’Himiko. Le plus vieux d’entre tous : un dragon occidental aussi rougeoyant que le magma en fusion. Heinrich. En sa présence tout changea. Il voulait faire du peuple, un peuple de dragon puissant et robuste.
Notre basané suivit les changements qui opéraient sans se douter que ce changement de souverain aurait bien plus de conséquences. Après tout, la vie sur l’île de Shinji n’avait pas tant changé. Heinrich se contentait d’entraîner les dragons dès leur plus jeune âge et faisait fi de toute bienséance, ce qui dérangeait une partie de la communauté bien que tous lui devaient obéissance. Dans le processus, Akira fut entraîné dans cette bourrasque militarisée sous le regard désapprobateur et anxieux de Kana et Ryuhei, ce qui les rapprocha d’une certaine façon (le fameux ennemi commun). Notre dragon noir avait beau faire partie du conseil, Heinrich ne l’écoutait pas, il avait toujours le dernier mot. Cette situation était suffisamment déroutante pour ignorer les soucis extérieurs. Quant à Raen, il était inquiet et craignait que le dirigeant actuel ne transforme définitivement le groupe alors que Lothie, s’était muée en proche conseillère du chef pour sa plus grande joie.

Les actes du dragon rouge animaient les esprits tandis que des évènements plus graves se produisaient en parallèle. Les humains, qui avaient toujours été amicaux depuis Himiko, s'étaient progressivement retournés contre les dragons. Toute créature qui osait pénétrer sur la province d’Izumo était tuée. Des faits qui coupèrent tout contact entre l’île et la province. Quelque chose se passait là-bas. Quelque chose avait changé…

Mais Heinrich avait donné l’interdiction aux dragons de quitter l’île. Tout devenait plus obscur. Les dragons se repliaient sur eux-même…


Kyotorinata était de plus en plus suspicieuse.


On aurait dit qu’il était encore moins aisé qu’auparavant de trouver cette dragonne qu’était sa sœur. Et ce, malgré l’isolation draconique. À la fois étrange et mystérieux. De quoi faire intervenir Kana tandis que Raen eût tenté de dissuader son aîné de partir en dehors de l’île. Il craignait pour l’avenir de son frère et de sa sœur au sein de cette communauté changeante. Que pouvait-il faire de plus ? Il lui fallait éclaircir les zones d’ombre de ces temps troublés.
Ce pourquoi la découverte en fut d’autant plus percutante.

Peu après la politique isolationniste d’Heinrich, si sa petite sœur aux traits magnifiquement argentés s'absentait, ce n’était point pour fuir l’île, mais pour s’attaquer à des Tengus.
Quand le bronzé l’eût pris sur le fait, les aveux de la dragonne furent dissonant.
Les Tengus s’étaient ralliés aux humains et les encourageaient à débusquer et tuer le peuple écailleux lorsqu’ils étaient dissimulés parmi les primates. Que penser de cette révélation ?

L’horreur de trouver ces cadavres angéliques ensanglantés n’avaient fait que resserrer un poing d’impuissance au vieux titan noir. Il était vrai que cette information était particulièrement dangereuse. Si elle s’avérait véritable, elle ne devait être prise à la légère.
Bien que la question la plus présente eût été… Pourquoi ? Qu’avaient les Tengus contre les Dragons pour en arriver à de telles extrémités ? Était-ce les vestiges de la guerre surnaturelle qui leur avait remonté à la gorge ? Notre pauvre protagoniste ignorait qu’en réalité, les Tengus avaient toujours haï le peuple draconique, et que Lothie en avait été un des éléments déclencheurs il y a plusieurs milliers d’années.
Quelque soit la réponse, pour l’heure, le mâle au teint hâlé enjoignit sa cadette de cesser sa boucherie tant que les preuves n’avaient pas été levées sur ces actes.

Plutôt que de perpétuer ces querelles sanglantes, il fallait prévenir le conseil et le père rouge du potentiel danger et l’analyser en profondeur.


J’ai fait l’erreur de penser que le père pouvait être raisonné.


Si l’humain pouvait être une créature affreuse, Kana découvrit qu’il existait des congénères tout aussi belliqueux. Tel Heinrich qui, dans une fureur monstrueuse se redressa face à l’assemblée qui attendait sa décision.

- C’en est assez. Que les humains aient osé nous faire l’affront de s’allier à ces emplumés, qu’à cela ne tienne. Nous châtieront cette outrecuidance.

Résonnait la voix rocailleuse du puissant aux teintes sanglantes et au regard enflammé qui se tenait au bout d’une table d’un volume proportionnel à l’assemblée. Il ponctua ses paroles de mouvements de bras, sa colère n’aurait pas de limite.
Une armada de dragons fut ensuite conduit jusqu’à la province d’Izumo, là où ils menacèrent les habitants, seuls et sans protection dû aux exactions de Lothie.

Ceux-ci suppliaient les titans cracheurs d’éléments de les épargner dans une terreur se traçant sur leurs visages alors qu’Heinrich, satisfait de sa position dominante, réclama désormais au peuple un tribu. Si les humains voulaient éviter le courroux des dragons, ils devraient lui sacrifier une jeune vierge de leur ville chaque année, sous ses yeux. Une proposition si épouvantable qu’elle secoua Kana et sa fratrie au moment où les humains amenèrent une pauvre petite pour la décapiter devant un Heinrich souriant.

- Belle initiative la décapitation, comme quoi, quand les humains le veulent, ils peuvent être divertissant.

Prononça le géant crimson en applaudissant, satisfait de la vision macabre qui lui avait été offerte.
Cette vision marquée au fer rouge chez les lézards mythiques. Là où la foule humaine  n’oublierait jamais la joie de la bête de sang qui emporta comme trophée la tête de ses victimes afin de les entreposer dans sa salle d’audience. Ceci afin d’effrayer de potentiels émissaires, qui avaient peu de chances de rentrer vivant.


- Ce n’était pas ce que je voulais.

Avait prononcé, tremblante, Lothie qui regardait le lac avec regret. Les années avaient passé dans cette horreur pour la ville d’Izumo, mais la fille argentée avait des regrets en s’adressant à Kana.

- Je sais que tu ne me comprendras jamais. Mais, je n’ai jamais voulu cela pour le peuple humain.

Ajoutait-elle en frottant son pendentif accroché à son cou, pensive en regardant l’océan, une larme perlant sur l’une de ses joues avant qu’elle ne se tourne vers son aîné. Tous les deux faisaient face au port, sur le petit îlot. En l’absence de Raen, ce petit rendez-vous entre ces deux-là serait sûrement le dernier…

- Oorichikana… Tu dois l’arrêter. Il faut que tu tues Heinrich avant qu’il ne soit trop tard.

Implora sa petite sœur en se fondant dans les bras du mâle, les mains apposées sur son torse pour l’interpeller de son regard suppliant.

- Kyotorinata, as-tu perdu l’esprit ?

Rétorquait l’homme au regard d’or en attrapant les épaules de son sang mais, elle ne lui rendait qu’un air abattu, tristement résolue.

- C’est le seul moyen. Si tu ne peux pas t’en charger, je-

- Cesse cette folie ! Veux-tu reproduire ces mêmes événements ?

Elle détourna le visage. La seule vision dont Kana pourrait se souvenir.

Parfois, quand on veut se souvenir, eh bien on oublie. C’était dans ces moments que la cruauté la plus vile remontait dans un cerveau âgé. Celle de cette vision. Là où dans une salle décorée, un fauteuil où trônait habituellement Heinrich était désespérément vide alors que la silhouette du rougeoyant se révélait face au mâle brun et son frère Raen : ayant transpercé le thorax de Lothie de sa main ensanglantée pour la laisser retomber à terre dans une flaque de liquide et un bruit de chair s’arrachant, Heinrich secouait mollement le liquide recouvrant ses doigts. Notre bronzé et son benjamin n’avaient pas eu le temps de réaliser. Lothie dont la vie la quittait par la propre main d’Heinrich.

- LOTHIIIE !

Hurla d’effroi le frère aux couleurs de jade en courant à toute allure, glissant à son chevet dans une bourrasque de larmes et de rugissements.

- Il valait mieux cesser les manigances de cette petite au plus tôt, n’es-tu point de mon avis Oorichikana ?

Statua le dirigeant du clan sous les iris perdus du brun qui avançait, un pas après l’autre. Un froid où ses chausses marquaient un rythme lugubre tandis que les gémissements de Raen brisaient le silence. Kana était perdu à la vue de sa cadette, à terre : elle se vidait de son hémoglobine aux côtés d’un fier dragon dialoguant avec notre basané.

- En effet.

Eût prononcé la bête noire dans un ton dénué du moindre appui sentimental.
Là où ses pieds l'emmenèrent, ne seraient qu’au devant d’un chef, souriant de toutes ses dents. Ravi de son sous-fifre loyal.

- Je savais que nous nous ressemblions tous les deux.

- Je ne peux pas vous donner tort.

Avoua le sombre reptile qui entreprit d’effectuer le même geste qu’il eût réservé à sa cadette. Tant et si bien que Raen, qui assistait à toute la scène, pendant une fraction de secondes, avait deviné les intentions de son aîné. Il avait voulu le prévenir, l’arrêter, mais sa voix n’avait pas porté assez rapidement. L’acte était déjà commis. Heinrich et lui avaient en vérité des âges similaires. Pour résumer, leurs forces étaient égales bien qu’Heinrich n’eût pas prévu la réaction de son opposant. Tout comme il se remémorait la force ridiculement surpuissante de son ex-subalterne qui s’empressa d’écraser le muscle le plus important à l’intérieur de son corps dans une bouillasse à la fois sonore et sinistre.

Au lieu de traduire seulement de la surprise et de la douleur, Heinrich avait sourit au dragon. Comme s’il s’était laissé faire. C’était… déroutant.

- Tu es tout aussi sanguinaire.

Répliqua une dernière fois feu le père au moment où le deuxième corps tomba au sol.
C’était ce genre de bruissement où un dragon ne se retournait pas, le corps paralysé avant d’entendre enfin les paroles de son frère.

- Kana !

Pleurait-il pour faire se ressaisir son aîné qui finit par faire volte-face, accourant à son tour vers leur sœur qui peinait à respirer. Elle s’étouffait dans son propre sang en regardant tour à tour ses précieux frères. En fin de compte… Elle ne pouvait pas espérer mieux. Pousser son dernier souffle dans leurs bras.

- Je suis désolé, toussa lentement la créature affaiblie aux yeux d’or, Les Tengus… C’est moi... je voulais... la colère des humains...

- Nous le savons Lothie.

S’écriait la tignasse verte, douce et larmoyante face au corps rougeoyant et tremblant qu’il avait dans ses bras. Que faire ? Pourquoi ? La dragonne se contenta, faiblement, d’un mouvement particulièrement difficile. Elle avait redressé la tête pour diriger ses mains chevrotantes derrière son cou alors qu’un léger mouvement au niveau de son collier se faisait.

- Non, ne bouge pas, tu es…

Répliqua le plus jeune des trois en essayant de l’empêcher d’en faire trop. Raen s’inquiétait bien qu’intérieurement, il savait. Il était trop tard. Trop tard pour faire quoique ce soit. Elle allait bel et bien disparaître. Quoiqu’il arrive. Mais dans un effort, elle ignora la tentative du benjamin, puis elle poussa le pendentif vers le torse de son aîné, le poing encore fermé.

- Je vous en supplie… Kana, Raen... faites-le à ma place.

Elle n’eût attendu que la vision de hochements de tête, et le regard de son grand frère, impuissant.
Et, une faible paume s’ouvrit pour relâcher l’objet. Un réflexe simple. Un regard éteint. Une peau pâlissante. Plus de voix. Plus de souffle.
Juste un vide. Un vide. Encore et toujours.
Un écho qui hurle de se réveiller. Mais qui n’arrivera jamais.
L’or avait laissé sa place au désert sans fin désormais...


Je perdais pied.


Jamais il n’avait pu imaginer mourir après ses jeunes frères et sœurs. Ces bébés qu’il avait vu naître. Qu’il avait élevé. C’était une pensée suffisamment traumatisante pour perdre le basané qui, de par son geste et son âge vénérable, était appelé à devenir le prochain père.
Il n’eût pas prévu ce dénouement bien qu’il fût logique que le plus âgé prenne le pouvoir. Le faire de cette façon, ne lui laissait que cette sensation de sang sur les mains.
Il devait reprendre un peuple au cœur d’une île où leurs voisins humains réclamaient vengeance pour les horreurs commises après ces années.

On lui avait laissé un clan au bord de la guerre ou de la destruction, d’autant plus lorsqu’il devint le nouveau père. L’assassinat d’Heinrich avait atteint toutes les oreilles, des anciens seulement heureusement. Mais aucun d’eux ne lui accordaient confiance. En particulier sa compagne qui s’était plainte de la succession de Kana au dragon rouge.

Pourquoi s’en soucier quand les habitants d’Izumo se préparaient militairement à envahir l’île de Shinji ?
Raen arriva en catastrophe devant son grand frère et désormais dirigeant. Les humains avaient décidé de massacrer leur espèce maintenant que les tribus avaient cessé après le décès d’Heinrich. Ce pourquoi, Raen rappela les paroles de Lothie au brun. Il voulait essayer de les raisonner. Il existait un moyen de régler les conflits pacifiquement, il y croyait réellement. Pour cela, le reptile verdoyant voulait se rendre à Izumo, seul, pour montrer sa bonne foi aux humains.
Une demande que Kana refusa scrupuleusement. Cela s’avérait bien trop dangereux.


Être le père ne signifiait pas que l’on pouvait tout contrôler.


Quelque soit l’interdiction, son benjamin l’avait bravé pour se rendre en ville. Là-bas, le moindre plaidoyer ne fut accordé à l’homme aux cheveux olive. Les Tengus condamnèrent “ce monstre” à mort sur l’échaffaud, là où Raen ne put lutter, sa gentillesse le tua. Et Kana reçut la tête de son petit frère comme cadeau de la part des Tengus qui avaient réussi à faire en sorte qu’elle ne disparaisse pas tout de suite par magie. Un prodige écoeurant et d’une particulière malveillance qui émettait un message clair :  les dragons seraient les suivants, tout comme leur père.

Ce cadeau empoisonné fit naître de la noirceur dans le cœur du père dragon. Kana, seul dans la salle d’audience, ne put que serrer les dents en comprenant ce que son frère avait tenté de faire. Lothie, et maintenant Raen. Ses précieux petits frères et sœurs l’avaient quitté. Et tout cela par l’action de ces maudites créatures.
Dans la gorge du basané, une flamme brûlait. Dans ses yeux dorés, l’ombre d’une vengeance se reflétait. Rien ne pourrait apaiser cette soif de carnage dans l’âme d’un vieux dragon.

La noirceur était si grande que tous les siens furent rassemblés pour préparer une attaque, bien que certains préfèraient choisir la fuite ou épargner la vie d’Akira, la majeure partie avaient soif de ce sang après tant des leurs disparus à cause de l’avidité humaine.

Nous n’étions encore qu’aux prémices de la bataille qui aura été remaniée en légende. Celle de Yamata no Orochi. Orochi étant le dragon noir géant, Oorichikana et les nombreuses têtes d’Orochi n’étaient pourtant que la nombreuse armée de dragons qui accompagnaient le dragon noir colossale.
Losqu’il apparut, il fit trembler la province d’Izumo, là où nombre d’humains hurlèrent de terreur en apercevant les monstres foncer à travers une ville en pleine tempête pour cracher encore et encore leurs éléments destructeurs.
Certains partirent en éclaireur plus loin au cœur de la bataille, mais ne revinrent jamais car, les lézards géants ne se doutaient pas du plan des Tengus.
Les plus jeunes furent vaincus par une horde d’humains tandis qu’au même moment, un clan de Tengu apparu aux portes de la ville, ils avaient rassemblés un liquide étrange dans des tonneaux qu’ils avaient fait voler dans les airs avec des engins sophistiqués avant d’user de leur magie pour les faire exploser sur ses congénères. D’autres pièges attendaient les dragons : Dans les tours, une fois les habitants évacués, de l’huile bouillante fut déversée sur les dragons accrochés au bâtiment dont les Tengus amplifiaient les propriétés et la  zone d’effet.

Ses congénères tombaient les uns après les autres. Les Tengus les plus aguerris dans les prodiges magiques et les âges eux, s’étaient attaqués en groupe aux dragons les plus âgés.
Le peuple Tengu s’était-il rassemblé de tout leur congénère ? Ou était-ce le clan de Kana qui était bien trop peu nombreux ?
Peut-être les deux à la fois… La ville n’eut d’allure que l’enfer pour les reptiles qui poussaient leurs ultimes grognements dans une gerbe de sang les uns après les autres.

Une haine impérissable avait dominé le titan noir qui eût soufflé son plasma sur toute la ville, faisant craqueler les terres de la ville jusqu’à ce que plusieurs Tengus, accompagnés de guerriers humains volèrent jusqu’au monstre ombrageux.

- Je me nomme Susanoo et voici mes compagnons, cher serpent de l’enfer. C’est ici que ta vie prend fin.

Fièrement prononcé par un Tengu d’un âge inconnu (sans doute bien plus vieux que Kana), lui et ses acolytes usèrent de leur magie, ensemble, pour clouer la bête au sol et lui asséner le coup fatale dans le torse dans un hurlement guttural lorsque la bête titanesque retomba au sol.
Dans sa position, affaibli, entre vie et mort, son corps ayant repris forme humanoïde dans la pluie, la boue et son propre sang, Kana ne put entendre que les hurlements de ses congénères qui se mouraient les uns après les autres. Et… Les cris de joie des humains.

C’était étrange. Il pleuvait et la bouillasse lui collait à la peau. Il avait aussi froid avec ses apparats déchirés mais, il ne sentait plus rien. Était-il mort ? Ses iris se tournaient vers la gauche. La désolation. Des bâtiments détruits et arrachés. Des planches défoncées autour de lui. Et son bras qui tendaient vers une direction avec une rare difficulté pour attraper le pendentif de sa précieuse Lothie. Faiblement, les paupières à demi ouvertes, comme sur le point de se refermer, il l’attrapa, avant qu’une vive douleur ne lui fasse crisper le visage.
Un pied écrasait son avant bras.
Mais il ne voyait plus rien.

Ce Susanoo et ses comparses n’étaient effectivement pas des Tengus comme les autres, on aurait même pu dire que leurs âges et sagesses étaient extraordinaires.
Des parangons de leur société qui, pour survivre, avaient adopté une stratégie somme toute très simple. Rallier les différentes tribus Tengus en une seule et s’attirer les bonnes grâces des humains en les protégeant tout en leur procurant leurs dons par tous les moyens.
Ce fut donc pour eux, une très belle surprise que de retrouver Oorichikana encore en vie dans ce cimetière draconique. Le père dragon qui respirait toujours. Voilà de quoi marquer un grand coup chez leurs alliés.

Notre reptile noir ne se réveilla de cette longue torpeur et de ce voyage harassant qu’une fois sa tête collée avec violence sur un sol froid par une paume agressive, il en tira une grimace désagréable bien que ses assaillants n’en avaient cure : ils discutaient.
Il était incapable de bouger, ses mains étant liées dans une pratique géométrique typiquement japonaise : impossible d’émettre le moindre mouvement sans ressentir cette attache qui lui interdisait cette liberté.

- Votre majesté, nous souhaitons vous offrir Orochi. Le monstre ayant dévasté la province d’Izumo.

- Il est impossible de maîtriser une telle bête.

- Sauf votre respect, nous voudrions vous montrer ceci en gage de présent pour son éminence.

Répondait le Tengu même si notre basané n’eût la possibilité d’observer les mouvements qu’entamaient les anges du vent. S’il l’avait su, il aurait sûrement pu se préparer à ce qui allait suivre. Car nulle douleur ne fut plus forte que celle qui le traversa ce jour. Comme si des millions de vers le dévoraient de l’intérieur, les piques s’implantaient dans sa peau toujours plus profondément dans son dos jusque dans son bras, ses jambes.
Une torture sanglante où le dessin noir d’un dragon pris forme sur la peau du prisonnier qui n’avait pas pu retenir divers hurlement de douleur en relevant la tête avec force malgré la main qui le retenait, et cela, avant qu’il ne s’effondre de nouveau par terre, son corps se mouvant de haut en bas avec sa respiration ainsi que sa sueur.

Les Tengus, dans leur rituel, avaient tracé un tatouage sombre sur tout le corps de l’ancien. Une magie puissante que plusieurs individus millénaires avaient canalisés dans un seul être pour apporter ce sceau ou plutôt cette malédiction.

- Voyez monseigneur, par ce tatouage, nous avons soumis le monstre. Sous notre action, le père dragon vous sera entièrement dévoué. Je vous en prie, utilisez-le comme bon vous semble.

S’inclinaient finalement les surnaturels qui présentaient leurs hommages à l’empereur humain. Kana lui, respirait toujours avec contrainte après un traitement aussi cruel.

Pour ce peuple, il s’agissait d’un châtiment réservé aux agissements du dragon ayant attaqué Izumo et des siens, des bêtes abominables et meurtrières.
Mais, ce tatouage signifiait surtout une chose. Désormais, le doyen noir appartenait aux humains, et ce n’était pas qu’une constatation. Ce sort de soumission l’avait mué en un esclave que l’on attrapa par les bras afin de le murer dans une salle vide et protégée. Jamais il ne pourrait fuir ou se libérer. Un fardeau immuable qui le tourmenta avec les siècles.


Un jouet aux services de nobles.


Là était la réalité du dragon. Il passa de main en main avec les années, des nobles qui apprirent son existence en même temps qu’ils devenaient les dirigeants de l’empire.
Parfois ils s’en amusaient et le reléguaient au rang d’esclave et de divertissement. D’autres, on l’utilisa pour des rixes et escarmouches, un véritable avantage tactique en temps de guerre pour ceux qui connaissaient son existence et qui osaient en faire usage.

Lorsque Kana essayait de se rebeller contre un ordre, le tatouage s’illuminait d’un rouge vif et une douleur insupportable parcourait tout son corps. Elle pouvait parfois être si violente que le dragon perdait conscience ou que son corps décidait de bouger de son propre chef pour exécuter une demande. Dans ces moments, il n’était plus lui-même. Son cerveau était vide de pensée. Il n’y avait que la demande qui comptait. L’être ne devenait rien de plus qu’une marionnette faite pour écouter.

C’était l’une des raisons qui participa aux trous de mémoire du dragon mâle. Il perdait conscience et ne revenait pas de temps à autre.

Néanmoins, il se souvenait de certains de ses propriétaires. À l’époque où le pouvoir changeait souvent de main. Il se souvient que les empereurs avaient dû fuir la demeure pour laisser place à de nouveaux humains dont il ne retenait pas plus que cela leur dénomination. Qui dirigeait était flou. Il obéissait à des régents qui avaient tout le pouvoir à cette époque. Et… Ce Nagatoki resta longtemps dans la mémoire de Kana, malgré son désir de l’oublier.

- Désormais, ton nom sera Kibaaruka. Tu feras tout ce que je te dirai de faire. Si je t’ordonne de servir, tu serviras, si je t’ordonne de ployer, tu ploieras, et si je t’ordonne de tuer, tu tueras.


Ces mots, comme marqués dans la chair. Ma chair. De sorte à ce que le moindre miroir m’interdise d’oublier cet humain au sourire carnassier.


Cet humain hautain était satisfait d’avoir découvert qu’il existait un dragon enchaîné dans le château de Kyoto nommé Edo à cette époque. Et en tant qu’homme de pouvoir, il se plut à se défouler sur cet être surnaturel en lui inculquant où était sa place, en le renommant à sa convenance. Après tout, avec les années, le dragon qui avait auparavant été aussi violent qu’agressif, avait gagné en fatigue et lassitude. D’autant que Nagatoki l’utilisait en ce temps pour raffermir son pouvoir dans les provinces en brûlant et massacrant les quelques clans mineurs qui osaient se rebeller contre le Shogunat.

Là était l’amusement du bipède à la chevelure sombre. Contenté par les actions du dragon soumis aux hommes, il s’était permis de s’asseoir en tailleur et d’exiger un prosternement de Kana et pas de n’importe quelle façon, celle de voir un lézard humanoïde s’allonger sur lui, tête contre une de ses jambes, comme un animal domestiqué.
Tout paraissait futile. long. Amère. Ridicule. D’autant lorsque son supérieur apposa ses doigts sur sa chevelure chocolat en soufflant, amusé.

- Vois-tu Kiba, tu fais un merveilleux chien.

Prononçait l’homme à la chevelure ébène en passant une main sur le crâne de la bête à la fois vide d’énergie et de volonté, surmenée.

- Loyal.

Ses doigts gantés d’un apparat de soie passant méticuleusement sur les mèches de la silhouette affalée sur ses jambes en tailleur.

- Silencieux.

L’instant paraissait si satirique : un noble samouraï au repos, en train de caresser la crinière du fauve entre ses bras. Un plaisir à la fois sadique et possessif pour asseoir sa domination sur un animal sauvage enchaîné.

- Et surtout…

Un léger silence ponctuait la scène nocturne aux abords de la terrasse japonaise. Silence brisée par le souffle amusé du maître attrapant le bas de la mâchoire de sa créature pour la redresser vers lui, forçant un contact visuel.

- Docile.

Terminait le monstre en refermant sa poigne sur le crâne de son bien avec animosité, son objectif de provoquer un sursaut douloureux étant rapidement achevé lorsqu’il constatait agréablement le léger rictus aux coins des lèvres du reptile, le regard du basané mêlant hostilité et résignation.
Le fier dragon n’existait plus. Il s’était éteint, abandonnant son âme et le tout qui formait ce qu’il avait été. Un délice pour l’humain responsable. Une bonne leçon pour la créature mythique.

Au point où il se convainquit presque qu’il avait mérité cette leçon. Punition divine ou destin étaient peut-être là les explications à ces humiliations. Quelque part, il s’agissait simplement d’un retour de karma pour avoir osé accorder sa confiance et son affection. S’être laissé aller à ses propres sentiments et avoir perdu le contrôle.
Hélas oui, pour lui, sa faute était devenue limpide au fil des années, il s’était bien trop attaché. Son affect avait été la source de sa déchéance, sa faiblesse.
Un autre que lui aurait pu l’interpréter autrement. Sûrement. Hypothétiquement. Kana reste cependant Kana, un dragon qui assimila jusqu’au cœur la source de cet opprobre.
Les stigmates seraient simplement là pour le lui rappeler n’est-ce pas ?

Ce Nagatoki prenait souvent plaisir à passer une main sur les cheveux du dragon sous forme humanoïde qui ne pouvait plus prendre sa regrettée forme à volonté depuis son scellement. Le positionner plus bas que terre. Tout comme il le traitait comme un chat en observant son visage pour y voir quelconque signe de changement ou exigeant que le dragon se repose/dorme à ses côtés. Pour Kana, cela n’avait aucun sens. Mais pour cet homme, agir ainsi avait pour but d’effrayer ses hôtes lorsqu’il invitait des rivaux. Un surnaturel, dragon qui plus est, qui obéissait au doigt et à l'œil de ce régent. Tel un animal de compagnie qu’il tenait en laisse et qui restait calme tant qu’il le désirait. En définitive : s’il décidait de relâcher cette laisse, ses adversaires savaient qu’ils allaient mourir atrocement.

- Ne voulez-vous donc pas poser votre main sur sa tête ? Allons, il ne vous mordra pas tant que je suis là. Vous verrez, c’est fort agréable.

S’amusait-il à prononcer d’un sourire carnassier à quelques nobles ayant pénétré dans le fin bureau ayant une ouverture sur le jardin. Seulement, tous refusaient, terrifiés par le duo destructeur.

- Occupez-vous de son visage, il doit avoir l’air plus reposé.

Ordonnait-il également à des domestiques qui soulevaient le visage du monstre pour observer ses traits. Des yeux dorés, vides de la moindre volonté. Au point où l’une d’elle, un jour, eut un regard attristé, compatissant en regardant pour la première fois ce dragon d’aussi près.

Il avait l’air si las… Si… Inerte. Aucune flamme ne brillait dans son regard.
Ce constat physique de cet être surnaturel fit naître un sentiment étrange chez cette humaine. Bien sûr ses attributs non humains le différenciaient définitivement des Hommes, cependant, pour elle, en le regardant ainsi, elle ne pouvait pas croire qu’il s’agissait d’un monstre sans le moindre sentiment.

Au moins était-ce un humain qui constatait ceci même si Kana ne s’en souciait guère.

Cette mémoire ancrée en lui n’était là qu’à cause d’un esprit encore en plein éveil de lui-même. Ce qui n’eût point été le cas par la suite. Un jour, sous le joug de Nagatoki, il s’endormait profondément avec pour dernière vision les paroles d’un humain manipulateur, un autre, il revenait à lui, debout, au centre d’un village en ruine. Le corps recouvert de traces de batailles, et les cadavres de pauvres paysans pris dans la tornade de violence.
Un regard vers sa main qu’il retournait, et il n’y voyait plus la couleur de sa peau tant elle était tachée d'une teinte proche de la rouille séchée.

Lorsqu’il rouvrit les paupières de nouveau, il était face à cette domestique, en intérieur.

- Ne bougez pas, je ne voudrais pas vous faire mal par inadvertance.

Plaisanta la plus jeune assise en tailleur tout en essuyant la tempe du dragon, assis lui aussi. Tous les deux dans une salle au tapis de riz, le calme régnait. Sûrement qu’il était aux alentours de midi pour que le gazouillis des oiseaux soit aussi sonore même si, ce qui était le plus curieux ici, était la demoiselle.
Avait-elle conscience de l’horrible bête qui lui faisait face pour lui sourire aussi tendrement ? Dans une certaine incompréhension, le reptile observait la femme humaine lui parler. Il était vrai qu’en y repensant, lorsqu’il n’était pas ailleurs, sa vis à vis discutait énormément devant le basané. Progressivement, et à force de s’occuper du bien du seigneur Nagatoki, cette jeune servante s’y était attachée. Lui parlant de tout et de rien. Dialoguant chaque jour un peu plus avec l’écailleux et allant même jusqu’à lui poser des questions.
La brune savait pertinemment qu’il n’eût jamais répondu et qu’il ne répondrait jamais, si bien que ses collègues eurent tous cru que le monstre était incapable de parole ou de compréhension de leur langue. Néanmoins, la belle était persuadée du contraire. Elle n’attendait pas de réponses. Juste, savoir qu’il l’écoutait la contentait. Elle n’avait pas besoin qu’il ouvre la bouche pour l’apprécier.

Oui, quelque chose de curieux l’attirait chez cette créature aux traits non humains. La pitié aurait pu en faire partie. Son physique que l’on pourrait tout de même qualifier d’agréable à regarder pour les critères humains également. Il s’agissait en particulier de ce regard doré qui l’intriguait. Elle voulait sans doute raviver du mieux qu’elle pouvait cette créature enchaînée (on aurait appelé ça le syndrome de l’infirmière à notre époque).

Plus les années passaient, plus l’humaine de basse lignée éprouvait de l’affection pour le dragon. Un jour, avait-elle osé, dans une gêne non dissimulée, d’abord attraper la main du brun. Puis, petit à petit, elle osait se rapprocher de son interlocuteur. Chavirée par ces entrevues avec son confident… Et ce, jusqu’à ce qu’elle arrive à prendre “son patient” entre ses bras. Un acte qui fit battre le cœur de la femme rêveuse.

- Je jure de vous sortir de cette prison.

Murmura-t-elle de quelques sanglots en s’écartant, attrapant les épaules de l’ancien pour lui signifier sa détermination.
C’était insensé. Insouciant. Naïf. La japonaise avait bravé l’interdit quelques soirs plus tard, attrapant par la main le grand humanoïde aux cornes protubérantes. Il fallait courir, se dépêcher de fuir avant qu’il ne soit trop tard.
Avant que le château et son maître n’eût découvert la disparition du surnaturel. Une quête bien trop ardue pour une pauvre domestique.

L’agitation dans la bâtisse fortifiée s’avéra féroce et soudaine. La fuite ? Vaine. Le duo fut bien vite rattrapé aux portes extérieures du bastion, là où Nagatoki et quelques gardes les attendaient. Un régent qui, très irrité par la tentative désespérée de l’une de ses servantes, s’avança au-devant de celle-ci.

- Vipère… Vous aviez bien du courage d’essayer de voler l’un des trésors de ce château.

- Trésor…?

- Oui ma chère, une voleuse de votre condition se voit donc en cette soirée, condamnée pour cet acte.

Répliqua-t-il en attrapant la garde de son sabre qu’il sortit de son fourreau. La suite n’en était que prévisible. Celle d’un noble transperçant une hors-la-loi mais, il en fut autrement.
Le regard de l’homme magnifiquement habillé s’ouvrit un peu plus quand il réalisa que la silhouette face à lui, celle du dragon que les siens surnommaient Orochi, s’était interposée pour interrompre la lame tranchante de par son avant-bras. Le fer avait légèrement percé sa peau, faisant goutter sommairement la blessure d’une perle rougeoyante tandis que les iris du reptile s’étaient fait menaçant. Oorichikana avait protégé cette humaine qui ne méritait aucunement la mort que cet individu lui réservait.

- Voilà qui est inattendu.

Prononça le noble Hôjô en reprenant contenance. Cette bête pouvait donc avoir un libre-arbitre ? Le dragon ne devait-il pas obéir et rester bien sagement sur le côté quand il n’était pas désiré ? C’était nouveau pour lui. Très déroutant. Autant que le geste du basané qui réalisait la portée de son mouvement. Son lui d’avant n’aurait jamais sauvé une bipède. Mais celle-ci était différente. Elle n’était pas comme ces animaux belliqueux.

- Nous devrons avoir une petite discussion avec les Tengus. N’est-ce pas Kiba ? Souria-t-il en observant le visage de sa possession avant d’enchaîner d’un ton plus ferme, les yeux emplis d’hostilité, Maintenant exécute-la.

Un ordre, un simple ordre que le fauve, pour la première fois depuis longtemps, refusait de suivre.
Ce qui l’attendait n’en serait que d’autant plus douloureux… Les tatouages s’illuminèrent dans une lumière fluorescente, tel le métal en fusion sorti des fourneaux pour marquer une bête de trait. Elles brûlaient, bouillonnaient, plongeant leur tranchant de l’intérieur dans une symphonie lancinante qui fit courber le bronzé avant qu’il ne retombe genoux à terre, sur le sentier graveleux. La chaleur était si mordante qu’elle pénétrait son crâne, un poinçon qui s’enfonçait avec lenteur dans son cerveau.
Sa conscience s’en allait de nouveau sous les supplications criantes de l’humaine à la chevelure de soie envers le régent. Elle qui ne pouvait supporter la vue d’une telle torture, elle vit se relever le monstre, les tatouages rouges luisants sur tout le corps, les cheveux brillants comme les surnaturels ailés, signe de leur soumission et surtout, les yeux jaunes lumineux et enivrés d’un seul désir : celui d’obéir.
Ce n’était plus l’homme qu’elle avait aimé.

Un long sommeil où le dragon savait qu’il était impuissant. Après tout, il avait été un bien piètre chef. Un père ayant mené tout son clan vers une mort certaine peu après sa nomination. Qu’espérait-il prouver en tentant de sauver cette femme ? Pourquoi avait-il fallu qu’elle s’attache à lui ?
Elle aurait vécu une vie paisible, loin de toute cette souffrance, loin de lui qui l’avait tuée de ses propres mains.

Pourtant, il le savait. Sa propre mère lui avait enseigné cette leçon dès son plus jeune âge : les humains sont des êtres fragiles. En somme, il était pratiquement impossible pour un être comme lui de les protéger. Encore moins aujourd’hui, lui qui appartenait à ces mêmes créatures. Il n’avait plus aucun pouvoir que celui de suivre. Et de se réveiller, de nouveau à terre dans le hall royal, lorsque Nagatoki ressentit une rage incommensurable en accueillant quelques hôtes Tengus.

- Nous allons raffermir le sceau du monstre, ainsi, ce genre de désagréments n’auront plus lieu d’être monseigneur.

Répondait l’ange aux cheveux immaculés, ses compagnons le suivant dans son initiative magique.
La douleur s’en était vue amplifiée, son esprit ? Encore plus embrumé.
Sans doute était-ce mieux ainsi ? De perdre à jamais conscience. Il s’agissait d’une mort douce d’une certaine façon. Incapable de voir et de ressentir. De penser.
Ses introspections se raréfiaient à mesure que la souffrance augmentait. Mais, dans cette brève constatation, il repensait aux siens. Sa précieuse petite fille, Chiyo, était-elle encore en vie ? Avait-elle pu revoir son fils ? Que faisait-elle en ce moment ? Était-elle heureuse ? Il le souhaitait tout en repensant tour à tour à sa mère, son petit frère Raen, son sourire innocent et ses mines boudeuses. Lothie, cette petite toujours prête à foncer dans les ennuis... où était donc passé le pendentif qu’elle lui avait légué ? Il devait le retrouver…


Je m’étais éteint pour ne plus me réveiller.


Le vieux dragon perdit définitivement conscience lorsque les surnaturels à l’origine de sa malédiction eurent amplifié les conséquences de celle-ci, muant le titan noir en un pantin articulé sans la moindre émotion.
Ainsi, il vit les époques défiler à travers un ersatz de lui-même.
Nagatoki qui s’amusait avec lui. D’autres dirigeants suivirent jusqu’à ce qu’un certain Ashikaga s’empare du dragon comme force stratégique afin de prendre le pouvoir : ses descendants qui faisaient la découverte du surnaturel à chaque génération, l’eurent peu utilisé car le pouvoir leur était acquis. Non, ce sera surtout au cours du seizième siècle que le sombre dragon refera surface, utilisé par les derniers Ashikaga pour massacrer quelques villages qui osaient se rebeller contre le chef du Bakufu.

Cependant, sans le savoir, ce fut pendant l’une de ces batailles de paysans, que Kana eût attaqué et tué des individus sous les yeux de sa fille, Chiyo. Elle fit face au père que l’on croyait disparu depuis plusieurs siècles suite à la bataille de la province d’Izumo.
Une rencontre déchirante où celui-ci ne reconnut aucunement sa précieuse violette.
Dans ses yeux, ne brillaient plus aucune réflexion. L’Oni dû empêcher le dragon de provoquer plus de destructions, sans parvenir à l’atteindre avant qu’il ne disparaisse après l’affrontement.

Les humains n’avaient eu aucun scrupules à utiliser le reptile de plusieurs millénaires pour provoquer la désolation sur les divers territoires japonais. Et lorsque la période de guerre la plus sanglante qu’était l’ère Sengoku fut atteinte, cela n’allait pas changer, bien au contraire...

Le surnaturel n’était plus qu’une arme de guerre utilisée en temps de crise dans une vaine lutte de pouvoir pour le clan Ashikaga. Une bête que l’on envoyait sur des terres dans des assauts éclairs pour remporter une victoire avant de le rapatrier autre part. De mauvais choix stratégique lorsque l’on possédait un monstre comme le père noir même si la silhouette était crainte.
À la moindre évocation du surnom du “monstre noir”, les armées tremblaient. Tel la bataille d’Uedahara où le fauve fut utilisé pour dominer les troupes adverses en envoyant des tirs de plasma terrifiants vers les assaillants avant d’être rapatrié à Kyoto, des tirs qui furent mêlés au premier emploi des armes à feu étrangères : de quoi apporter la terreur chez les humains qui découvraient cette technologie. Comment lutter face à une créature aussi meurtrière lorsqu’elle apparaissait pour broyer et trancher les nombreux soldats d’un coup de bras ? Celui-ci était paré d’une couverture incandescente : impossible de l’atteindre. Tout comme peu de survivants purent rapporter le mythe du guerrier monstrueux qui apparaissait au milieu des batailles de l’ère Sengoku.
Il fallut cependant, que le dernier Shogun de l’époque, Yoshiaki, soit un religieux bien trop rebuté par le pouvoir de l’animal enchaîné pour que le château de Kyoto soit fortement menacé.

Bien sûr, Kana n’eût pas l’esprit de remarquer l’invasion, lui qui avait été emprisonné dans une salle close du Shôriuji, bardé de liens et de cordes en tout genre et en toute matière à cause de la peur qu’éprouvait le shogun pour cette possession royale. Les cordes servaient à retenir ses bras derrière lui. Ses jambes, collées au sol et son cou, décoré d’un collier tiré de l’autre côté plus bas, émettaient une pression suffisante pour faire pencher son corps entier vers l’avant. Une position très inconfortable et étouffante alors que tout son être était relié par des rubans de soie rouge et d’origine monastique qui partaient des quatre murs, tous marqués de divers dogmes Shintô.
Pour le dirigeant du château, convaincu de sa foi, il était nécessaire de sceller cette créature en l’enfermant à jamais par ce rite (qui n’avait d’efficacité que le nom car le véritable sceau n’était que celui des Tengus, mais cela, Yoshiaki l’ignorait).

Ainsi, la marionnette à la peau basanée avait été faite prisonnier. Le jour ne l'eut plus atteint. Tel une lame ancienne que l’on avait rangée dans un précieux coffre doré en ornement princier, il était le fauve qui attendait patiemment le prochain ordre qui lui serait donné. Le regard à la fois vague et ensorcelé.

C’était en envahissant les rues de la ville qu’un homme fort étrange et son clan eurent pris d’assaut la forteresse, une présence nouvelle qui obtint par la force la grande bâtisse du Shogun.
La raison pour laquelle Yoshiaki hésita, pendant l’occupation de cet étranger, à libérer la créature.
Mais le souvenir de son regard aussi jaune que celui d’une créature maudite, le plongea dans l’effroi. Jamais cette bête ne devait sortir. Il en faisait le serment, priant chaque nuitée à la lune pour que le japon soit préservé de cette folie.
Un serment prononcé en vain

Quelques années après avoir tenté de repousser les armées de l’envahisseur, le dirigeant expérimenté ouvrait une dernière fois la faste prison du dragon ébène. Les fils rougeoyants habillaient la stature du plus grand, emplissant les alentours d’une atmosphère à la fois mythique et lugubre.
Le silence était angoissant au point où, lorsque l’humain aux cheveux bruns et à la coiffure traditionnelle posa un pied dans l’endroit, il se retrouva mortifié devant les iris du titan écailleux sous sa forme humanoïde. Tant et si bien qu’il recula de quelques pas avant de trébucher, tremblant devant cette vision horrifique. Son seul réflexe fut de fermer immédiatement la porte avant de s’y accoler en respirant lentement. Il ne pourrait faire usage de ce diable. Il y perdrait son âme.
Là était son erreur : Yoshiaki était bien trop faible face à l’armée de son adversaire. Jamais il ne revint au château dont il fut destitué. Tandis qu’ailleurs, un des vassaux du Shogun, après une année au service des étrangers, le trahissait pour guider les silhouettes jusqu’à un lieu dont ils ignoraient tout.
Une entrée scellée de nombreux tissus similaires aux Ofudas : elle témoignait de la volonté de son propriétaire, celle de protéger le monde de cette porte.

Peut-être que la chose qui dormait là avait le pouvoir de tout détruire. C’était une hypothèse, mais Oda Nobunaga n’en était point effrayé. Il ouvrit cette porte, quoiqu’un poil transpirant pour assister à une vue extraordinaire.

- Il s’agit d’un présent fort ancien des Tengus sir. Le dragon Orochi. Ils m’ont fait part de leur volonté de vous le léguer, faites en bon usage.

Déclarait l’humain au service du plus grand qui avait ouvert la porte. Lui qui avait écarquillé les yeux avant de confronter son regard à celui de la bête millénaire. Ce n’était donc pas qu’une légende. Orochi existait réellement. Les dragons existaient réellement ! Cela remettait tout en perspective.
Néanmoins, aussi choquant et effrayant que cela puisse paraître… Le visage de Nobunaga, de ses cheveux et de sa carrure débraillée, grimaça rapidement pour se muer en de profondes esclaffades tonitruantes.

- Et vous voulez que j’en fasse bon usage ?! HA, décidément, ces Tengus recèlent de surprises dérangeantes.

Riait de plus belle le barbu mal rasé en détaillant la silhouette du surnaturel aux tatouages marqués. Il était attaché avec une rare précision, de quoi faire pâlir les têtes de ses suivants, mais lui s’en amusait toujours.
C’était plus fort que lui. Les idées saugrenues lui remplissaient la tête. Comment ne pas rire en sachant que la célèbre figure venait d’acquérir un atout considérable dans la guerre des seigneurs ? C’était bien trop fendant pour un homme comme lui, bien trop fantasque.
Après tout, il savait à quel point, ce qu’il tenait au creux de sa main, allait bouleverser l’avenir des batailles qu’il mènerait.
Il lui tardait de voir ce que ce monstre bronzé pouvait accomplir et comment l’utiliser de diverses façons dans ses stratégies. Tant de possibilités, tant de choses à accomplir.

- Vous pouvez être sûr que ce cadeau ne sera pas oublié.

Termina le samouraï après avoir arrêté d’en rire, un sourire mauvais s’étant tracé à la commissure de ses lèvres.
Kana ne verrait pas encore la fin de ces sanglantes échauffourées…

ENCART HRP : aller aller, dépêchons, direction en bas pour l'histoire 4 !

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Oorichikana
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Mer 28 Avr 2021 - 14:34

Parfois quand on veut oublier, eh ben on oublie - Oorichikana Uova

Oorichikana



Histoire Suite 4


Oh que non, pas entre les mains d’un fin tacticien comme Nobunaga qui ne se priva aucunement de l’avantage d’avoir le contrôle total sur Orochi. Ce pourquoi il libéra le reptile des chaînes de sa prison. La suite n’étant qu’une succession meurtrière, d’un être vivant à qui on ordonnait de raser des armées.
Entre cela et la possession des arquebuses de son nouveau maître, Kana participa activement en usant de ses dons plasmatiques pour décimer dans la souffrance d’un bruissement assourdissant soldats après soldats. Positionné derrière les fortifications en bois du camp du vieux fou, le lézard n’eut qu’à tirer et cracher encore et encore ses boules d’énergie d’une puissance impressionnante depuis la plaine d’un château pour détruire cavaliers et troupiers tandis que les humains les terminaient avec des lances.

D’autres combats furent plus brutaux : il suffisait de positionner le titan noir au milieu du plateau pour enclencher une première phase, disperser les troupes en leur centre et les accueillir par les flancs. Le tonnerre des armes rugissait tout comme le dragon de la guerre, ce qui jouait sur la terreur de leurs effectifs, la meilleure stratégie pour désorganiser les hommes du camp opposé. Et les victoires se faisaient nombreuses.
Même la mort de son maître Nobunaga ne changea pas la donne, bien au contraire, ses successeurs, aussi ambitieux que lui, l’utilisèrent dans l’unification du japon et ce, jusqu’à ce que ce soit l’un des anciens vassaux de Toyotomi, Ishida Mitsunari qui prenne le contrôle de la bête sous l’impulsion des Tengus qui s’étaient rangés du côté des Shimazu, eux-même ayant été contraint d’obéir au capitaine de l’Ouest.

Ce n’était que partie remise…
Les conflits n’avaient de fin que les troupes des armées de l’Ouest menées par Ishida et celles de l’Est se rapprochant de leurs adversaires par la partie centrale de l’archipel.
Entre les sièges et les nombreuses confrontations, les armées de chacun des deux camps s’étaient agrandies au fil des mois tandis que le camp d’Ishida prenait une dernière place forte qui lui fit perdre du temps précieux pour la bataille à venir.

La raison en était simple, les forteresses des humains japonais avaient toujours été difficilement prenables, tout comme le cortège de guerriers et de servants qui faisait se déplacer Orochi avait pris du retard pour arriver suite à quelques échauffourées. Sans doute ce qui irrita le prétendant Shogun qui comptait bien faire signifier aux hommes responsables la valeur de cet acte.
Effectivement, les bipèdes, qui soulevaient ce norimono (sorte de palanquin) très sobre et presque dénué d’ouvertures, ignoraient que cette prison de bois portable abritait un vieux mythique enchaîné aux quatre coins de la logette.
Dans une position qui lui forçait d’être à genoux, ses bras étaient aussi strictement attachés derrière son dos, comme s’il avait encore été enfermé au sein du château alors que ses yeux étaient recouverts d’un bandeau aux nuances vertes du clan Shimazu bien que le bois qui recouvrait la structure transportable avait été décoré des couleurs du clan Ishida, cela pour plaire au chef de la coalition qui était, bien sûr, de ce même clan.

Cela rendait particulièrement curieux le groupe qui guidait cette prison solide à travers les sentiers. Elle était d’ailleurs gardée par des samouraïs à cheval (certains assez haut placé pour savoir ce que contenait le norimono) et plusieurs fantassins qui les encerclaient d’avant en arrière : de quoi rendre les paysans des alentours suspicieux du contenu de ce palanquin bien qu’il valait mieux faire profil bas pour cette partie de la population en cette époque troublée…

Quand la garnison de soldats qui transportait le monstrueux esclave fut finalement arrivée au château de Fushimi, au sud de Kyoto, il était déjà trop tard : le leader avait déjà perdu une unité et ce fameux temps. Lui et ses effectifs emmenèrent donc le reptile millénaire dans une longue marche. Les hommes armés pouvaient entendre le bruit de leurs sandales contre les sédiments des routes sèches de l’automne où la météo humidifiée n’annonçait rien de bon pour l’avenir. Les avancées militaires eurent toujours été éprouvante, ce n’était pas une nouveauté, mais elles avaient cet attrait impressionnant pour les surnaturels qui pouvaient observer cet évènement sinistre qui n’était que le clairon sonnant les prémices des effusions de sang. Près de quatre-vingt mille humains qui traçaient leur chemin de concert dans un bruissement effrayant. Qu’y avait-il de plus funeste que cette symphonie qui se dispersait à l’entrée d’une plaine ?

L’armée remplie d’infanterie et de nombreux généraux, en sachant l’endroit si peu favorable pour l'offensive, fut contrainte de faire demi-tour pour rejoindre une vallée plus à l’Est. Une décision de leur supérieur qui fut plus que lucide même si elle forçait sur les muscles des jambes de la cohorte. Enfin, l’armée d’Ishida n’était pas la seule, leurs opposants les poursuivaient depuis que les deux camps n’étaient qu’à une lieue l’un de l’autre.

L’heure sinistre sifflait. Les pas s’arrêtaient sous la brume dense où il était impossible de voir plus loin que son nez, rendant complexe l’identification de leurs ennemis, mais, malgré cela, les unités s’organisaient en rangées finement calculées. La vallée qu’avait choisie Ishida pour encercler Tokugawa était parfaite. Il dominait en position tactique les effectifs de l’Est. Un plaisir de plus pour tous ceux présents dans cette glorification de la violence bien que le temps lui était peu favorable.

La bataille de Sekigahara pouvait commencer.

La buée avait empêché toute tentative à l’aube, mais lorsqu’elle se dissipa en pleine matinée. Plus un bruit.
Les animaux avaient-ils fui ? Les surnaturels avaient-ils pressenti l’émergence de ce torrent virulent ? Il n’y avait que les tremblements de terre, comme un tonnerre latent qui hurlaient à toute la vallée : la charge des diables rouges arrive.

Leurs équidés, tels des messagers de la mort, avaient inauguré les hostilités dans une surprise totale. Les déploiements de l’herbe boueuse et la traversée de la rivière dans les cris assourdissants des montures n’en furent que plus déroutants.
L’histoire ignorait cependant que la majorité de ces soldats étaient de féroces Onis aux pouvoirs dévastateurs avec à leur tête, un humain qui était censé jouer le rôle de leur commandant pour masquer la véritable meneuse de la charge : La cheffe suprême de ces surnaturels : Chiyo.
La ruade était si bestiale qu’elle écrasa avec facilité dans une marée rouge une première unité de lanciers humains terrorisés. Une lignée hurlante qui ne laissa aucune chance aux primates d’échapper à la mort.
Les non-surnaturels étaient peut être très nombreux, mais les démons sous les ordres du camp de l’Est n’avaient pas gagné cette réputation horrifique pour rien. Tant et si bien que cette manœuvre leur apporterait gloire et prestige pour avoir apporté le premier sang à la bataille alors que l’unité d’Oni, après leur percée dans les lignes ennemis, arrivait droit sur celles des Shimazu.

Néanmoins, les humanoïdes à cornes étaient loin de se douter que les premières défenses de cette faction, étaient non seulement très nombreuses en humains mais aussi, en grande partie constituées de Tengus. Après tout, ce n’était pas nouveau, les anges du vent avaient depuis longtemps fait alliance avec les homo-sapiens. Un présage de mauvais augure pour les cavaliers qui entrèrent en collision de plein fouet avec les forces combinées des Shimazu et des Tengus tandis que les unités de l’armée entière avaient commencé à s’affronter aux détours de ces espaces verts assombris par un matin très peu lumineux.

Tout à l’Est, loin de la confrontation, les servants entourés de soldats préparant les rares canons du seigneur Ishida avaient déposé le norimono à terre aussi doucement que possible dans une crainte certaine. Les domestiques savaient que les hommes aux armures les plus prestigieuses les observaient et que la moindre erreur pourrait leur coûter la vie. La sueur pouvait se voir sur les tempes d’une partie d’entre eux qui s’éloignèrent avec révérence une fois leur office accompli.
Pour ce capitaine loyal à Ishida, la mission qui lui avait été confiée était de haute importance. Libérer le monstre qui sommeillait au sein de cette prison de bois et lui faire cracher la lumière sur les ennemis de l’ancien vassal de Toyotomi Hideyoshi.
Rien de plus simple, si la peur n’était pas la source de cette déglutition sous le regard de ses soldats, aussi absorbés par ce bras qu’il tendait pour ouvrir la porte, qu’occupés à transporter les boulets jusqu'aux machines qui crachaient le feu et la destruction.
Le grincement significatif de cette ouverture ne permit cependant qu’à l’homme d’appréhender d’autant plus l’apparition de cette forme aux extrémités noires comme la nuit : des cornes de démon à la queue de dragon démentielle, cette créature ne pouvait être que celle qu’on lui avait décrite. Une bête infernale. Mais surtout une arme à qu’il ordonna de s’éveiller pour semer ses météores incandescents sur le champ de bataille après l’avoir détaché et avoir confronté son regard jaunâtre en même temps qu’il retirait le tissu qui couvrait ses globes oculaires.

À cette commande, la marionnette s’était animée, non pas pour révéler une conscience, mais pour se relever et s’avancer jusqu’à l’espace qui se trouvait entre deux canons pour activer lentement ses dons, le parant d’une aura plasmatique qui fit flotter ses cheveux au vent sans qu’il ne fixe de direction quelconque.
Ce qui suivit ne fut qu’un éblouissement si intense et une sonorité si cruelle couplée aux crissements des canons, que le capitaine ne put que frissonner en voyant depuis la colline les dégâts que ces tirs avaient engendrés.
Pour lui, le pouvoir de cet être démoniaque était redoutable, mais source d’épouvante quand il constatait au loin sur la plaine ces fosses brûlantes où aucun cadavres n’avaient pu s’effondrer : ce qui avait pu être dans ces cavités n’était plus. Les restes sépulcraux et les lambeaux de chair décoraient les rebords des cratères, tout simplement.

De l’autre côté, la guerre faisait rage, les unités de fantassins Tokugawa chargeaient les unes après les autres sur celles d’Ishida avant que les cavaliers ne s’en mêlent dans une valse d’échanges à l’arme blanche.
Fer contre armure, arme contre peau et piétinements de guerriers tombés au combat étaient la cacophonie qui secouait les hommes dans les résidus mouillés de la poussière : elle leur collait aux vêtements dans une odeur nauséabonde. La détermination du samouraï pouvait se lire dans les iris de ces humains aux origines modestes qui ne faisaient que servir leur seigneur dans l’espoir de se démarquer, ou de rester en vie pour apporter la gloire à leur clan ou leur famille.

Mais la violence reste la violence. Insidieuse, tyrannique, elle séparait les soldats pour les muer dans cette catastrophe de blessures sanguinolentes, là où, d’autres troupes adverses fonçaient encore et toujours pour rejoindre les hostilités cantonnées à un statu quo.

Plus au Sud, la belle violette s’était jetée sur le champ de bataille, abandonnant les chevaux avant ses compagnons pour rejoindre à une vitesse éclair les humains en armures qui se dirigeaient vers elle et les siens dans des hurlements à vous glacer le sang. La course mortelle de la créature aux cornes écarlates avait eu cette prestance caractéristique tandis qu’à chaque mètre une coupe nette était effectuée à chaque guerrier croisé. À un humain qui levait son sabre depuis le haut, elle lui répondait en glissant son katana sur son flanc, interrompant l’action de son vis à vis dans une gerbe d’hémoglobine avant de reprendre son parcours. À un autre qui tenait son arme de fer à l'horizontal afin de se préparer au contact ? La jeune femme armurée de rouge bondissait sur la lame qui retombait sur le sol gluant, influencée par le poids de l’Oni qui redirigeait ses bras en diagonale pour fendre le crâne de son assaillant. Assaillant qu’elle utilisa ensuite comme tremplin afin d'atterrir plus loin dans une tranche circulaire repoussant plusieurs mètres en arrière la moitié du torse des trois pauvres malheureux qui eurent osé se presser à sa rencontre. Et quand elle secoua brièvement le bout de métal recouvert de sang entre ses doigts, notre Chiyo sentit tout à coup une brise rapide qui lui fit redresser son épée. Un réflexe qui lui fut salvateur lorsqu’elle ouvrit les yeux pour reconnaître un Tengu aux cheveux longs et au sourire tendre. Tous les deux, lame contre lame, la cheffe des surnaturels à cornes réalisait qu’un autre qu’elle aurait sûrement relâché son attention, et en serait mort. Une révélation si soudaine qu’elle fut confrontée à cette vision étourdissante : Des Tengus fonçaient à pleine vitesse, accompagnés de primates et usant de leur dons pour contre-attaquer les forces de la guerrière.

Cette vue si déroutante n’eût que la bonté d’offrir une scène des plus déchirante pour Chiyo : des Tengus transperçant de pleins fouets des Onis, Onis dont les corps s’arrêtaient un instant, déployant tout le pourpre liquide autour de leur blessure avant de se laisser tomber, sans vie.
Ces surnaturels plumeux avaient osé mettre fin à la vie de plusieurs des siens.

Ce ne fut là le glas que d’une confrontation plus désolante… plus… assassine.

Si l’Oni devait craindre une chose, c’était le plan de Toyohisa Shimazu : l’humain le plus redoutable qu’elle avait sûrement pu voir. Capable de tuer une une dizaine d’humains et d’Onis. Le démon de Shimazu qui, en sachant que la victoire était une cause perdue pour les Ishida car il se sentait que les Kobayakawa juste à côté d’eux les trahirait, eût pour plan de forcer les Tengus à invoquer Orochi de leur côté pour détruire l’ennemi et permettre à son maître, son oncle et seigneur des Shimazu, de fuir la bataille de Sekigahara.

Ce plan n’aurait su tarder à se concrétiser…

Au moment où Ishida invoqua son unité d’arquebusier pour défendre son camp des arquebusiers opposés, le dirigeant du camp de l’Ouest, ayant le pouvoir accordé par les Tengus, eut ordonné de faire venir le dragon. Une tactique qui aurait repoussé et surtout, dissuadé les prochaines tentatives de son adversaire d’envoyer du renfort.
C’était pourquoi le dragon s’était retrouvé à courir avec ces hommes et leurs armes à feu qui tiraient en compagnie du dragon vers les humains d’en face.
Là où les combattants de l’Est glapissaient en terminant leur vie dans des déflagrations de plasma et les tirs éclatant des manieur aux bâtons de mort, l’unité aux armes à feu de l'Ouest rugissait d’exaltation en poursuivant leur allure afin d’en finir : là étaient les ordres du dirigeant de l’armée.
Seulement, au lieu de suivre les troupes, une étincelle fit changer le cap du lézard de jais.

Cette étincelle, n’était autre que la magie des Tengus qui avait ordonné à l’esclave de les rejoindre pour lutter contre les Onis dont leur cheffe était particulièrement retors. Et surtout, de servir de chair à canon pour protéger un seigneur humain bon gré mal gré.
Ce que Toyohisa Shimazu savait parfaitement, instigateur de cette méthode qui le fit rire aux éclats quand Chiyo perça le cœur du monstre humain qui se vidait encore et toujours de son sang dans une quantité affolante.

- Ne t’y crois pas trop Oni, c’est moi qui aurait ta tête !

Hurla-t-il avec sourire et folie au visage, lui qui avait fait fuir les rares troupes humaines qui étaient censé couvrir les Onis de part la dangerosité du démon Shimazu.
Un effondrement prévisible après des dernières paroles aussi étranges qui laissèrent planer le doute…
Jamais la silhouette noirâtre, marchant lentement derrière le corps de Toyohisa qui venait de se pencher vers l’avant sous le contrecoup de ses blessures, n’eût été si effrayante.

Ce n’était pas n’importe quelle silhouette… mais celle d’un homme que la cheffe suprême avait connu étant enfant.
Celle de son père se déplaçant, un pied après l’autre dans le cliquetis de l’armure dont le capitaine Ishida l’avait habillé.
La garde d’un katana à la main, on pouvait déceler les parties non protégées de son corps qui laissaient entrapercevoir des tatouages rouges phosphorescents semblants recouvrir tout son corps et même ses tempes. De même que ses cheveux brillaient d’une teinte argentée malgré ses cornes aux ramifications noires et le gigantesque appendice sombre qui lui servait d’extension de sa colonne vertébrale.
Et comme appui sur son visage, les iris dorés et luisants d’une bête sans volonté. Une bête entourée de son aura cauchemardesque de créature millénaire ainsi que celle de son plasma qui lui servait de bouclier corporel alors qu’une boule se formait autour de lui.
Elle se forma en un dragon d’énergie qui fila à une vitesse irréelle pour former un trou en lieu et place de la tête d’un Oni mâle juste à gauche de la femme au regard de prune.

D’un geste leste, la dirigeante du peuple cornu retira sa mordante du corps du piètre humain. De son regard améthyste, elle examina les traits du reptile. Il arborait toujours cette expression à la fois insensible et enivrée d’obéissance. La chose en face d'elle n’était guère plus qu’un outil créé par les Tengus, et pourtant, il restait son regretté père.
Pouvait-elle se remémorer ce temps jadis où le vénérable ancien lui souriait tendrement avec affection ? C’était le même visage, la même stature qui ne lui souriait plus. Son parent existait-il encore à l’intérieur de cette coquille ? Peut-être l’espérait-elle tandis que sa famille proche détaillait à son tour le dangereux animal.

- Mère, ça ne serait pas…?

- Si c’est bien lui…

Répliqua à son fils, la femme à la crinière violacée qui fixait Kana. Ces mots étaient bien plus profonds qu’on ne pouvait le penser. Bien plus tragique. Des émotions que sa fille, à sa droite, ne put comprendre, elle qui n’avait jamais fait la rencontre du dragon noir jusqu’à aujourd’hui.

- De qui parlez-vous ?

Demandait la plus jeune, en proie à cet abîme. Qui était-il pour sa mère pour qu’elle fasse montre d’un masque aussi troublé ?
Cette question n’avait fait qu’enfoncer le couteau dans une plaie béante de l’Oni qui vouait une haine épouvantable envers les responsables de cet ignominie. Sûrement qu’au plus profond d’elle, elle se disait qu’elle n’en était pas la seule à en souffrir. Faire de ce fier et majestueux mythique un objet aux grés et convenances d’êtres aussi abjects était écœurant. Si bien qu’elle eût voulu tout détruire autour d’elle en resserrant sa poigne sur le tressage de son katana.

- Ton grand-père Kaori, le Surnaturel devant toi est ton grand-père.

Fit la cheffe en guise d’explication, sa voix contenant ce sentiment répugnant qui s’emparait d’elle avant qu’elle n’eut entamé d’autres paroles pour ordonner aux Onis et à ses précieux enfants de reculer.
En s’exécutant, il ne resta plus qu’elle et sa moitié faisant face aux restes de son paternel qui continuait sa marche funèbre, ses tirs fondants à travers la foule qui fuyait. Des tentatives que Chiyo stoppa en se concentrant afin de détruire les projectiles au cours de leur lancée.
Seulement, son père se faisait de plus en plus proche : elle ne pouvait pas se permettre de rester immobile ou bien c’était elle qui en mourrait.
Pourquoi fallait-il que leur mémoire commune soit aussi mélancolique. Aller l’affronter signifiait risquer sa vie, mais surtout risquer de mettre fin à celle de cette personne qu’elle aimait.

La mère Oni s’était immobilisée, les iris plantés à la vue du monstre qui avait été ce titan noirâtre qui la transportait autrefois. Cela, Ryuhei, son mari, le vit en serrant les dents. Sa femme allait être tuée s’il n’agissait pas. C’était la raison qui l’avait fait tourner vers le doyen.
Cet homme, il l’avait connu lui aussi. C’était désormais l’un des rares dragons à être aussi âgé et encore en vie sur cette terre et il devait y mettre fin.
Le dragon blanc ne devait pas se laisser aller aux émotions, il devait rester fort et ravaler ses regrets tandis que d’une poussée, il bondissait pour atteindre Oorichikana sous le regard sûrement effaré de la violette.

Katana tout dehors, ses deux mains l’empoignèrent avec force pour l’abattre sur la bête mais, celle-ci plus vive et plus puissante que Ryu, stoppa l’initiative en repoussant le fer du lézard immaculé sur le côté droit, cela avant de le repousser d’une pression violente du pied sur son estomac. Un coup mêlé au brûlant de l’aura plasmatique de son opposant qui fit cracher l’amoureux s’affaissant sur la gadoue salissante.
Le reptile contrôlé, depuis sa position dominante, n’eût qu’à faire riper le sabre qu’il tenait fermement jusqu’à l’introduire aux environs de son abdomen. Un bruit crépitant et bouillonnant où l’humanoïde aux cornes blanches eût l’instinct d’attraper le coupant de l’arme afin de retenir son avancée malgré la température considérable que l’objet émettait par l’action du surnaturel.

Ryuhei était en danger, une salive filandreuse et cuivrée s’écoulait de sa bouche tout comme ses traits se crispaient de douleur tant ses mains lui procuraient une sensation insupportable. À tout moment, il risquait de lâcher et de se laisser transpercer d’avant en arrière.
Cette scène, Chiyo y avait assisté malgré son déchirement interne. La mort imminente de son mari lui donna l’élan pour atteindre au contact son père. Kana était bien trop fort pour le dragon blanc, seul, il n’avait aucune chance. La fille du lézard noir le savait : elle tenait autant à lui qu’à sa moitié auquel elle avait porté secours en entamant de frapper le côté droit de son paternel.

Inutile, le plus vieux avait arrêté l’attaque de l’Oni en faisant usage de son gantelet armuré alors qu’il fermait le poing quand il frappait avec la force et le plasma qui lui était propre, la joue de la violette afin de la dégager.
Enfin, cela ne fut pas si futile, au bout du compte, utiliser un bras pour bloquer une lame avait permis à Ryu, bien qu’il fut terrorisé de voir sa bien-aimée rejetée, de retirer la lame dans un hurlement, s’extirpant au passage et profitant de la distraction engendrée pour blesser à son tour le monstre Orochi à la jambe.
À quelques pas de là, la belle s’était gracieusement rattrapé grâce au tronc d’un arbre malgré la pression sur sa mâchoire qui était très désagréable. Ce qui l’inquiétait plus, était de voir son parent émettre une aura énergétique si puissante que son mari en lâcha son arme. Mais, ce n’était pas ce qui menaçait Ryu… Ce fut plus la vue d’un Kana attrapant le souffrant mythique immaculé par la gorge qui fut incapable de pousser le moindre son à cause du plasma irradiant le corps et l’armure de l’ancien sombre.

Peut-être que Chiyo eût lâché une larme, peut-être pas. Elle ne voulait sûrement pas voir son père broyer le cou de l’être qu’elle aimait. Non, elle s'apprêtait plutôt à utiliser le bois comme appui afin de rejoindre de nouveau la mêlée même si les iris brillants de la marionnette se tournèrent plutôt vers elle alors qu’il étouffait et brûlait toujours Ryu.
Curieux. Sûrement. Et plus choquant quand le mâle agrippa de ses griffes sa prise pour la muer en projectile vivant, de quoi atteindre la belle qui ne manquait néanmoins pas de ressources.
Il était vrai que son paternel possédait une force d’éléphant, ce pourquoi elle sauta vers son mari pour compenser la vitesse du lancé, l’attrapant dans ce même processus et le reposant plus loin.

Qu’aurait-elle fait s' il avait vraiment atteint l’arbre ? En fonçant ainsi, Ryu aurait certainement brisé le végétal sur son passage, et son squelette avec. Rien ne semblait s’arranger.
La femme frotta sa joue et observa l’humanoïde luisant qui, cette fois-ci, fonça, explosant une partie du sol à cause de cette fameuse force alors que Chiyo poussait Ryu pour bloquer son père.
Ryuhei, bien qu’affaibli par ces traitements, refusait de laisser la cornue à ce démon et la protégea à son tour.

Une suite d’échanges où le fer parlait encore et encore. Un combat qui n'avait aucun sens. Il était vain. Éprouvant et surtout, effroyable.
Chiyo avait beau réussir à lutter en ayant fait saigner la peau du dragon en divers points après avoir reçu moult blessures, Ryu lui, parvenait à peine à suivre le rythme quand Kana fit passer le fer coupant dans une tranche diagonale sur le torse du blanc.
Un acte qui ne passa pas outre le regard de la cheffe où son mari, au sol et recouvert de la terre mouillée, cela avec la transpiration, respirait difficilement.

Elle répliqua à son tour avec la rage au visage avant d’être surprise par son geste. Elle venait de creuser un trou dans la poitrine du dragon avec son katana dont le creux commença progressivement à se vider du liquide rouge.

Ce n’était pas étonnant de voir le mâle reculer de quelques pas, non, ce qui l’était plus, c’était d’apercevoir une pointe de lucidité dans ses iris légèrement moins lumineux pendant un quart de secondes…

- Chiyo


En ayant ce réveil abrupt, je ne souhaitais qu’une chose, qu’elle me tue avant que je ne reparte de nouveau.


Et pourtant, ces paroles n’avaient fait que paralyser l’Oni qui avait entendu les mots de son père. Il était encore là. Malgré toute la tristesse d’avoir pu croire en l’hypothèse inverse. Kana existait toujours. Était-il possible de le ramener ? Il fallait à tout prix l’éloigner d’ici lui et Ryuhei ! Qu’importe la situation !
Rien ne pouvait encore rassembler cette famille quand la trahison des Kobayakawa signa l’arrêt total de l’implication dans la bataille pour les Tengus des environs qui avaient compris pour Oorochi, un fait qui fit briller les marques rougeoyantes du dragon avec une telle puissance qu’il perdit de nouveau conscience.

Les anges s’interposèrent dans une tornade groupée afin de réquisitionner leur possession, forçant Chiyo à choisir entre rejoindre son père ou emporter son mari avant qu’on ne lui porte le coup fatal. Elle n’avait pas le choix, les emplumés arrivés à la rescousse possédaient nombre de membres âgés encore en vie dont l’un d’eux, Susanoo, sourit en regardant la mère Oni.

- Une fois de plus, Susanoo et ses compagnons vinrent sauver le Japon du terrible Oorochi. Qu’en pensez-vous ma chère ?

Répondit-il calmement en enjoignant un des Tengus de ligoter les bras d’un Oorichikana sanguinolent dont le visage était tourné vers la belle, mais cette fois-ci, sans cette lueur d’espoir qu’elle avait pu apercevoir, une conséquence si accablante que la fille du dragon dévisagea le surnaturel aux ailes gigantesques.

- Je dirais que vous devriez apprendre à être humble. Les choses ne durent jamais éternellement, il finit toujours par y avoir une régression vers la moyenne. Un jour votre tour viendra et ce jour-là, j'espère que ce sera très douloureux.

Piqua-t-elle au faux kami, revancharde dans l’âme. Une pique qui fit hausser un sourcil et un air défiant à son acolyte qui ne lui accorda pas une seconde de sérieux.

- Nous verrons cela.

Ajouta-t-il lorsqu’il dirigea ses yeux vers les siens et ce, avant que les anges de vent n’entament leur retraite avec le tatoué qui se retournait pour suivre ses ravisseurs, abandonnant Chiyo qui ne pourrait voir que son père disparaître dans la forêt.

Y-avait-il une justice à cette vision tragique ? Le temps en déciderait… à sa manière...

Kana avait beau avoir eu ce pseudo-éveil, il n’en restait pas moins la possession des humains à travers les créatures du vent qui avaient voué allégeance aux Satsuma. Et leur choix aurait été parfaitement judicieux. Si la nature humaine n’était pas si belliqueuse…

Pour résumer, stratégiquement, le clan vivait très loin du centre de l’archipel, plus précisément le Kyushu : des terres tropicales aux nombreuses source chaudes, sans compter les projets des dirigeants Satsuma qui s’étaient plus ou moins alliés aux Tokugawa après la bataille car ces derniers restaient incapables d’envahir la région, en partie grâce à l’acquisition d’Orochi. Nous revenions à ce que la bête connaissait, les liens et l’enfermement quand un bateau eut confiné le basané dans une cale pour rapatrier leur possession jusqu’à Kagoshima.

Le daimyô des lieux allait-il faire prisonnier à jamais le monstre écailleux ? Pfeuh, pensiez-vous ? Cet être n’était que de l’or entre les doigts. Il serait utilisé pour conquérir le territoire entier du Kyushu et d’Okinawa pour que Satsuma puisse en avoir la suprématie. Les carnages et la terreur reprirent par ce biais, mais loin de Kyoto, et loin des Onis… Loin de sa petite Chiyo.

Yoshihiro, chef des Shimazu, n’eût aucune hésitation pour forcer Kana à cracher le plasma pendant les nombreuses échauffourées qui lui permirent d’engranger en gloire et territoire. Il lui fallait toujours plus. Tout comme une sensation se renforçait à mesure de ses conquêtes et des années…
Le dragon avait-il déjà appartenu aux humains ?

Après tout, lors de la bataille de Sekigahara, ce sont bien les Tengus qui avaient forcé l’ancien écailleux à trahir Ishida, ce que les anges pouvaient très bien recommencer n’est-ce pas ? À qui allait leur loyauté ? Aux humains ? Ha ! Le Daimyo n’était point dupe.
Il fallait toujours se ranger aux côtés de ceux qui garantissaient leur survie : les Satsuma n’était donc qu’un clan humain parmi tant d’autres tandis que pour les humains de Satsuma, les Tengus n’étaient que des emplumés à leur service qui pouvaient retourner leur veste du jour au lendemain.

Autant dire qu’Orochi pouvait échapper à leur contrôle le jour où cela devait arriver…
La solution était donc toute trouvée.
Pour obtenir un contrôle total sur le dragon des légendes, il fallait se passer de l’influence magique de ces surnaturels. Ce qui aurait pu être une bonne idée, se mua en plan méticuleusement ficelé où l’ironie attendait les Tengus.

À vouloir jouer sur tous les tableaux et en s’attirant les faveurs des humains pour détruire l’influence des autres surnaturels, les Tengus avaient provoqué leur propre perte.
Une douche froide pour les créatures ailées dont l’attaque de samouraï fit des ravages.
Entre leur village brûlé et les leurs massacrés en nombre. Une grande partie de ce qu’avait été le cercle de Susanoo disparut dans les flammes et le sang.

Comment Oorichikana le savait ? C’était cette nuit de hurlements Tengus qui avaient fait changer le tatouage du mythique dont l’esprit se ravivait lentement. Telle une bougie dans l’obscurité qui éclairait petit à petit ses pensées.
Le tatouage bouillonnait, lui faisant extérioriser cette souffrance distinctive au sein du château de Kagoshima : une bête faisait résonner tout le bâtiment alors que des tremblements de terre réveillaient le pays dans un cataclysme soudain.

Le dragon noir venait d’être libéré de ses chaînes rougeoyantes dont il gardera les stigmates jusqu’au restant de ses jours et pourtant, le titan, gigantesque, s’était immédiatement manifesté. Formant un trou béant dans la forteresse japonaise dans laquelle les débris étaient retombés sur ses occupants, le reptile vit les cris des villageois qui furent horrifiés par l’apparition. Quoi de plus familier pour Kana qui avait mémorisé l’enfer des combats à travers sa vie d’ancien esclave mais, plus rien n’avait d’importance. La douleur était peut-être encore vive, néanmoins...


J’étais libre.


Libre de prendre son envol. Le légendaire écailleux aux vingt milles années avait émis cette poussée salvatrice qu’il n’avait plus ressenti depuis plus d’un millénaire. Une brise si agréable dès les premiers battements d’ailes que ce fut comme si Kana était encore plongé dans un rêve inconscient.
Impossible d’y voir aussi loin pour d’autres animaux à travers les cieux vu le noir proéminent du tableau étoilé alors que la massive forme allongée disparaissait en flottant dans l’obscurité.

En cette soirée, un peintre du Kyushu avait pu admirer le spectacle rarissime du serpent de la nuit et aux yeux d’or, une œuvre d’une telle beauté qu’elle figura longtemps dans le palais impérial.
Pour les autres surnaturels ayant assisté à la majestueuse glissade, il était difficile de savoir qui était derrière cette apparition. Ce pourquoi, les rumeurs d’un dragon noir apportant la prospérité sur son chemin apparurent aux quatre coins du Japon, jusqu’aux oreilles des Onis.


J’étais parti. Loin du Japon.


Toujours plus loin, toujours plus haut. Après toute cette attente. Cette captivité désespérément longue, Kana avait bien changé. Il s’était perdu lui-même dans ses souvenirs et ses moments inconscients qui revenaient par bribes.
Depuis que les siens avaient péri à Izumo, qui était-il ? Qu’était-il de plus que le père ayant provoqué la chute de son peuple ?

Ces pensées n’avaient aucune direction. Elles ne firent qu’entraîner le reptile si loin, qu’il ne reconnut plus aucun des paysages bordant les terres qu’il avait atteint jusqu’à ce qu’un jour, le mâle décide de se poser pour reprendre forme humanoïde.
C’était à cette époque que le vendeur de masque lui avait vendu ses services et que notre basané se fonda parmi la masse humaine qui vivait une croissance sans fin.

Ainsi, il erra, des années, que dis-je, des dizaines d’années à travers l’Asie puis l’Europe et sa période d’instabilité. Guerre, maladie, famine. Il y avait des choses qui ne changeaient jamais malgré les différences majeures existant entre les cultures occidentales et orientales.
Cela ne fit qu’inciter Oorichikana à se mêler à la foule, éternellement drapé derrière des bures cachant son visage et sa tête. Il n’existait pas dans le monde humain, il n’était qu’une ombre nomade qui découvrait les nombreuses vues et relief des civilisations et de la nature.
Il n’y eût cependant que peu de chance de discrétion vis-à-vis des surnaturels qu’il faisait fuir de par son aura si dangereuse. Si terrifiante…

Peut-être que le cœur du dragon était en proie à une vaine recherche ? Une quête de sens où un esprit brisé cherchait la rédemption pour toutes ses fautes passées ? Que ressent-on quand on ne possède plus rien ? Seulement ces souvenirs douloureux à revisiter au milieu de la nuit ? La réponse ne lui sera sûrement jamais donnée.
Il n’était point guidé par un quelconque sens religieux mais par son instinct. Entre les routes, les villages de campagne et les grandes villes en essor, atterrir dans un bateau à l’odeur aussi infect n’était qu’une découverte de plus pour l’ancien.

Certains humains furent curieux de cet homme, couvert de tissus, on y décrivait là un religieux devant s’adonner à un long pèlerinage ou bien un étranger qui découvrait leur pays. Ce n’était qu’une silhouette de passage qui pouvait éveiller l’intérêt de ses acolytes.
Tout comme un petit garçon, eût interpellé un jour l’ombre brune du dragon une fois qu’il sortit du navire arrivé à bon port.
L’attrapant par le bas de sa cape pour lui poser tout un tas de questions innocentes. Là où le plus vieux s’agenouilla pour lui répondre et lui apposer une main réconfortante.

- Si c’est là ton désir, tu y parviendras.

Avait-il répondu au plus juvénile qui souriait d’excitation tandis qu’il s’éloignait en secouant la main à l’étranger, en signe d’adieu.

- Merci monsieur Ricci !

Et la carrure fluette du gamin disparaissait derrière les nombreuses autres des adultes passant à droite et à gauche au sortir des magnifiques structure de bois flottant sur l’eau.

Des noms, il dû en utiliser souvent, mais c’était bien la première fois qu’on le prenait pour un italien débarquant sur les terres du nouveau monde. Intéressant, ou pratique. Cela ne changeait pas grand-chose à l’épopée qui l’attendait : un continent aussi grand que ne l’était l'Asie. Autant de terres à parcourir que de plaines encore sauvages, restées pure de l’influence humaine.

Était-ce aussi simple ? Non, pas vraiment. L’être humain était rapide. Oorichikana n’eût pas le temps de réaliser qu’il s’étendait déjà à une vitesse folle et partout où il pouvait s’installer, il construisait et ratissait leurs alentours.

Encore et toujours, les temps changeaient sous son regard d’observateur éternel. Un quotidien en devenait un autre. Finalement, tout se renouvelait et se métamorphosait.
Et l’élément auquel personne ne s’attendait ne serait que le bronzé aux yeux d’or ayant pris d’affection la vue des montagnes faisant partie de ce que l’on appellerait plus tard, Mountain Village au sein du comté de San Miguel dans le Colorado.
Encore plus étonnant quand le dragon s’était mis à se fondre dans la communauté humaine.
Il était vrai qu’il n’avait été qu’un ermite des montagnes les premiers temps. Seulement, petit à petit, il avait appris à connaître les Hommes du coin, tout du moins, à une époque bien plus moderne qu’on ne l’aurait pensé.

Au début du 20ème siècle, il était connu dans ce village de montagne comme un garde forestier confiné dans les forêts alentour. Il venait rarement en ville mais, à force de rencontre et de discussion avec quelques habitants. Kana était devenu un “humain” à part entière aux yeux de ces derniers. Au point où il arrivait au titan noir de passer au Gurtch’s Pub, un établissement de vieux habitués de l’époque qui recélait une ambiance particulière.

- T’sais que le vieux Todd a encore posé son cul au mauvais endroit, il a failli crever en lâchant une Louise, t’y crois ça ?

D’une voix rauque, les vieux barbus riaient en attrapant leur chope pour y apporter un peu de ce nectar qu’ils appréciaient tant. Quant à notre surnaturel, d’une certaine façon, bien que les paroles de ces énergumènes étaient grasses, elles avaient… un côté reposant.
C’était surprenant de voir que le mythique appréciait ces environnements bruyants et très grossiers cependant, entendre autant d’histoires et d’anecdotes triviales de la part des clients s’étaient avérés une source de distraction et d’apaisement.

Des humains qui racontaient leurs soucis, aux amitiés de fin de soirée, les bars et les pubs regorgeaient de ces événements incongrus et ayant le pouvoir de faire oublier n’importe lequel de ses problèmes. Sans doute l’une des raisons qui avait fait aimer ces endroits au dragon qui buvait tranquillement son propre verre d’alcool en écoutant Dwayne raconter les déboires de son ami.

- Et toi Kana, t’es sûr d’être un niakoué ? Parfois avec Jeff on se pose la question.

Fit celui-ci, le visage complètement ailleurs en se tournant vers notre basané qui souffla à la fois las et à la fois distrait par cette question totalement en-dehors de propos. Ce pourquoi Kana, reposant son verre, pondéra la demande avant de se tourner vers le torché.

- Tu devrais surveiller ton nombre de verres, je n’ai pas envie d’avoir à te porter jusque ton pieux avec Jeff comme la dernière fois.

Et c’était peu dire. Il était incapable de marcher et s’était effondré à plusieurs reprises cette nuit-là. Un souvenir qui fit éclater de rire le concerné, comme si ce rappel n’était pas suffisamment clair.
Eh bien, il fallait reconnaître qu’il s’en tartinait allègrement l’entrejambe. Un classique. Ah et bien sûr, comme on pouvait le constater, le reptile s’était adapté au langage évoluant. À force de côtoyer les humains, c’était là une obligation pour vivre tranquillement.


Je m’y étais rapidement fait.


Les cuites, les insultes et l’oubli des mots châtiés. C’était habituel. Même si une chose venait toujours rappeler à notre lézard géant sa véritable nature lorsqu’il rencontrait des non-humains qui s’évanouissaient en osant ne serait-ce que le regarder.
Ces choses-là ne changeaient pas. L’atmosphère monstrueuse qui l’entourait se sentait au-delà de tout ce qu’il pouvait être, tout comme la terreur se lisait dans les regards de ceux qui pouvaient le voir.

Qu’importe aurait été la réponse logique, si ce choc n’avait pas eu lieu.
En ce temps, les divers pays s’étaient adonné à des guerres monstrueuses, il avait pu le voir depuis le téléviseur avec ses compagnons de boisson ou depuis les gros titres des journaux.
Il fut véridique que ces nouvelles étaient navrantes. De même que ces évènements étaient des boucheries bestiales dont le dragon avait tout fait pour s’en tenir à l’écart.

Il ne s’était pas attendu à ce souffle coupé en sentant toutes ces vies de congénères mourant dans des hurlements de terreur au moment où les américains eurent lancé leurs bombes destructrices sur le Japon.

- Hey, y t’arrives quoi mon gars, t’as bu la piquette de travers ?

Riait Jeff en tapant le dos du châtain qui avait appuyé un peu trop fort sur son verre, si bien qu’il se brisa entre ses doigts. Une pression telle qui surprit ses vis-à-vis qui le regardaient avec étonnement.

- C’est rien. L’alcool doit m’être monté à la tête, j'vais y aller, je te rembourserai ton verre Stanley.

Avoua-t-il en attrapant sa veste après s’être levé de son tabouret. C’était étrange de voir Kana s’en aller aussi abruptement.

- Hé Kana, tu vas pas t’en aller si tôt, il est bientôt 21h ?

- Je suis navré. Profitez bien de la soirée.

Termina l’étranger laissant les autres à leur buvette. Lui qui venait de sortir du Pub avec cette sensation encore bien fraîche dans sa tête. La mort, la souffrance et la peur.

Et si sa précieuse Chiyo et les siens avaient rendu leur dernier souffle depuis son pays ? Après toute cette absence, rien ne l’obligeait à revenir. C’était une vérité. Tout comme l’idée de les avoir déjà perdues depuis bien longtemps perdurait. Cependant, malgré tout…
Pouvait-il se permettre de fuir encore ? Après tout ce temps.


J’hésitais à revenir.


Qu’était-il pour les siens désormais ? Se devait-il d’affronter leur regard réprobateur ? …
Il le fallait. Qu’importe qu’il doive faire face à la haine et la colère de son peuple et de sa famille. Il restait encore cette affection qu’il leur portait.

Le départ du titan noir avait bien évidemment surpris tout le monde à Mountain Village. La petite communauté avait beau ne le connaître que via ces soirées au bar. À sa grande surprise, sa présence eût compté. Des humains qui regrettaient cette décision.
Cela lui rappelait une époque si ancienne… Si nostalgique. Un baume pour le reptile s’étant décidé à voyager jusqu’à l’archipel.

La fin de la guerre avait fait des ravages chez les japonais. Lui qui avait passé le reste de sa vie en-dehors des batailles et des conflits ou du moins, à tenter d’y échapper. Il savait ce que signifiait cette désolation.
Seulement, la vie réserve toujours des surprises. En particulier quand l’arbre de la baie de Tokyo se révélait à un Kana qui ne l’avait jamais visité.

Un choc pour les surnaturels qui virent entrer un congénère à l’aura si puissante que beaucoup d’entre eux furent affolés par cette nouvelle visite. Un autre, quand le père actuel fut au courant de l’entrée d’un lézard si ancien, que les leurs se précipitèrent à la rencontre de cette apparition soudaine.
Un dragon bien plus vieux que la créature qui gouvernait était en vie et s’était présenté à l’arbre. La nouvelle ébranla la communauté tandis qu’Oorichikana, croyant affronter la colère des siens, se voyait accueilli avec tous les égards et respect accordés aux chefs avant qu’on ne le mène jusqu’en haut de l’édifice spectaculaire.

Le véritable père était venu jusqu’à eux et pouvait enfin régner sur leur espèce, alors que son petit-fils et son gendre présentaient leurs respects au noiraud qui avait si longtemps disparu.

Oorichikana n’avait pu prédire cette scène aussi irréelle que décalée. Mais il ne pouvait plus fuir une fois le fait accompli.
Finalement, ses proches étaient en vie et le peuple avait survécu avant de rendre grâce à sa présence.
Était-il un père digne d’accepter tant de révérence ?
En ayant pris la décision de revenir, le dragon avait fait bien plus que de revoir ses terres, il avait gagné une responsabilité. Une responsabilité bien plus lourde qu’on ne pourrait le penser.

Avoir quitté Mountain Village était-il une bonne idée ? Peut-être, peut-être pas. Il s’avérait cependant qu’avec le temps, Kana préférait vivre tranquillement.

À notre époque, le basané était toujours le père dragon. À force, il s’était fait à cette idée. Tout comme il assumait ce rôle nécessaire pour les siens qui disparaissaient à mesure du temps.
Son seul divertissement à travers cette charge épuisante, fut de pouvoir quitter l’arbre de temps à autre pour gérer ce bar humain aux alentours de Tokyo, le seul endroit où des personnes pouvaient supporter sa présence sans ressentir cet oppressement, si tant est que l’on était un humain. Les vestiges de son expérience dans le Colorado étaient encore bien présents.

Fallait-il espérer que les temps restent ainsi ? Les absences du dirigeant ne plaisaient que peu à certains qui désiraient pouvoir protéger leur chef.




à suivre en rp...

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Oorichikana
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Sam 1 Mai 2021 - 16:41

Parfois quand on veut oublier, eh ben on oublie - Oorichikana Uova

Oorichikana



Histoire Résumée pour les flemmards


- Kana naît en -22 975, en pleine ère glacière (sur le déclin) au japon dans la région de Hokkaido. À l’époque une tribu humaine suit et révère le groupe de dragon orientaux de Kana qui est assez original puisque malgré leur tendance voyageuse, ils sont organisés en groupe. Les premiers temps, à son époque, les bébés dragons sont élevés les premières années de leur vie par un humain qui sont leurs protecteurs avant d’être récupérés par leurs mères.

- Kana découvre aux alentours de ses 50 ans, que les êtres humains sont fragiles quand il apprend que l’humain protecteur qui l’a élevé est mort depuis longtemps. (Il se convainc qu’ils sont faibles et que les dragons sont au-dessus de ça par déni)

- En grandissant, Kana découvre que des groupes de dragons s’affrontent, il participe à quelques échauffourés contre eux et gagne en respectabilité à mesure qu’il grandit. (Il perdit sa première fille avec une dragonne qu’il n’a jamais aimé, faite par devoir non pas par amour, dans l’une de ces batailles)

- Kana s’est occupé de ses deux demi-frères et sœurs, Lothie et Raen qu’il a éduqué et vu grandir. Mais Lothie tourmentait les surnaturels : en particulier les Tengus avec d’autres jeunes dragons.

- avec les siècles passant, Kana découvre que son aura fait fuir les autres surnaturels (dont les dragons) et cela le rend particulièrement solitaire : comble de l’ironie, seuls les humains peuvent supporter sa présence car ils ne voient pas son aura. Kana se convainc donc encore une fois, par fierté, que les autres ne valent pas la peine qu’il fasse attention à ces évitements.

- Lothie et un groupe de jeunes dragons se rebellent contre les anciens du groupe de Kana (ils sont organisés en conseil), Kana, un des plus jeunes anciens, va bannir sa propre soeur et ses alliés du groupe sous le regard approbateur du doyen de jade (le plus respecté des dragons et le père de Lothie et Raen, pas celui de Kana)

- Malgré les apparences, Kana est affecté de sa propre décision : Raen et Kana se rapprochent beaucoup et deviennent un duo de frères inséparable.

- L’environnement se réchauffant (avec la fin du paléolithique japonais), les humains se semi-sédentarise et s’éloignent progressivement des dragons (ils restent leurs suivant fanatique), à cette époque, Raen, pendant la saison de reproduction, attend avec impatience d’être père, mais son oeuf à lui et sa dragonne n’éclora jamais : ce qui le rendra inconsolable et lui donnera tendance à s’éloigner pour être seul.

- À cette époque où Kana ne fait que courir après un Raen perdu, au détour d’une forêt, Kana fait la rencontre d’Usui, une élémentaire d’eau dont il tombe follement amoureux.

- Le temps passe et Usui finit par montrer un œuf à Kana qui va devenir père. Mais c’est une nouvelle qu’il ne peut avouer aux siens ni à son frère : Les dragons voient les mélanges avec d’autres surnaturels comme une déviance donc personne ne sait pour Usui.

- Un soir, en retrouvant Usui, la forêt où les deux se retrouvent sont attaqués par un groupe humain (qui ne font pas partie des tribus glorifiant les dragons) : il retrouve son amante morte et les coquilles de l'œuf d’Usui. Fou de rage, Kana massacre les humains qui tentaient de massacrer les élémentaires puis rentre chez les dragons : il n’en parlera jamais à qui que ce soit ni à son frère, son frère qui lui a fini par faire son deuil.

- La relation dragon/humain change progressivement, désormais les humains implorent aux dragons diverses quêtes. Et un jour, alors que quelques uns implorent Kana et Raen de les sauver d’un “monstre” qui terrorisait et massacrait des humains, ils font la rencontre de Chiyo, une adolescente Oni s’étant vengée des humains ayant tué sa famille humaine adoptive après l’avoir chassé en découvrant sa véritable nature. Raen prend sa défense vis à vis des humains mais Kana prend la responsabilité de cet acte auprès des anciens dragons : il doit désormais surveiller cette petite.

- Alors que les deux, Chiyo et Kana s’ignorent mutuellement (tandis que Raen sympathise avec l’Oni), Kana manque de tuer Chiyo qu’il trouve irrespectueuse et insupportable envers elle quand il s’intéressait à ses dons de flamme. Mais la femme attitrée de Kana empêche le pire tandis que Kana s’en va.

- Raen tente de recoller les morceaux entre les deux, et en faisant en sorte que les deux restent seuls (quand Raen était censé entraîner Chiyo), Kana et Chiyo réussissent enfin à s’entendre sur quelque chose via l’entraînement.

- Avec les années, Kana et Chiyo se rapprochent et Chiyo finit par le considérer comme un père, rôle que Kana prendra à coeur (en vouant une certaine haine à Ryuhei, un dragon qui a séduit sa fille adoptive). (cet amour paternel faisant naître des légendes auprès des humains).

- L’aura de Kana empire avec les années tandis qu’un schisme très net se créé entre humains adorateurs et Dragons.

- En - 1000, après la naissance du premier enfant de Chiyo, une guerre surnaturel éclate suite au retour de Lothie (et son groupe de dragons aussi bien étrangers que natif du groupe) et l’assassinat du doyen de jade par un éveillé. La guerre est sanglante mais arrêtée par le vendeur de masque. Il est décidé que chaque race aurait un chef pour que les races puissent se rassembler en conseil : le chef et père dragon de l’époque, acceptant Lothie et les siens au sein du groupe, vont migrer à Izumo sur l’île du lac Shinji.

- La hiérarchie dragon se précise et les punitions envers les dragons dissident se raffermissent lorsque le père dragon meurt pour laisser place à une mère dragonne qui va nouer de très bonnes relations avec les humains de la province d’Izumo.

- Lorsque la mère dragon Himiko disparaît (supposément car elle vit désormais en tant qu’humaine), c’est Heinrich, un vieux dragon rouge d’origine étrangère qui devient père dragon, il met en place des traditions guerrière chez les reptiles tandis que les humains coupent contact avec les dragons (ils les tuent même).  Kana découvre cependant que Lothie assassine des Tengus dans la ville humaine : ils seraient responsables de ce revirement chez les humains.

- En apprenant pour les Tengus, Heinrich pris de colère va attaquer la ville déjà affaiblie par Lothie et exiger un tribu des humains chaque année (des sacrifices), ce qui va choquer chez les dragons.

- Lothie en tentant de tuer Heinrich se fera tuer par celui-ci sous les yeux de Kana et Raen. Kana tuera Heinrich en retour, devenant le nouveau père dragon au passage. Mais leur peuple est au bord de la crise, une guerre s’annonce bientôt car même si les sacrifices humains vont cesser grâce à la mort d’Heinrich : les humains sont en colère.

- Raen va tenter de calmer la situation, et sans l’autorisation de Kana il va partir pacifiquement en ville humaine pour discuter avec eux, mais il se fera tuer par les humains. En recevant la tête de Raen (magiquement conservé par les Tengus), Kana entrera dans une colère noire : les dragons vont vouloir se venger (bien que certains partent dont le petit fils de Kana).

- La célèbre bataille de Yamata no Orochi a lieu à la fin de l’ère Heian quand Kana et les dragons foncent vers Izumo pour attaquer la ville et tuer les humains : cela sera cependant un piège de la part des Tengus qui massacreront les dragons du groupe de Kana : seul Ryu en réchappera, car Kana sera retrouvé au bord de la mort par Susanoo et ses compagnons, un groupe de Tengus l’ayant affronté et ayant décidé de le faire prisonnier pour le livrer en cadeau aux humains après l’avoir scellé et soumis à une malédiction le muant en esclave de par leurs magies anciennes et combinées.

- à travers les époques “Orochi” sera utilisé comme jouet divertissant pour les nobles ou comme arme de guerre pour raffermir l’autorité (quand il n’est pas craint et enfermé par ses possesseurs). À une époque précédent l’ère Sengoku, une servante tente de le sauver mais elle est tuée par Kana lui-même sous ordre de son maître (car il s’est rebellé). Cela a pour conséquence que les Tengus raffermissent le sceau de Kana.

- À l’époque Sengoku, Kana est utilisé comme arme pour des massacres jusqu’à ce qu’Oda Nobunaga en fasse la découverte à Kyoto et l’utilise. Ce sera ensuite Ishida qui en fera l’acquisition. (il sera utilisé pendant la bataille de Sekigahara avant de disparaître avec le clan Satsuma par l’action des Tengus)

- Le clan Satsuma l’utilise au début de l’époque Edo avant qu’il ne décide de massacrer les Tengus pour avoir les pleins pouvoir sur Orochi : belle erreur, car l’assassinat de ces Tengus libère Kana (bien qu’il garde des stigmates de celui-ci) qui s’envole et part du japon.

- Kana va errer à travers les terres Asiatiques et de l’Europe en tant qu’humanoïde jusqu’à arriver un jour en Amérique où il finira par s’installer dans le futur Mountain Village du Colorado.

- Au début du 20ème siècle, Kana fait partie de Mountain Village, il s’est fondu en tant qu’humain dans la masse, et va souvent dans un pub qui se révèle être un endroit agréable pour lui apporter la tranquillité à travers les récits et déboires des clients. Mais lorsque les américains utilisent leur bombe nucléaire, cela provoque un choc à Kana qui ressent les tuerie de surnaturel (dont des dragons). Il décide de revenir au japon en croyant qu’il sera certainement rejeté.

- L’arbre de la baie de Tokyo est bouleversé par la venue de Kana et son aura dévastatrice mais les dragons et les kirins, dont le père actuel, l’accueillent avec révérence et respect avant que le chef de l'époque ne lui cède sa place. Là-bas, il apprend que Chiyo, son mari et leurs enfants sont en vie. Il accepte donc ses responsabilités et devient le père dragon/kirin dans l’arbre.

- À notre époque, Kana est un père dragon du peuple draconique et Kirin bien qu’il aspire à la tranquillité, tandis qu’il lui arrive de temps en temps de s’éclipser pour gérer son bar. Cela ne plaît pas beaucoup à son peuple qui souhaiterait préserver la vie au maximum de leur dirigeant qu’ils adulent.

- Suite en rp.

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Sam 1 Mai 2021 - 17:44

Tu es validé !

Amuse-toi bien sur le forum !

Et me voilà ! Coeur

Que puis-je dire sur Kana que tu ne sais pas encore...  Shiba laugh
Je l'aime énormément, c'est vraiment un personnage très attachant. Son évolution est très intéressante à suivre mais également très triste. La vie des surnaturels n'a pas été toujours facile et beaucoup on souffert. Je pense même que Kana est l'un de ceux qui ont le plus souffert.

J'ai vraiment adoré découvrir ce personnage, ton écriture est magnifique. C'est un plaisir de te lire. Je suppose que tu t'en doutes, mais je te réserve un petit rp.  Shiba heart




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